En six ans, la part en volume vendue par les pharmacies est passée de 18% à 24,4%. Dans le secteur public, le taux d'usage des génériques est de 77%. Bonne percée des génériques dans le secteur pharmaceutique national. L'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (Amip) vient de boucler une étude sur le médicament qui illustre clairement la progression du générique. Ainsi, la part de cette famille de médicaments est passé de 18 % de la consommation à fin 2000 à 24,4% à fin 2006. Au cours de l'année écoulée, c'est donc un volume de 49,9 millions d'unités (boà®tes, flacons, doses) qui s'est vendu sur le marché pharmaceutique privé. En chiffre d'affaires ce sont 1,3 milliard de DH de ventes réalisés, soit une moyenne de 26 DH par unité écoulée. Sur le marché public (hôpitaux, CHU, cliniques), la part du médicament générique est de loin plus élevée. Selon le ministère de la Santé, en 2006, déjà , près de 8 unités consommées sur 10 étaient des génériques (77% en volume). Un chiffre appelé à progresser puisque le ministère de la santé a augmenté de 300 MDH son budget annuel de médicaments, dont une grande partie est destinée à l'achat de génériques. Il faut à cet effet rappeler qu'en 2006, 9,5 millions d'unités (toutes formes galéniques) ont été acquises par le secteur public de la santé. En définitive, donc, sur une consommation de 213,5 millions d'unités, la part des génériques dans la consommation nationale s'élève à plus de 26%. En revanche, si leur taux de pénétration du marché s'accroà®t en volume de façon soutenue, les génériques auront, à long terme, un impact négatif sur le chiffre d'affaires du secteur pharmaceutique, sachant qu'ils coûtent moins cher que le princeps (molécule mère). Il est à rappeler que le prix public du générique est, en moyenne, de 30% moins élevé que le prix du princeps. Un différentiel de prix qui s'explique, selon l'étude du secteur, par «l'absence de frais de recherche ainsi que par la nécessité de faire face à la concurrence bien installée des princeps». Le prix bas des génériques qui constitue, selon l'étude de l'Amip, «une force pour la pénétration du marché du médicament, s'est avéré être un frein à leur prescription et à l'origine de préjugés négatifs». En d'autres termes, le produit le moins cher est considéré comme le moins efficace. Cette perception est battue en brèche par l'étude qui assure la bonne qualité du générique en se basant sur trois points. Premièrement, les procédures de contrôle de la qualité par le Laboratoire national du contrôle des médicaments sont de plus en plus rigoureuses. Deuxièmement, la majeure partie des exportations marocaines de médicaments est constituée de génériques. En troisième lieu, les produits génériques, comme tous les médicaments marocains, sont issus d'une industrie classée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la zone Europe. Malgré tout cela, certains observateurs jugent que la prescription des génériques reste timide en raison «des liens existant entre les laboratoires et les prescripteurs, les médecins en l'occurrence, et de la crise que connaissent les officines. Crise qui pousse les pharmaciens, le plus souvent et quand ils le peuvent, à conseiller des molécules mères». Ce qui fait dire aux experts ayant réalisé l'étude que le générique ne peut permettre, comme la logique le voudrait, un accès plus large aux médicaments, particulièrement pour les populations démunies. Par ailleurs, il ne peut remplir sa fonction d'outil de maà®trise de la dépense santé. Une mission majeure, sachant que le pays vient de mettre en place l'assurance maladie obligatoire (Amo) et s'apprête à lancer le régime d'assistance médicale pour les économiquement faibles (Ramed). Quoi qu'il en soit, les experts mettent l'accent sur les avantages des génériques notamment pour la population (plus grand accès pour les démunis, moindre risque de rupture de stocks et économie pour les patients) et pour les prescripteurs, auxquels ils offrent un plus grand choix. Pour le ministère de la santé, les génériques permettent de réaliser des économies et de maà®triser les coûts liés au remboursement des médicaments. Il est expliqué qu'une plus importante prescription des génériques permettra d'assurer la pérennité des systèmes d'assurance qui souffrent presque tous de déséquilibre financier. Par ailleurs, ces médicaments présentent un intérêt pour l'industrie pharmaceutique (amortissement des investissements et grandes opportunités d'exportation) ainsi que pour les pharmaciens d'officine car le générique permettra de réaliser plus facilement un chiffre d'affaires avec un volume important qu'avec un prix élevé.