Le ministère de la Santé El Hossein El Ouardi a présenté le mardi 26 Juin 2012 à la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca les grandes lignes de la vision du ministère en ce qui concerne le médicament. Ont pris par à cette rencontre débat, les responsables du département de la santé, le conseil national de l'ordre des médecins, les sociétés savantes, les enseignants de la faculté de médecine, les délégués du ministère de la Santé à Casablanca, les directeurs des hôpitaux, les médecins du secteur public et ceux du privé, les représentants de l'industrie pharmaceutique, les pharmaciens d'officine, les représentants des syndicats.... Les grandes lignes de l'intervention de monsieur le ministre de la santé. Abordant ce qu'il a appelé la vision du ministère de la santé au sujet des médicaments, le professeur El Hossein El Ouardi, a tenu à mettre les points sur le «i», il a notamment dit à ce sujet : «Nous allons veiller à asseoir sur des bases saines, solides, pérenne et surtout de manière consensuelle avec tous les intervenants du médicament la politique que nous mettrons en place .... » La politique du médicament ne sera pas décidée ou dictée par une personne ou un groupe restreint d'intervenants, la politique du médicament que nous allons mettre en place sera le fruit d'une large concertation avec tous les professionnels concernés par le médicament. Le citoyen au cœur des réflexions Concernant le rôle que sera appeler à jouer le ministère de la Santé, celui-ci consistera à assurer une nouvelle politique du médicament, plus adaptée au contexte actuel, plus juste, plus cohérente, plus équitable et plus efficiente, le ministère des médicaments veillera à ce que les médicaments soient disponibles et qu'ils obéissent au juste prix . Tous ces éléments sont importants et contribueront à guider l'ensemble des actions qui pourront être décidées. La nouvelle politique sera garante des équilibres et ne cherchera nullement à nuire ou à privilégier une quelconque partie ou groupe d'individus au détriment d'un autre. La nouvelle politique du médicament prendra en compte les intérêts des uns et des autres que se soit ceux des malades comme ceux de l'industrie pharmaceutique qui contribue au développement économique de notre pays. S'agissant de l'intérêt qui anime le ministère de la Santé quand à la sauvegarde des ces mêmes intérêts et donner une idée plus précise de la place qu'occupe le citoyen dans la nouvelle politique du médicament, le professeur El Hossein El Ouardi a tenu à rappeler que le citoyen doit être au cœur des réflexions tout au long du processus d'élaboration de cette nouvelle politique. L'industrie pharmaceutique : un fleuron de l'économie marocaine Depuis l'indépendance, la fabrication locale du médicament s'est développée au Maroc de manière efficace et conformément aux normes internationales en vigueur : De 8 unités de fabrication en 1965, notre pays bénéficie aujourd'hui d'une quarantaine de sites, propriétés de groupes internationaux, de sociétés mixtes avec des partenaires marocains ou d'opérateurs marocains à part entière. Près de 65 % des besoins nationaux en médicaments sont couverts par la fabrication locale, alors qu'elle n'était que de 15 % en 1965. L'Industrie Pharmaceutique assure aujourd'hui près de 8.000 emplois directs et 40. 000 emplois indirects. Le nombre de pharmacies d'officine est passé de 500 environ en 1976 à près de 12. 000 aujourd'hui. Ces pharmacies emploient près de 30.000 personnes Le nombre de grossisteries de distribution est passé de 4 en 1979 à plus de 50 de nos jours. L'industrie pharmaceutique marocaine occupe la deuxième position au niveau africain. Elle produit près de 280 millions d'unités par an Elle génère un chiffre d'affaires de plus de 10 milliards de dirhams. Le marché local a progressé de 40,6 % entre 2006 et 2009 La production locale couvre près de 70 % des besoins du pays 20 % de la production nationale est destinée à l'export Concernant le marché local, selon un rapport réalisé par l'Observatoire de l'Entreprenariat, celui-ci souligne que : 1 / La consommation moyenne de médicaments par habitant est encore faible 400DH par Habitant et par an, d'ici 2015, elle devrait s'établir autour de 470 dirhams par an et par habitant. Le ministère de la Santé consacrait 675 millions de DH à l'achat des médicaments, ce chiffre est de 1 Milliard 667 millions aujourd'hui. Le prix du médicament Tout en mettant en exergue la place prépondérante qu'occupe le médicament dans le processus de prise en charge des maladies et des patients, le professeur Hossein El Ouardi, n'a pas manqué de rappeler que parfois ces mêmes médicaments ne sont pas à la portée de tous nos concitoyens eu égard aux prix de certains produits médicamenteux. Pour beaucoup de malades dont les moyens sont limités, celles et ceux qui n'ont pas de couverture médicale, le prix des médicaments est un obstacle majeur. On comprend que les fabricants de médicaments soient préoccupés par l'apport du gain, ce ne sont pas des mécènes ou des bienfaiteurs, certes, mais n'y a-t-il pas une place pour plus de solidarité avec nos concitoyens malades dés lors que ceux-ci sont des pauvres, des démunis ? Le ministre de la santé a promis qu'il fera tout ce qui est possible pour faire infléchir certaines charges fiscales ou droits de douanes à ce qui contribuera à faire baisser les prix de certains médicaments. Dans ce même ordre d'idées, le professeur El Ouardi, a abordé le volet relatif aux médicaments génériques qui sont moins chers que les médicaments princeps jusqu'à 60ou 70 % moins chers, ce qui représente un excellent moyen pour permettre un meilleur accès aux médicaments à une large frange de la population marocaine. Médicaments génériques La définition marocaine du médicament générique est contenue dans la loi 17/ 04 du code du médicament et de la pharmacie, dans son article 3 aliéna 5. Définition : «on entend par spécialité générique d'une autre spécialité, une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité». Les médicaments génériques existent au Maroc depuis les années 70, et, même pour certains médicaments, le générique a été introduit avant le princeps, c'est-à-dire issus de la molécule mère Les effets thérapeutiques générés par les génériques sont similaires à ceux des princeps avec un avantage certain sur le coût intéressant tant pour le patient que pour les caisses de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Ce qui devrait normalement et en toute bonne logique permettre un meilleur accès de tous aux médicaments et, partant, une démocratisation de la santé. Même molécule active que le produit de référence, en dosage et en qualité, et même forme pharmaceutique. Ainsi est défini le médicament générique, ce qui devrait en toute bonne logique permettre aux prescripteurs (médecins) d'opter pour ces médicaments au moment d'établir une ordonnance. Le ministre de la santé a clairement dit qu'il privilégie le médicament générique et que ce qu'il convient de faire aujourd'hui, c'est d'établir une liste des médicaments qui ne pourront pas être remplacés par un générique et, parallèlement, convaincre scientifiquement par des arguments solides les prescripteurs récalcitrants. Pourtant, il n'existe à ce jour aucune raison scientifique pure pour se méfier des génériques. Néanmoins, leur forme, leur apparence, leur capacité à être bien digérés par l'organisme peut légèrement changer, ce qui pourrait expliquer les variations de leur efficacité (un médicament moins bien toléré est souvent plus facilement oublié...). Concernant les modalités d'enregistrement et d'octroi des autorisations de mise sur le marché (AMM) qui sont marqués par la lenteur des procédures, la réglementation doit pouvoir faciliter l'enregistrement d'un générique dés qu'il est mis sur le marché dans un pays européen. Concernant les médicaments bio-similaires qui sont des copies des médicaments de la biotechnologie, c'est-à-dire qui proviennent du vivant, le professeur Hossein El Ouardi a déclaré que ces produits présentent certes de nouvelles opportunités, tant pour l'expansion de notre industrie générique que pour le contrôle des dépenses nationales de santé. Néanmoins, ces produits complexes doivent se conformer aux mêmes normes rigoureuses de qualité, de sécurité et d'efficacité que tout autre médicament, dans l'intérêt de nos concitoyens et plus particulièrement celui des patients. Bonne gouvernance, droit de substitution, pharmacovigilance.... Dans son intervention, le ministre de la santé a abordé d'autres sujets tout aussi intéressants les uns que les autres, tout aussi pertinents, des sujets qui ont retenu l'attention de tous les intervenants dans le médicament qui n'ont pas manqué de saluer et de reconnaître par des salves d'applaudissements bien nourries. Ce fut le cas en ce qui concerne le rôle du pharmacien, le droit de substitution, la place et le rôle de l'industrie pharmaceutique, l'usage rationnel du médicament, l'efficacité des produits pharmaceutiques, la bioéquivalence, la pharmacovigilance, la transparence et la bonne gouvernance..... Concernant le droit de substitution qui a fait et qui continue à faire couler beaucoup d'encre, il faut rappeler que ce droit existe depuis des décennies au niveau des pays européens et des pays voisins. Si ce droit est accordé aux pharmaciens dans notre pays, il contribuera à une amélioration de la situation des pharmaciens dont certains connaissent de réels difficultés, a souligné le ministre de la santé. L'industrie pharmaceutique marocaine : un fleuron national Au sujet de l'industrie pharmaceutique, le ministre de la Santé Hossein El Ouardi, n'a pas tari d'éloges. Il ne fait aucun doute que l'industrie pharmaceutique marocaine a des atouts certains qui lui permettent d'être très performante et compétitive tant au niveau local, régional, continental qu'international. Cette industrie joue un rôle socio-économique important par la mise à disposition des investisseurs internationaux et nationaux d'une plate forme technologique de haut niveau que ce soit pour l'élargissement de l'accès au médicament pour nos populations ou pour le développement de l'exportation sur d'autres régions du monde. Par ailleurs, l'industrie pharmaceutique marocaine contribue au développement de la recherche de notre pays. Elle constitue le maillon complémentaire et indispensable de la chaîne de la recherche qui implique différents acteurs dont le monde universitaire, médical et scientifique. Elle offre des possibilités de formation, de spécialisation et d'emplois pour les nombreux diplômés de différentes disciplines des universités nationales et internationales qui arrivent sur le marché. Pour toutes ces raisons et tant d'autres, le ministre de la santé a salué le rôle que joue aujourd'hui l'industrie pharmaceutique nationale dont on ne peut que se réjouir. Laboratoire national de contrôle des médicaments : une fierté Abordant le volet relatif à la qualité des médicaments fabriqués au Maroc, au contrôle des ces médicaments, le professeur Hossein El Ouardi a rendu un hommage au rôle que joue le laboratoire national de contrôle des médicaments. La certification par l'OMS du Laboratoire National de Contrôle des Médicaments et sa qualification par l'Association européenne de la qualité du médicament nous permet d'attester sans aucune hésitation que le Médicament au Maroc répond totalement à la qualité internationale qu'il s'agisse du médicament princeps ou du générique. Ministère de la santé : un engagement sans réserve Animé d'une réelle volonté, d'un véritable désir de faire progresser le système national de santé et, partant, de donner un élan au développement et à l'essor de la situation sanitaire de notre pays, le ministre de la santé donne des signaux forts de son engagement sans réserve aux côtés de tous les intervenants de notre système de santé. C'est dans ce même ordre d'idées que s'inscrit ce dialogue et cette concertation avec tous les intervenants et acteurs du médicament au Maroc. Cette concertation, comme nous l'avons vu, se veut la plus large possible afin que la nouvelle politique du médicament soit consensuelle et non pas iniquement une affaire du ministère de la santé. Cette époque est révolue , la politique du médicament fera l'unanimité de l'industrie pharmaceutique , des médecins prescripteurs, des pharmaciens, de l'ANAM , le citoyen est lui aussi concerné car c'est lui le consommateur de ces médicaments et, en tant que tel, il a son mot à dire concernant les médicaments, ce que nous faisons en ouvrant les sessions publiques du 26 Juin au 5 Juillet dans la perspective de l'organisation du colloque national de la santé qui nous permettra d'avoir une charte nationale de la santé. Pour réussir ce challenge , toutes les parties concernées doivent s'engager dans le cadre de la concertation déjà ouverte avec les différents acteurs concernés pour relever ce grand défi qui permettra d'aller vers l'aboutissement de la stratégie la plus adéquate pour assurer l'accessibilité, la meilleure aux soins en général et aux médicaments en particulier tout en préservant la souveraineté stratégique du pays dans le domaine de la santé. Au terme de son intervention qui a été suivi de bout en bout par une assistance nombreuse, le professeur Hossein El Ouardi à suscité l'admiration, l'estime de tous pour la qualité et l'excellence de son intervention, mais aussi pour sa grande modestie. Un débat utile, fructueux et très important à suivre Nous reviendrons inchallah sur ce sujet. D'ici là portez-vous bien