Notaires et agents immobiliers relèvent une progression par rapport à juin et juillet n Le niveau d'activité reste inférieur à celui d'août 2007 Les MRE ont contribué à l'animation du marché. Comment s'est comporté le marché de l'immobilier en août ? La morosité dont ont fait état les professionnels en juillet dernier est-elle toujours de mise ? La réponse diffère selon les régions et selon les professionnels. Une chose est néanmoins sûre : le mois d'août a été légèrement meilleur, en terme de demande, que juin et juillet. Même en l'absence de statistiques sur les encours des crédits bancaires (non encore disponibles), cette tendance reste vérifiable auprès des professionnels de l'immobilier. Dounia Boukhari, directrice de Laforêt Immobilier, souligne que son agence traite en moyenne 3 200 contacts commerciaux par année. «Ce qui nous fait 260 contacts par mois. En août, nous avons constaté une augmentation de 20%, soit 320 contacts. Parmi ces derniers, on retrouve beaucoup de MRE». Me Samira Chekroun, notaire à Casablanca, le confirme : «Au niveau de mon étude, j'ai noté une légère évolution par rapport aux mois précédents». N'était-ce finalement qu'un petit creux passager ? Pas vraiment ! «Il est vrai que l'on a remarqué une petite hausse des affaires durant le mois d'août, mais cette évolution a été constatée par rapport au mois précédent. Comparativement à l'année dernière, on enregistre plutôt un recul», explique le notaire. Des MRE découragés par les prix Me Mohamed El Maliky, qui exerce également dans la métropole, partage l'opinion de sa consœur. Il souligne que la petite stagnation de ces derniers mois, par rapport à la même période de l'année dernière, «s'explique par la raréfaction des terrains qui fait augmenter les prix au mètre carré du logement, ce qui décourage les éventuels acquéreurs ». Résultat, poursuit le notaire, «les clients ne pensent plus exclusivement au neuf et se tournent vers les logements de seconde main». Il est vrai que les prix sont restés élevés. A Casablanca, celui du mètre carré a pratiquement triplé en moins de trois ans. «Il y a 18 mois, j'ai assisté plusieurs clients ayant acheté des appartements dans le quartier Bourgogne à 7 000 DH le m2. Aujourd'hui, les promoteurs réclament jusqu'à 17 000 DH dans ce même quartier. C'est tout simplement effarant», s'indigne Me Mohamed Alami, notaire. Par rapport à l'année dernière, son activité dans le domaine de l'immobilier «a chuté de 60%» , déplore-t-il. A Marrakech, les agents immobiliers affichent la même inquiétude. «Les affaires marchent moins bien cette année. Les ventes ont baissé de 20 %, mais nous essayons de combler par le locatif qui se développe davantage», affirme Adil Chriki, responsable commercial à Marrakech Connexion. Selon lui, le mois d'août a été à peine plus mouvementé que juin et juillet notamment grâce aux MRE. Mais attention, ces derniers n'ont pas forcément acheté, «car ils ont davantage exprimé des besoins». M.Chriki explique que les MRE espéraient pour cet été une réduction allant jusqu'à 30 % du prix du m2, mais il n'en fut rien. «Et la majorité de mes clients MRE sont repartis chez eux sans acheter», regrette-t-il. Même son de cloche chez Samir Benmakhlouf, DG de Century 21. «Les MRE ont peut-être légèrement amélioré la demande en août, mais le marché reste très calme par rapport à l'année dernière», constate-t-il. Sur les 17 agences dont dispose l'enseigne à travers le Royaume, ajoute le DG de Century 21, «rares sont celles qui ont traité plusieurs opérations d'achat ou de vente. Il faut dire que même les MRE ont été très étonnés par la hausse des prix au m2. Par conséquent, ils se sont tournés vers le logement économique», explique M. Benmakhlouf. La crise ? Quelle crise ? En revanche, du côté des promoteurs immobiliers, on ne veut plus entendre parler de crise immobilière, histoire de ne pas effrayer les futurs acheteurs. Ainsi, la profession insiste sur le bon comportement du marché qui «a continué sur sa lancée durant ce mois», souligne un responsable chez le groupe immobilier Jamaï. Selon lui, la demande est très présente, mais elle n'est pas totalement satisfaite. «Si le logement économique se porte bien, le haut de gamme souffre du manque de l'assiette foncière et de la baisse dans la qualité de construction», détaille la même source. Hassan Ben Bachir, conseiller du PDG d'Addoha, affirme pour sa part «ne relever aucun problème pour la commercialisation des logements construits par le groupe». Il ne fait d'ailleurs aucune distinction entre les différents standings. «Le logement économique et le moyen standing se comportent très bien et les ventes sont conformes aux objectifs du groupe», assure-t-il. M. Ben Bachir va même plus loin et souligne que le haut de gamme se porte également très bien. En témoigne, si besoin est, la réussite du projet Riad Al Andalouss de Rabat. Mieux, «Addoha lance plusieurs chantiers dans le haut standing à Fès, Casablanca, Tanger et Marrakech. Ces projets devraient commencer dès septembre», rassure M. Ben Bachir. Reste qu'après le fragile dynamisme insufflé par les MRE durant le mois d'août, le marché de l'immobilier s'apprête à affronter un mois spécial puisqu'il allie la rentrée scolaire au… Ramadan. Il est sûr que les acquéreurs en quête d'appartements se feront plus rares.