Le secteur continue de faire face à plusieurs défis à caractère exogène et hors de contrôle des opérateurs du secteur. Ces derniers, rassemblés sous la houlette de la Fédération nationale du bâtiment et travaux publics (FNBPT) appellent à des mesures urgentes pour sauver le tissu productif du BTP qui représente un secteur névralgique de la croissance économique marocaine et qui irrigue plusieurs secteurs productifs. Le secteur du bâtiment et travaux publics navigue à vue. A l'image de plusieurs activités économiques, ce secteur névralgique au vu de sa contribution à l'emploi et la croissance n'échappe pas au contexte économique, national et international généralement défavorable. En 2022, il a continué à faire face à plusieurs défis à caractère exogène et hors de contrôle par les opérateurs du secteur. D'après la profession rassemblée sous la houlette de la Fédération nationale du bâtiment et travaux publics (FNBTP), les opérateurs continuent de subir une crise préoccupante en raison des retombées exceptionnelles liées à la crise pandémique et plus récemment à la guerre en Ukraine. En conséquence, comme l'expliquent les responsables de la FNBTP, l'entreprise nationale du BTP, toutes tailles et branches confondues, subit aujourd'hui les répercussions insoutenables et irréversibles de la flambée inédite et de l'instabilité des prix des matières premières, de certains matériaux et équipements essentiels utilisés dans les projets du BTP. Pressions inflationnistes Toutefois, le sous-secteur de la construction & travaux publics entrevoit quelques signes de redressement timide. Les investissements publics (+6,5% du budget comparé à 2021) dans la santé, les réseaux routiers, le portuaire, les grandes installations hydrauliques et d'autres infrastructures publiques, ont pu maintenir la dynamique chez les opérateurs du secteur BTP qui ont gardé un air d'optimisme pour aller vers la reprise, notamment dans le segment des infrastructures. Toutefois, le segment résidentiel a vu sa croissance observée en 2021 stagner en raison des perspectives économiques moroses et incertaines et de l'inadéquation entre l'offre et la demande immobilières. Cela dit, au même titre que le secteur immobilier, le BTP se trouve confronté de plein fouet à la hausse généralisée des intrants depuis le début de l'année. En effet, les principaux matériaux de construction, notamment l'acier, le ciment, l'aluminium et la céramique, subissent des pressions inflationnistes, ce qui est largement attribué à la pénurie croissante de matières premières et aux prix mondiaux des matériaux, en plus des défis logistiques et de l'augmentation des prix du carburant. Ainsi, depuis janvier 2020, les prix de l'acier ont augmenté de 72% à 489,2 dollars la tonne métrique, l'aluminium a augmenté de 55,5% à 2864,8 dollars la tonne métrique, suivi d'une hausse de 92,4% des prix du carburant (principalement du diesel) pour atteindre environ 1 906,3 dollars la tonne. La circulaire 09/2022 n'a pas eu l'effet escompté Pour faire face à la situation sans précédent, une circulaire a été adoptée le 18 avril 2022 (n° 09/2022). Elle prévoit une série de mesures exceptionnelles en faveur des entreprises titulaires de marchés publics en vue d'atténuer l'impact de la hausse des prix. Selon la FNBTP, la mise en œuvre de cette circulaire, qui a pris fin le 18 octobre 2022, s'est heurtée à d'innombrables difficultés dans sa mise en application. Les responsables de la Fédération déplorent, en substance, le comportement passif de plusieurs maîtres d'ouvrages qui ont ignoré les directives préconisées ; une application non uniforme de ses dispositions par les différentes administrations et leurs démembrements au niveau territorial et la période extrêmement limitée de la mise en application de la circulaire. Aussi, ils critiquent le non-rétablissement de l'équilibre financier des marchés et «une lecture extrêmement restrictive faite par l'administration des dispositions de la circulaire».