Performance favorable des exportations de la campagne agricole 2021-2022 et hausse des exportations de la pêche à fin février. Comportement globalement favorable de l'activité extractive et évolution favorable de l'activité de l'énergie électrique début 2022 et de l'industrie manufacturière. Dans sa dernière note de conjoncture, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) a relevé une orientation globalement positive de l'économie nationale dans un contexte international incertain. «L'analyse des indicateurs conjoncturels disponibles fait état d'une orientation globalement favorable de l'activité économique nationale en ce début de l'année 2022, malgré une campagne agricole qui semble sévèrement affaiblie par le déficit pluviométrique», indique la DEPF. L'économie mondiale, d'après la même source, entame cette année marquée par de fortes incertitudes, au regard de l'envolée des prix des matières premières et énergétiques, amplifiée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine avec des incidences économiques porteuses de risques baissiers importants. En effet, les prix des produits de base ont connu une forte tendance haussière, liée au rebond de la demande mondiale et à des contraintes diverses sur l'offre. La flambée récente est accentuée par la montée des tensions géopolitiques, suite à l'escalade du conflit entre la Russie et l'Ukraine, deux grands exportateurs de matières premières. L'envolée des prix est généralisée aux produits énergétiques, denrées alimentaires, fertilisants et métaux de base. Malgré cela, les activités secondaires confirment leur redressement, particulièrement au niveau du secteur de l'énergie électrique, du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) et du secteur extractif. Ce dernier a poursuivi son dynamisme, bénéficiant de l'évolution positive de la demande extérieure adressée au Maroc au niveau des activités de l'OCP. Notons à ce propos que selon la note de la DEPF, les prix du phosphate brut se sont établis à 172,5 dollars la tonne en février, quasi inchangés par rapport au mois précédent, marquant une hausse de 96% depuis un an. Les cours du DAP ont rebondi de 7% sur un mois pour atteindre 747 dollars la tonne, portant leurs gains à 41% depuis un an. Les prix du phosphate brut et du DAP ont enregistré des gains respectifs de 62% et 92% en 2021 par rapport à 2020, parmi les meilleures performances du marché des matières premières. Les cours des produits phosphatés sont soutenus par des perspectives d'offre et de demande serrées à court terme et par des niveaux élevés des prix des produits énergétiques et des produits agricoles (maïs, soja, sucre…), impactant positivement les marchés des engrais. Les prix sontsusceptibles de rester élevés, en raison des restrictions à l'exportation instaurées par la Chine en octobre dernier et des risques de perturbation des exportations russes, suite à la guerre en Ukraine. La disponibilité des engrais sur le marché mondial pourrait être impactée par les sanctions économiques occidentales sur la Russie qui est un exportateur majeur. La Russie, rappellent les auteurs de la note, représente environ 13% du commerce mondial des principaux nutriments intermédiaires (ammoniac, phosphate roche, soufre) et près de 16% du commerce mondial des principaux engrais finis. Avec le Maroc et la Chine, la Russie est un fournisseur mondial clé de phosphates (roche et dérivés). En conséquence, pour ce qui est de la production nationale de phosphate, elle s'est inscrite en hausse de 1,8% au terme de l'année 2021, après +6,1% un an plutôt. Au premier mois de l'année 2022, les exportations de phosphate et dérivés se sont appréciées, en valeur, de 123,7%. Cette évolution fait suite à une hausse de 57,1% à fin 2021 et de 13,3% un an plus tôt, en raison de l'accroissement des ventes à l'étranger des dérivés de phosphates de 135,9% et de phosphate roche de 34,4%. Cette dynamique découle de la poursuite du renchérissement des prix à l'export de ces produits, notamment les prix des engrais (+148,6%), ceux de l'acide phosphorique (+104,9%) et ceux du phosphate roche (+106%). Cela dit, sur le plan de la demande intérieure, poursuit la même source, la consommation des ménages devrait maintenir une tendance positive, bénéficiant du comportement globalement favorable des principaux baromètres des revenus. Il s'agit d'une croissance des crédits à la consommation de 2,5% à fin janvier 2022, d'un niveau probant des transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) et du maintien de l'effort de compensation par le gouvernement (5,3 milliards de dirhams à fin février 2022) afin d'atténuer l'incidence de la hausse des prix à l'international sur le pouvoir d'achat des ménages. De son côté, l'effort d'investissement devrait se consolider en relation avec la bonne tenue des importations des biens d'équipement et des demi-produits qui se sont accrues respectivement de 13,5% et 53,1%, à fin janvier 2022. S'agissant des échanges extérieurs, les exportations se sont accrues de 23% à fin janvier 2022, suite à la hausse des ventes à l'étranger de la quasi-totalité des secteurs d'exportation, notamment les secteurs des phosphates et dérivés, de l'agriculture et agroalimentaire et du textile et cuir ainsi que les secteurs de l'aéronautique et de l'électronique. Parallèlement, les importations ont progressé de 39,5% à fin janvier, creusant le déficit commercial de 75,2%. En outre, les Avoirs officiels de réserve (AOR) se maintiennent à leur niveau de fin décembre 2021, assurant la couverture de 6 mois et 22 jours d'importations de biens et services. Sur le plan des finances publiques, la hausse des recettes ordinaires de 9,1% à fin février 2022 s'est traduite par une atténuation du déficit budgétaire et ce, malgré la hausse des dépenses globales de 2,5%. Par ailleurs, les indicateurs relatifs au financement de l'économie ont fait état d'une amélioration de la croissance des crédits bancaires de 3,4% à fin janvier 2022. En revanche, les indices boursiers MASI et MSI 20 affichent respectivement des baisses de 5,9% et de 6,7% en février dernier, contrebalançant leur performance positive par rapport à fin décembre 2021. Post covid-19 era helping hand for business and economy concept. Government economic stimulus after covid-19. Tendances sectorielles Secteur primaire : mise en œuvre du programme exceptionnel pour atténuer l'impact du déficit pluviométrique sur le secteur agricole et fournir l'aide aux agriculteurs et aux éleveurs concernés. Secteur secondaire : évolution positive début 2022, notamment au niveau des secteurs du BTP (ventes de ciment : +5,8% à fin février) et de l'énergie électrique (production : +3,4% à fin janvier), ainsi qu'au niveau des industries manufacturières et du secteur extractif, en ligne avec la poursuite de la performance positive de leurs exportations. Secteur tertiaire : évolution positive des indicateurs du secteur des télécommunications, avec des prémices d'évolution favorable de ceux des secteurs du transport, particulièrement aérien, et du tourisme pour l'année 2022, suite à la réouverture des frontières nationales à partir du 7 février 2022. Ménages & Entreprises Consommation des ménages : évolution favorable de certains baromètres, notamment les crédits à la consommation (+2,5% à fin janvier) et les créations d'emplois rémunérés (+197 000 en 2021), et adoption par le gouvernement de mesures de soutien visant à limiter l'impact de la hausse significative de l'inflation à l'international sur le pouvoir d'achat des ménages. Investissement : croissance des importations des biens d'équipement et des demi-produits respectivement de 13,5% et 53,1% à fin janvier 2022 et baisse des crédits à l'équipement de 3,6% et de l'investissement du budget général de l'Etat de 2,4% par rapport à février 2021 Financement de l'économie Décélération de la croissance des crédits bancaires à +3,4% à fin janvier 2022 après +4,2% un an auparavant, due notamment aux crédits au secteur non financier (+3,3% après +5%), incorporant un ralentissement des crédits aux sociétés non financières (+2,2% après +6,2%) et une accélération de ceux aux ménages (+4,5% après +3,2%). Correction à la baisse des indicateurs de la Bourse de Casablanca au cours du mois de février 2022, contrebalançant leur performance positive par rapport à fin décembre 2021, notamment les indices MASI et MSI 20 (-2,2% et -2,8% respectivement) et la capitalisation boursière (-1,3% à 681,9 milliards de dirhams).