On pense au maillot et à l'écran solaire, mais on oublie très souvent un volet essentiel, celui de la prévention sexuelle. Une récente enquête européenne intitulée Summer Loving Survey ayant porté sur 5 700 femmes âgées de 16 à 40 ans dans dix pays a donné des indications précieuses sur l'activité sexuelle en été. 47% des femmes interrogées déclarent être sexuellement plus actives en vacances et 19% ont connu une aventure d'un soir. 84% n'y étaient pas préparées. C'est ainsi qu'une sur six a eu des relations sexuelles alors que la contraception n'était pas fiable, notamment en raison d'oublis de pilule. 15% ayant eu une aventure d'un soir n'ont utilisé aucun moyen contraceptif et 27% ne se sont pas protégées des infections sexuellement transmissibles (IST). Principale recommandation après cette enquête : en voyage, ne pas oublier préservatif et contraception. Car il y a deux risques majeurs : une grossesse non désirée ou une infection sexuellement transmissible, terrain favorable au développement du sida, précise le Pr Rachid Bezad, gynécologue et directeur du Centre national de santé reproductrice (CNSR) à Rabat. L'étude rappelle que les vacances d'été sont propices aux nouvelles rencontres et que cette période de détente tend à augmenter la libido. Les médecins appellent donc à plus de prudence, avec ce slogan : «Sexualité estivale, la sécurité d'abord». Avant tout, penser à la contraception et au préservatif, conseille le Dr Rachid Choukri, médecin généraliste dans le secteur libéral. On doit réfléchir à la contraception idéale et faire le point sur ses connaissances en matière d'infections sexuellement transmissibles. Eh oui ! Une sexualité sans risque, cela se prépare avant les vacances, au même titre que les réservations d'hôtel, l'achat du maillot ou la révision de la voiture. La France, malgré une utilisation croissante des méthodes de contraception et leur grande diversité, enregistre annuellement 200 000 interruptions volontaires de grossesse. Au Maroc, bien que seule l'interruption de grossesse pour raison médicale soit autorisée, les cabinets privés en pratiquent quasiment tous les jours. Pourquoi a-t-on plus de grossesses non désirées ? La raison invoquée est la méconnaissance de la sexualité et des moyens de contraception. En première ligne viennent les oublis de pilule. Or, la pilule est la méthode la plus utilisée (57%), loin devant le stérilet (22%) et le préservatif masculin (21%). Inversement, les nouvelles techniques qui minimisent les oublis et les erreurs sont très peu employées. Ceci s'est d'autant plus aggravé que l'avènement des traitements par trithérapie du sida et ses effets bénéfiques sur la durée de vie des patients a eu un effet pervers avec la diminution des pratiques de prévention et la banalisation de la maladie auprès du grand public. Du fait du relâchement de la prévention, les contaminations par IST, qui peuvent revêtir des formes plus ou moins graves, sont en forte hausse (voir ci-dessous), indique le Pr Abdelhak Sekkat, président de la Ligue marocaine de lutte contre les IST-sida, qui rappelle que le Maroc enregistre annuellement 600 000 nouveaux cas d'infections sexuellement transmissibles.