De grands atouts, des synergies innovantes à déployer et des leviers à activer. Tanger Med, écosystèmes industriels..., consolider les fortes installations logistiques par des infrastructures immatérielles. Quelles sont les grandes vitrines digitales du Maroc ? Si Casablanca et Rabat viennent en premier lieu, de nouveaux territoires émergent. A ce titre, Tanger dispose de tous les atouts pour devenir un havre numérique. «Forte de ses infrastructures et de sa connectivité régionale et internationale, la métropole tangéroise pourrait se placer à l'avant-garde de cette transformation numérique qui s'accélère dans le monde post-Coronavirus et pour tirer pleinement profit des dividendes associés à cette révolution», plante d'emblée le décor l'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS) dans son dernier policy paper rendu public cette semaine sous le titre évocateur : «Tanger, futur port franc numérique» de la Méditerranée ? La publication de ce rapport intervient au moment où la zone d'activités Tanger Med vient de communiquer son bilan au titre de l'exercice 2020, un exercice marqué par une forte résilience face à la crise sanitaire. Preuve en est, une centaine de nouveaux projets industriels ont été déployés au cours de l'année précédente, soit des investissements privés de l'ordre de 2,6 milliards de dirhams. Quant aux six zones d'activités industrielles, elles ont enregistré un taux de croissance entre 5 et 10% en termes de production. Dans une vingtaine de pages, le think tank marocain dresse l'état des lieux des infrastructures de la ville tout en proposant une vision de développement intéressante. Déployer une couche d'infrastructures immatérielles destinées à faire de Tanger un «port franc numérique» au croisement des flux d'échanges physiques et numériques mondiaux, telle est la recommandation phare de l'IMIS. Il est surtout question d'une stratégie disruptive reposant sur des synergies innovantes qui pourraient être réalisées entre trois pôles d'excellence : un pôle logistique et industriel existant à consolider, un pôle numérique à développer et un pôle financier de nouvelle génération à construire autour d'une bourse panafricaine d'échange de matières premières «Tanger-Nador Commodity Exchange». Bâtir un écosystème d'innovation Les auteurs de ce rapport indiquent que la technologie de la chaîne de blocs sert de lien entre ces trois pôles à travers un développement des «smart contracts» pour optimiser la chaîne logistique et l'adossement de la bourse d'échanges sur des crypto-actifs adossés aux matières premières échangées. Et de souligner que la mise en œuvre de cette stratégie nécessite d'investir dans la constitution d'un écosystème d'innovation autour de la chaîne de blocs, en s'appuyant sur la technopole émergente de Tanger Tech et sur le réseau d'institutions de recherche existantes dans la région et au-delà, tout en imaginant de nouveaux instruments de soutien à la R&D et en mettant en place un régime juridique et fiscal permettant d'attirer les meilleures compétences nationales et mondiales. Pour l'IMIS, la concrétisation de cette vision ambitieuse ferait de Tanger un pôle d'innovation permettant de consolider son statut de hub logistique et industriel tout en renforçant sa connectivité et son rayonnement. Technologiques, humains, réglementaires..., les défis sont complexes et nombreux. Ils impliquent une forte mobilisation de toutes les parties prenantes.