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Gad à Casa, «l'autre c'est lui»
Publié dans La Vie éco le 16 - 09 - 2005

Du 19 au 24 septembre, Gad El Maleh occupera la scène du Mégarama, à Casablanca, avec
son dernier one-man-show, «l'Autre c'est moi», dont on
dit grand bien. Retour sur le parcours
d'un artiste qui a su, pour le plus grand bonheur de ses fans, mettre en
scène sa propre vie
avec un sens inégalé de l'autodérision en même
temps qu'une grande tendresse.
Ce qui ravit chez Gad El Maleh, c'est la constante sérénité qu'il affiche. Toujours la carapace fendue, la présence détendue sur scène, le bon mot pour égayer une brève causette. Souriant, un brin déconneur, volontiers chahuteur, il semble à l'aise dans son habit d'humoriste «impayable» et confortablement payé (1,85 million d'euros en 2004). S'il paraît en accord avec lui-même, le personnage déconcerte les autres par sa «multiplicité».«Aujourd'hui, quand je vais en tournée, les gens sont assez déstabilisés, mais vraiment ! Il y a des beurs qui croient que je suis un beur, il y a des feujs qui croient que je suis né en France et que mes parents sont marocains. Il y en a d'autres qui pensent que je suis feuj mais que je me la joue beur parce que ça fait plus branché ; d'autres pensent au contraire que je suis un rebeu mais en même temps, parce que les feujs marchent bien dans le show-biz, j'essaie de me faire passer pour un feuj, zaâma. Oualou, insaisissable !» De ces innocentes méprises, Gad El Maleh en rit sauf quand elles exhalent des relents d'antisémitisme. Alors là, il se met dans une colère noire.
Du désordre linguistique vécu durant son enfance Gad tire la substance de son comique
Lorsque Dieudonné M'Bala M'Bala se met à déblatérer contre les juifs, coupables, selon lui, de mainmise sur les consciences et le capital, Gad El Maleh, furibond, appelle à la mobilisation des artistes contre les dérapages du sinistre comique. Quant au «mauvais» coup fomenté par Thierry Ardisson, il lui reste en travers de la gorge. A l'occasion de la sortie de Chouchou, en 2003, il est invité sur le plateau de «Tout le monde en parle». Quel n'est sa stupéfaction de s'y retrouver en face de Tawfik Mathlouthi, patron de Mecca-Cola et de Radio Méditerranée, venu pour déverser son fiel contre la communauté juive ! «Je savais à peine qui était cet individu. On m'aurait prévenu, je me serais préparé, même si j'étais là pour parler de mon film. Le simple fait de m'appeler Gad El Maleh ne me rend pas tributaire de la situation au Proche-Orient, et encore moins investi d'une compétence pour la commenter. A un moment donné, je dis durant l'émission que je me sens piégé, car c'est exactement ce qui s'est passé . Mais, comme par hasard, ce passage a été supprimé au montage», dénonce l'humoriste.
Ce natif de Casablanca, dans la médina de laquelle il a vécu jusqu'à l'âge de dix-sept ans, s'en prend furieusement à ceux qui prétendent que juifs et arabes ne sauraient vivre en harmonie. C'est pour les confondre qu'il envisage, avec Jamal Debbouze, de tisser un spectacle au titre révélateur : Gad et Jamal vous foutent la paix, ou l'histoire d'un Juif et un Arabe vivant ensemble sans le moindre nuage. L'autre c'est moi serait aussi approprié, si cet intitulé n'était pas déjà utilisé pour le one-man-show offert à Casablanca. On savait que Gad El Maleh est ce qu'il est convenu d'appeler une bête de scène, ne lésinant ni sur ses tripes ni sur sa sueur. Mais ici, il se surpasse. Pendant deux heures, il écume la scène avec un incessant bavardage, des gestes tonitruants, des mouvements étourdissants, ponctuant chaque sketch d'un air grave, comme pour inciter le spectateur à méditer profondément les propos censés le dérider. Pourquoi conserve-t-on, après avoir acheté ses meubles chez Ikea, les chevilles et les boulons supplémentaires placés par précaution par le fabricant dans le kit de montage ? Pourquoi sommes-nous incapables, dans le restaurant d'une station de ski, de manger notre sandwich proprement, quand les grands blonds musclés y parviennent ? Questions insignifiantes apparemment, existentielles véritablement.
De problèmes existentiels, il en est question d'entrée de jeu, lorsque le comédien marre le déroulement du premier cours d'anglais à l'école. Une phrase interrogative y revient tel un leitmotiv : «Where is Brian ?». «Je ne sais pas où est Brian, avoue Gad El Maleh, je le cherche. Souvent, il est dans la cuisine mais pas toujours, et quand il n'est pas dans la cuisine, où est-il ?». Il n'est pas fortuit que l'humoriste entonne son spectacle par une séance d'apprentissage d'un idiome : le comportement langagier l'a toujours obsédé. Et pour cause ! dès son enfance, il se voit confronté à diverses langues. «A la maison, à Casablanca, on parlait français, mais dans la rue je parlais arabe. Ma grand-mère parlait le judéo-arabe, et on connaissait par cœur les chansons de Shlomo Bar en hébreu. J'aimerais un jour apprendre l'arabe à mon fils de 4 ans qui se marre en m'entendant le parler, de la même manière que j'aimerais m'inscrire à des cours d'hébreu», raconte-t-il. De ce désordre linguistique, vécu joyeusement, il tirera, plus tard, la substance de son comique. En gourmand des mots, il s'amuse à les essorer, leur tordre le cou, leur faire rendre gorge. «Un jour, j'ai bu tellement d'eau, j'ai fait un coma hydraulique», explique un de ses personnages dans L'Autre c'est moi.
«A l'école, à Casa, je m'imaginais sur scène avec des projos partout»
L'Autre c'est moi (2004), ainsi que Décalages (1996) et La Vie normale (2000) sont des mises en scène de la propre vie de l'humoriste. Il s'y raconte avec un sens de l'auto-dérision saisissant et non dénué de tendresse. Particulièrement envers son père, à qui il demeure redevable à jamais de sa vocation de comédien. Quand il quitte son magasin de jouets, El Maleh père donne des spectacles de mime. Gad l'accompagne à chacune des représentations. A l'âge de cinq ans, il est tout fier d'être chargé de présenter chacun des numéros de son père avec une pancarte. Il en ressort déterminé à monter sur les tréteaux.
D'ailleurs, il n'éprouve qu'ennui à l'école. Pour se distraire, il passe le plus clair de son temps à se rêver en comédien. «Sur les bancs de l'école, à Casa, je gravais sur ma table "La vie est sur scène". Je m'imaginais sur scène avec des projos partout.» Le goût de Gad pour la scène s'attise quand, à quinze ans, il assiste, avec son père, à une répétition de la troupe de danse israélienne, Adama, en tournée à Casablanca.
Plus d'hésitation, il doit franchir le Rubicon. Et c'est l'océan qu'il franchit, à dix-sept ans. Le voilà à Montréal. Pourquoi précisément le froid canadien ? «Parce que je rêvais de l'Amérique et que je ne parlais pas anglais. Je me suis dit que c'était une sorte d'Amérique à la française». Là-bas, en dilettante, il poursuit des études en sciences politiques, mais en étudiant studieux, il s'initie aux secrets du théâtre.
Quatre ans après, le comédien aux semelles de vent débarque à Paris. Là où se fait l'œuvre. Il possède des dispositions certaines, ce qui lui vaut d'être retenu pour suivre le prestigieux cours Florent. Il y brille. Deux ans et demi plus tard, il en ressort auréolé. «L'un des plus beaux jours de ma vie. J'ai appelé mes parents d'une cabine, j'avais enfin réussi quelque chose». Dès sa sortie, Gad se met à écrire son premier one man show, Décalages, son autobiographie. C'est feu Hassan II qui en obtient la primeur. Quand le Roi lui a demandé de se produire au palais, Gad manque de tomber à la renverse. «L'image du Roi est incroyable. J'ai le souvenir, gamin, d'être resté des heures sur le balcon de ma grand-mère juste pour pouvoir voir passer sa voiture». Un bonheur qu'il entend partager avec son père. «J'ai emmené mon père avec moi. A l'entendre, il a eu l'honneur de sa vie de rencontrer le Roi avant qu'il ne disparaisse». Aujourd'hui, ce père qui n'a pas réussi à accomplir la carrière qu'il désirait, s'en console en gérant la société de production de son fils. Lequel, en trois spectacles, s'est glissé dans la pléiade des artistes hexagonaux qui offrent un présent enchantant et des futurs enchanteurs. Chapeau bas, Gad
Quand son père donnait des spectacles de mime, Gad l'accompagnait et était tout fier d'annoncer les numéros à l'aide d'une pancarte. Il a gardé quelques «séquelles» de son enfance !


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