Après la forte croissance de 2006 et 2007, l'engouement des investisseurs ne s'est pas démenti. Maroc Telecom et Addoha sont les principales valeurs qui ont contribué à cette performance. 10 valeurs seulement sur 73 ont fait mieux que le Masi. Les professionnels prévoient une progression supérieure à 30% pour toute l'année. La croissance entamée par la Bourse de Casablanca depuis plus de cinq ans n'est vraisemblablement pas près de s'estomper. Après deux années de forte progression (+71% en 2006 et +34% en 2007), le marché a maintenu sa tendance haussière durant le premier trimestre de 2008. Le Masi, indice de toutes les valeurs de la cote, a enregistré une évolution de 15,7% entre le 1er janvier et le 31 mars. Même tendance pour le Madex, indice des valeurs les plus liquides, qui a également progressé de 16% sur la même période. La capitalisation boursière s'est ainsi élargie de 81 milliards de DH (+13,5%) pour atteindre les 680 milliards. A voir ces niveaux de croissance, il faut croire que les nouvelles dispositions fiscales concernant les plus-values de cession d'actions n'ont pas eu d'impact significatif sur le marché. Les investisseurs affichent toujours le même engouement pour les valeurs de la cote. En témoigne le volume des échanges réalisé sur le marché central durant ce premier trimestre. Le montant des transactions a en effet atteint 50,2 milliards de DH, en hausse de 18,7% par rapport aux échanges enregistrés durant la même période de l'année dernière. Le volume moyen quotidien a également progressé de 24,7% d'une année à l'autre, passant de 671 MDH à 837 MDH. Plusieurs facteurs expliquent, selon les professionnels du marché, la poursuite de la croissance au niveau de la Bourse. Une quinzaine d'introductions en Bourse est attendue cette année Il y a d'abord l'absence d'autres opportunités de placement. Le marché obligataire, qui représente la principale alternative à celui des actions, continue d'être caractérisé par sa faible liquidité, à la fois sur le compartiment primaire (absence du Trésor) et secondaire (exigence des opérateurs en terme de prime de risque). Sans parler du manque de visibilité sur l'évolution des taux d'intérêt, qui n'encourage pas les investisseurs à prendre des positions. Ensuite, il y a l'anticipation de résultats en progression pour les sociétés cotées au titre de l'année 2007. «Les investisseurs ont commencé à se positionner en début d'année sur les valeurs dont ils estiment qu'elles vont marquer une forte croissance au niveau de leurs fondamentaux», explique un analyste financier. Ces décisions de placement ont ensuite été confortées par la publication de résultats en hausse durant le mois de mars, notamment en ce qui concerne des valeurs comme Maroc Telecom et Lafarge Ciments. Enfin, il y a l'attente d'un rythme d'introductions en Bourse plus soutenu en 2008 que lors des années précédentes, qui a contribué à l'engouement des investisseurs pour les actions en ce début d'année. Les professionnels du marché parlent d'une quinzaine d'offres publiques de vente dont quelques-unes de grande taille. Le premier nom qui circule dans les milieux financiers est celui de Chaâbi Lil Iskane, dont l'introduction était prévue en 2007 et reportée suite à des difficultés d'ordre juridique et fiscal. Il y a également Finatech, filiale du groupe FinanceCom regroupant 27 sociétés opérant dans le secteur des NTI, Delta Holding, groupe opérant dans des secteurs comme l'infrastructure, l'environnement, la métallurgie…, le groupe Jamaà ̄ et RMA Watanya, pour ne citer que ceux-là . Cela dit, si au 31 mars la Bourse affiche une croissance honorable de plus de 15%, les indices ont marqué quelques corrections depuis le début de l'année. En effet, après une première phase haussière qui a duré jusqu'au 17 janvier, suite à la reconstitution des portefeuilles par les investisseurs, une petite période de prise de bénéfices est intervenue, durant laquelle le Masi a perdu près de 4%. Par la suite, le marché a repris son ascension pendant tout le mois de février, avant de marquer, à nouveau, une légère correction technique au début du mois de mars. Après plusieurs séances de progression (jusqu'au 13 mars), il est entré dans une phase d'indécision, avec des variations en dents de scie, en attendant la fin des publications des résultats 2007 des sociétés cotées. Situation risquée : la performance du marché dépend désormais d'un nombre restreint de sociétés cotées En ce qui concerne la contribution des différentes valeurs de la cote à la croissance du marché, il faut savoir que, durant ce premier trimestre, c'est une petite poignée de titres qui a tiré le marché vers le haut. En effet, 10 valeurs seulement sur 73 ont fait mieux que l'indice général de la Bourse, alors que, durant les années précédentes, il y en avait près de la moitié. Cette situation présente un risque car la performance de la Bourse dépend de l'évolution des cours d'un nombre restreint de sociétés cotées. Les secteurs qui ont surperformé le marché sont les télécommunications, dont l'indice a progressé de 35,1%, la distribution avec 19,4%, l'immobilier avec 18,3%, les holdings avec 18% et le bâtiment et matériaux de construction avec 17%. Huit secteurs ont fait moins que le Masi mais avec des évolutions positives, notamment l'agroalimentaire (+13,7%), les banques (+8,8%) et l'énergie (+3,9%) tandis que huit autres ont enregistré des variations négatives tels que le secteur des sociétés de financement (-6,8%) et celui des assurances (-7,1%). En réalité, ce sont principalement deux valeurs qui ont contribué à la progression du marché étant donné leur poids. Il s'agit de Maroc Telecom, qui pèse plus de 25% de la capitalisation boursière, et Addoha, dont le poids est de 9%. Le cours de l'opérateur historique des télécommunications s'est apprécié de 35,2% durant le premier trimestre pour atteindre 198 DH. Il s'agit d'une performance record car la valeur n'avait enregistré que des variations modérées par le passé. Cette forte progression s'explique par l'accroissement de la demande sur les titres Maroc Telecom, en prévision de la publication de résultats record et suite à des recommandations à l'achat faites par les analystes financiers de la place. Pour ce qui est des réalisations, l'opérateur a annoncé, au début du mois de mars, un résultat net part du groupe de 8 milliards de DH au titre de 2007, en hausse de 19,2% par rapport à 2006, ainsi que la distribution de la totalité du bénéfice, ce qui a porté le rendement de dividende de la valeur à plus de 5%, aiguisant ainsi l'appétit des investisseurs. En ce qui concerne les recommandations, certains analystes ont évalué au courant du mois de février le potentiel de hausse du cours et ont estimé qu'il atteindra 210 DH à moyen terme, encourageant ainsi la demande sur le titre. S'agissant de Addoha, outre les différents projets d'envergure qu'il a lancés, l'augmentation de capital de 2,2 milliards de DH en numéraire et l'acquisition de 50% du capital de Fadesa Maroc, qui n'ont pas manqué de donner un nouveau souffle au cours en Bourse, il y a eu l'annonce d'une autre augmentation de capital de 1,4 milliard de DH, cette fois-ci par incorporation d'une partie de la prime d'émission, qui donnera lieu à la distribution d'une action gratuite pour chaque action ancienne. Cette annonce a propulsé le cours boursier du promoteur immobilier, d'autant plus que les analystes l'ont valorisé, après les différents partenariats et projets mis en Å"uvre, à près de 5 000 DH. La valeur cotait, au 31 mars, à 4 400 DH, affichant une performance de 30,6% depuis le début de l'année. Outre ces deux sociétés, d'autres ont participé à la progression des indices, mais dans une moindre mesure vu leur poids dans la capitalisation boursière. Il s'agit notamment de la valeur Sonasid, dont le cours a progressé de 39,5% pour atteindre 4 156 DH, Auto Hall avec une évolution de 33,3% à 1 605 DH, Afriquia Gaz avec une hausse de 18% à 1 420 DH et Lafarge Ciments avec une performance de 19,4% à 2 209 DH. Les banques ne s'inscrivent qu'à partir de la douzième place dans le palmarès des meilleures progressions, avec +13% pour BMCE Bank et +10,4% pour Attijariwafa bank. Au bas de la liste, on trouve les sociétés informatiques, les sociétés de financement et les compagnies d'assurances qui sont en perte de vitesse depuis le début de l'année. En effet, Microdata affiche, à titre d'exemple, une contre-performance de -33,3% à 640 DH, Acred et Sofac des baisses respectives de -7,3% à 1 160 DH et -12,3% à 451 DH, et enfin Atlanta un recul de -18,6% à 1 355 DH. Pour ce qui est des perspectives d'évolution sur toute l'année, les analystes prévoient une croissance supérieure à 30% pour le scénario le plus optimiste et limitée à 20% pour le schéma le plus pessimiste. Ils estiment également que la tendance haussière s'accélérera à partir du mois d'avril étant donné que le marché sera alimenté en information financière sur les sociétés cotées, avec, toutefois, des périodes de correction pour ramener les cours à des niveaux raisonnables. Il ne faut pas oublier, enfin, la série des introductions en Bourse prévue pour cette année qui ne manquera pas d'orienter les liquidités vers la Bourse, de dynamiser les échanges et de booster les cours.