+16,2% pour le Masi et +16,7% pour le Madex au 20 février 2007. Les volumes sont en forte hausse. L'anticipation d'excellents résultats pour les sociétés cotées et la faiblesse des rendements obligataires dopent la demande. 56 valeurs sur les 63 cotées ont affiché une évolution positive. Moins de deux mois après le démarrage de l'année 2007, les performances enregistrées par les indices boursiers laissent rêveur. Faut-il s'attendre à un exercice aussi faste que 2006 ? Les professionnels du marché avaient confirmé à La Vie éco, il y a plusieurs mois déjà, que «le trend haussier entamé en 2006 devrait se maintenir». Aujourd'hui, ces mêmes responsables confirment leurs propos, sans toutefois avancer des prévisions de performance chiffrées. Il faut dire que les réalisations du marché au 20 février 2007 sont plus qu'honorables : les deux indices Masi et Madex affichant des performances supérieures à 16% ! Le volume des transactions sur le marché central a dépassé quant à lui les 22 milliards de dirhams, et la capitalisation boursière s'est appréciée de plus de 62 milliards par rapport au début de l'année pour s'établir à 479,5 milliards de dirhams. Quant aux 63 valeurs de la cote, 56 d'entre elles ont vu leur cours évoluer positivement. Seules cinq valeurs affichent des performances négatives, alors que deux ont stagné. +16% en moins de 2 mois, une performance jugée excessive Certes, on est encore loin de la performance de 28% enregistrée par le Masi au 20 février 2006, mais il faut reconnaître que l'évolution de l'année dernière a été assez exceptionnelle à la suite de la conjonction de plusieurs éléments : surliquidité du marché intérieur, afflux de capitaux étrangers, forte croissance des résultats des sociétés cotées, nombre élevé d'opérations d'introductions en Bourse, phénomène Addoha… Mais les professionnels estiment que, pour cette année, 16% d'évolution en moins de deux mois, c'est également une performance excessive. «16% c'est déjà beaucoup, compte tenu de l'évolution du marché l'année dernière», affirme un analyste financier chez Attijari Intermédiation. Et d'ajouter que «les investisseurs nationaux et internationaux appellent de leurs vœux une correction des cours pour que le marché revienne à des niveaux plus raisonnables». En effet, les cours des sociétés cotées n'ont pas cessé d'augmenter, capitalisant sur leurs évolutions respectives de 2006. Des valeurs comme Nexans, HPS Wafa Assurance, ou encore Sonasid affichent des progressions supérieures à 50% en moins de deux mois. Pour les professionnels, l'envolée des cours de l'ensemble des valeurs est due essentiellement à deux facteurs. Le premier est l'anticipation par les investisseurs de bons résultats, encore une fois pour les sociétés cotées au titre de 2006. Mieux, «les résultats de l'année 2006 seront sans doute les meilleurs sur les dix dernières années», renchérit Omar Amine, directeur général d'Eurobourse. Les investisseurs s'attendent donc à des bénéfices en augmentation et par conséquent à des dividendes plus importants. Le deuxième facteur est relatif à la situation du marché obligataire qui a donné lieu à une orientation du cash vers le marché boursier (voir encadré). Ces deux éléments, conjugués au sentiment de confiance des investisseurs qui prévaut depuis l'année dernière et aux perspectives d'une croissance économique intéressante en 2007, ont favorisé ce bon comportement du marché. Ils sont à même, selon les analystes interrogés, de soutenir l'évolution des cours durant les mois à venir. Il faut savoir, toutefois, qu'après cette phase haussière où les investisseurs anticipent de bons résultats, suivra une phase où le marché subira les réactions des investisseurs après les publications des résultats. Ainsi, certaines valeurs tireront le marché vers le haut suite à l'annonce de résultats conformes aux attentes, mais d'autres auront certainement une influence négative sur la place si les résultats publiés révèlent de mauvaises surprises. En tout cas, les professionnels s'attendent à voir le marché corrigé de temps à autre. A côté de la surliquidité du marché et du bon comportement des sociétés cotées, un autre élément ne manquera pas d'animer la place et de contribuer à son envolée. Il s'agit des introductions en Bourse prévues pour cette année. Après le nombre record de sociétés introduites en 2006, on prévoit un rythme d'introductions tout aussi soutenu en 2007, notamment après la reconduction des avantages fiscaux accordés aux entreprises qui entrent en Bourse. La première opération de l'année, à savoir l'introduction de Matel PC Market, se déroule déjà, et le planning compte une multitude d'autres opérations de taille importante, telles que Chaâbi Lil Iskane, Snep, Méditel, RMA Watanya (voir noms sur www.lavieeco.com). Ces introductions permettront d'accroître la liquidité du marché, d'offrir aux investisseurs plus d'opportunités de placement et de rendre l'évolution de la Bourse moins dépendante du comportement de certaines valeurs dont le poids pèse sur l'indice. L'engouement risque de s'estomper à la publication des résultats en mars Si, aux yeux de tous les acteurs du marché, la place casablancaise se dirige vers une bonne performance en 2007, cela ne sera pas forcément le cas pour toutes les valeurs de la cote. Certes, tous les secteurs cotés affichent des évolutions positives au 20 février (voir graphique ci-contre), mais l'engouement qui profite actuellement à certaines valeurs risque de s'estomper après la publication des résultats, en mars prochain. D'après les analystes et traders interrogés, les valeurs sur lesquelles il faut miser actuellement sont celles dont le cycle bénéficiaire ne risque pas de s'arrêter d'ici trois à quatre ans, qui dégagent des bénéfices importants et qui offrent aux actionnaires des niveaux de rendements élevés. Les valeurs les plus citées sur la place sont les banques, les assurances (Wafa Assurance), les sociétés opérant dans le bâtiment et matériaux de construction, les holdings ainsi que les valeurs énergétiques. Par contre, on recommande la prudence quant à certaines valeurs, notamment les petites capitalisations et les sociétés de l'agroalimentaire, au moins jusqu'à la publication des résultats. Les banques cotées ont réalisé, dans leur ensemble, un résultat net de plus de 2,4 milliards de dirhams au titre du premier semestre 2006, soit le double du résultat du 30 juin 2005. La marge nette du secteur s'est ainsi établie à 31%. Pour les résultats annuels, la place prévoit un excellent cru pour toutes les banques. Preuve en est que le secteur a évolué de 23% depuis le début de l'année à la Bourse de Casablanca, et qu'il cache des performances allant de 6,96% pour le Crédit du Maroc à 36% pour BMCE Bank. Concernant les sociétés du BTP, essentiellement les trois cimenteries et le sidérurgiste Sonasid, elles ont affiché de bonnes performances au titre du premier semestre 2006 et le marché s'attend à la publication de résultats annuels en forte hausse, grâce notamment à la hausse de la consommation de ciment et de rond à béton en 2006, suite au boom de l'immobilier et au développement des projets d'infrastructures que connaît le pays. Les investisseurs n'ont pas attendu l'annonce des résultats puisqu'ils ont fait grimper le cours de Sonasid de 53%, celui de Holcim de 43%, de Lafarge de 36% et enfin de Ciment du Maroc de 25%. Pour les holdings, il faut savoir que l'Ona et la Sni tirent profit des sociétés consolidées ou mises en équivalence qui opèrent dans des secteurs très bénéficiaires actuellement. Il s'agit en effet d'Attijariwafa bank et de la plus-value réalisée sur la vente des 49% dans Axa, pour l'Ona, et de Lafarge et Sonasid pour la Sni. Ces deux holdings affichent actuellement des progressions respectives de 7,8% et 19,5%. Enfin, il ne faut pas oublier l'opérateur historique des télécoms dont les titres cachent, selon les analystes, un grand potentiel de croissance. En effet, le cours de Maroc Telecom n'a évolué que de 1,3% depuis le début de l'année alors que l'opérateur a publié un chiffre d'affaires en hausse de 10,1% au titre de l'année 2006 à 22,6 milliards de dirhams et qu'il a enchaîné les opérations de prises de participations stratégiques en Afrique. Tendance La baisse des rendements obligataires profite à la Bourse La situation du marché obligataire n'a jamais été aussi bénéfique pour le marché boursier. La baisse des rendements a orienté les investisseurs vers les actions, dopant ainsi la demande et orientant les cours vers la hausse. Selon les spécialistes interrogés, il existe deux raisons à ce phénomène, selon le profil de l'investisseur. Un analyste financier chez Attijari Intermédiation explique que les taux obligataires ont baissé à un niveau trop bas et qu'ils ne peuvent plus continuer sur cette tendance. Il ajoute que les spéculateurs sur le marché des obligations craignent une remontée des taux dans les mois à venir (la hausse des taux étant nuisible aux détenteurs des anciens titres), et se repositionnent donc sur le marché des actions. Un trader chez Crédit du Maroc Capital affirme, pour sa part, que la tendance baissière des taux qui persiste depuis longtemps fait fuir de plus en plus les investisseurs qui recherchent uniquement le rendement. Dans l'un et l'autre cas (celui de l'investisseur et du spéculateur), le résultat est le même : le cash s'oriente d'une façon continue vers le marché boursier. Rappelons que les taux obligataires des maturités longues à fin 2006 ont baissé de 162 points de base (pb) pour le 15 ans et de 212 pb pour le 20 ans pour s'établir respectivement à 3,65% et 3,82% et qu'ils connaissent actuellement une stabilité.