* Les valeurs informatiques cotées à la BVC ont eu un parcours pour le moins décevant. * Pourtant, le secteur affiche des indicateurs boursiers intéressants et des fondamentaux pour le moins solides. * Le secteur narrive pas, sembe-t-il, à attirer les investisseurs qui ne sintéressent quaux grosses capitalisations de la cote. Les valeurs technologiques cotées à la Bourse des Valeurs de Casablanca semblent être frappées dune malédiction. Sur les sept sociétés représentant le secteur des NTIC à la place casablancaise, quatre traitent en dessous de leur prix dintroduction en Bourse. Six enregistrent des contre-performances notables au titre de lannée 2008. Ces mêmes valeurs ont fait nettement moins que le Masi en 2007. Deux dentre elles ont affiché carrément des baisses allant jusquà 32%! Seule IB Maroc arrive à tirer son épingle du jeu. La SSII de Sidi Maârouf a affiché une progression de plus de 80% en 2007 et continue sur le même up trend en ce début dannée portant son cours, à lheure où nous mettions sous presse, à 369 DH, soit une évolution de 15,3% en moins dun mois de cotation. Mais IB Maroc arrive de très loin faut-il le rappeler. En effet, bien quelle ait pu afficher des taux de progression honorable, la première valeur technologique à avoir franchi le pas de la BVC affiche toujours un gap de 37,8% par rapport à son prix dintroduction en Bourse (594 DH), intervenue pour rappel en juin 2001. Autrement dit, IB Maroc ne fait que rattraper son retard et a encore un long chemin à faire. Mais sil y a un exemple parlant, ce serait celui de la toute nouvelle recrue Microdata. À peine cotée sur le marché le jour du réveillon, le cours du distributeur de matériel informatique a entamé une chute libre sans merci. La valeur cote aujourdhui à 880 DH, soit un peu moins de 8% par rapport à son prix au marché primaire. Microdata nest pas un cas isolé. m2m Group, qui a rejoint la cote en juillet 2007, a affiché une contre-performance de près de 18% depuis le jour de sa première cotation. Involys traitait à lheure où nous mettions sous presse à 283 DH alors quelle a fait son entrée en scène à 316 DH, soit un net repli de 10,5% Et pourtant, en annonçant lors de ses OPV des perspectives de croissance prometteuses, toute la communauté financière croyait que ces sociétés auraient un parcours boursier des plus brillants. Elle a fini malheureusement par déchanter. Quest-ce qui fait alors que ces valeurs ne profitent pas de lembellie du marché ? Et pourquoi le secteur de linformatique est le seul à ne pas bénéficier de la bulle à la Bourse de Casablanca? Les big caps volent la vedette à la BVC «Les investisseurs, particuliers et institutionnels, se penchent plus sur les grosses capitalisations que sur les nouveaux secteurs de la cote comme linformatique, les loisirs et hôtels et la chimie», explique un analyste financier qui sempresse dajouter que «le grand public préfère miser sur des valeurs sûres plutôt que de prendre un risque en investissant dans des titres quil ne connaît pas bien». En effet, lessentiel de la demande et du volume transactionnel sur le marché boursier reste concentré sur les banques, les cimenteries, les holdings et les valeurs de limmobilier. À fin décembre 2007, les secteurs bancaire, immobilier, assurances, holding et télécoms ont drainé à eux seuls plus de 75% du volume global du marché officiel. Un pareil engouement a fait que ces valeurs ont enregistré des progressions très importantes. Les cours des banques ont évolué de plus de 53% en 2007. Ceux des cimenteries ont enregistré à peu près la même performance (43,40%), alors que les valeurs immobilières se sont envolées de plus de 40%. Face à ces performances faramineuses, lon trouve des progressions très modestes pour le secteur informatique, si elles ne sont pas négatives. Pourtant, les sociétés qui le forment affichent des indicateurs intéressants, tant au niveau boursier quau niveau des fondamentaux. En effet, les distributeurs de matériels informatiques ont un PER de 13,1 pour lannée 2008, avec 9,9 pour Distrisoft et 15,7 pour Matel PC Market. Les sociétés de services informatiques affichent, pour leur part, des PER 2008 de 19,1 pour HPS, 8,3 pour Involys et 20 pour m2m Group. Ces niveaux montrent que ces valeurs sont sous-évaluées, dautant plus quand on sait que le marché traite à un PER de 26 et que des secteurs comme limmobilier et les mines affichent des PER de 82 et 38. Dautres indicateurs confirment que les cours des valeurs informatiques sont à un niveau bas, notamment le P/B (Price to book, rapport entre la capitalisation boursière et les fonds propres). Celui de Distrisoft et Matel est à 2,6 pour lannée 2008, et celui dInvolys est à peine de 1,4. Alors que le P/B du marché est à 4,6 et celui de certains secteurs comme lassurance et le ciment sont à 6,7 et 6,1. Les sociétés NTIC sont sous-évaluées Outre ces indicateurs boursiers, les fondamentaux des valeurs informatiques sont des plus intéressants de la place. La majorité des sociétés du secteur ont publié des résultats satisfaisants au titre de 2006 et du premier semestre de 2007 et ont dépassé les prévisions annoncées lors des introductions en Bourse. Distrisoft a réalisé en 2006 un chiffre daffaires de 362 MDH, en hausse de 31,3% par rapport à 2005. Son résultat net sest établi à 16 MDH, en progression de 60% et dépassant le chiffre annoncé dans son business-plan. HPS a, de son côté, généré un chiffre daffaires de 126 MDH, en hausse de 64% par rapport à 2005 et a dégagé un bénéfice net de 26,7 MDH, en progression de 42%. Au 30 juin 2007, la société a publié un volume daffaires de 67,5 MDH, en appréciation de 23%, et un résultat net de 21,7 MDH, en hausse de 177% par rapport à fin juin 2006. Quant à IB Maroc, elle a réalisé de bonnes performances au titre de son exercice à cheval sur 2006 et 2007, avec un chiffre daffaires en évolution de 14%, à 220 MDH, et un résultat net de 10,5 MDH contre 3,3 MDH une année auparavant. La seule société à avoir publié des résultats en retrait est Involys, et ce suite à des reports de contrats pour un montant de 17 MDH. Elle a réalisé en effet un chiffre daffaires en recul de 13,5% à 29,5 MDH, et un bénéfice net de 2,2 MDH, en baisse de 60%. Mais Involys sest rattrapée cette année en signant des contrats dun montant de 40 MDH, ce qui devrait améliorer sensiblement ses résultats annuels de 2007. Côté perspectives, la croissance prévisionnelle des valeurs technologiques est lune des plus importantes de la place. Le chiffre daffaires prévisionnel de Distrisoft pour lannée 2007 est de lordre de 420 MDH, soit une progression de 16% par rapport à 2006. La société prévoit le même taux de croissance pour 2008, ce qui porterait son volume daffaires à 485 MDH. Pour M2M Group, le chiffre daffaires prévu en 2007 est de 93,2 MDH, en hausse de 30%. Son résultat net devrait sétablir à 34,4 MDH cette année, en croissance de 52% par rapport à 2006, et à 47 MDH en 2008, en appréciation de 35%. Matel PC Market, pour sa part, devrait générer un chiffre daffaires de 795 MDH en 2007 (+8,2% par rapport à 2006) et de 890 MDH en 2008 (+12% par rapport à 2007). Son bénéfice est appelé à connaître une plus forte croissance pour sétablir à 26,6 MDH en 2007 et à 34,6 MDH en 2008. Quant à Involys, elle attend des taux de progression importants pour les années prochaines. Son chiffre daffaires devrait doubler en 2007 pour sétablir à 62,6 MDH et croître de 50% en 2008 pour atteindre 95 MDH. Alors que son résultat net devrait passer de 2,2 MDH en 2006 à 10 MDH en 2007 et à 18,5 MDH en 2008. Les sociétés du secteur informatique ont jusquà présent respecté leurs business- plan dintroduction en Bourse et certaines ont même fait mieux. Ce qui veut dire quen mars 2008, elles publieront certainement des résultats en forte progression par rapport au titre de lannée 2007. Espérons que cela aura un impact positif sur leurs cours boursiers, pour les porter à un niveau en phase avec le rythme de développement du secteur.