Nos coups de gueule, nos coups de cœur, nos clichés, nos prises de positions, nos goûts, nos préférences, nos orientations, nos hantises... Tout cela sera systématiquement passé au crible des profilers américains. C'était inéluctable. De passe-temps numérique ou de plate-forme de rassemblement d'anciens camarades de promo, les réseaux sociaux ont pris une ampleur phénoménale au sein de notre vie quotidienne, jusqu'à devenir partie intégrante de notre identité. Et c'est ainsi que, de la même manière qu'on renseignerait notre numéro de carte nationale, notre passeport, notre carte de sécurité sociale..., on était forcément amené un jour ou l'autre à fournir nos identifiants RS pour accéder à quelque précieux sésame, tel un visa. Les Etats-Unis l'ont bien intégré. Après des mois de réglage et de préparation psychologique et médiatique, ils viennent de passer à l'acte. L'administration Trump exige dorénavant dans toute procédure de demande de visa de renseigner tous les comptes Facebook, Twitter, Instagram... Désormais donc, nos coups de gueule, nos coups de cœur, nos clichés, nos prises de positions, nos goûts, nos préférences, nos orientations, nos hantises... Tout cela sera systématiquement passé au crible des profilers américains qui décideront une fois accompli ce travail de fourmi si oui ou non nous méritons ce sauf-conduit permettant de fouler le sol américain. Et si l'Oncle Sam l'a fait, d'autres pays lui emboîteront le pas à terme. Ça sera probablement partout la règle. Mais une chose est sûre: désormais, ceux qui sont jaloux de leur vie privée n'auront d'autre choix que de s'adapter au diktat sécuritaire américain. Comble de l'ironie, cette disposition est mise en place au moment même où les débats sur la protection des données personnelles et le respect de la vie privée sont d'une grande actualité. Les dangers liés à notre surexposition dans l'espace virtuel et les risques de détournements de nos données sont souvent mis en exergue. En fouillant dans nos comptes, e-mails compris, quelles sont les limites que se posera l'administration américaine et que fera-t-elle de toutes les données collectées une fois la procédure terminée ? L'argument sécuritaire est-il suffisant pour justifier cette intrusion dans la sphère privée de tout demandeur de visa? Devrions-nous dorénavant avoir une image irréprochable sur les RS pour pouvoir montrer patte blanche plus facilement ? Les interrogations sont nombreuses. Peu de réponses en face pour le moment.