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Randy Weston à Tanger
Publié dans La Vie éco le 30 - 05 - 2008

Randy Weston a organisé le premier festival international de jazz à Tanger, en 1972. Cette manifestation va connaître une seule et unique édition et Randy Weston ses premières désillusions quant à l'aide à la culture,
et les tergiversations des responsables locaux et nationaux. Il en aura d'autres, comme cette promesse, souvent répétée, de lui accorder une aide pour la création d'un centre des rythmes africains à Marrakech.
«A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ?», se demandait Cioran dans un de ses saisissants aphorismes. Un piano remplaçant le saxophone ce samedi soir du mois de mai à Tanger et l'aphorisme du penseur roumain prend encore plus de sens et de sons.
Derrière le piano se tient l'immense silhouette de Randy Weston qui tangue au rythme d'une musique qui fait réellement «entrevoir un autre monde» : le monde de la mémoire retrouvée.
C'est dans le cadre modeste, intelligent et convivial des activités du Centre international des études de spectacles, que le célèbre pianiste et musicien de jazz, Randy Weston, s'est produit avec ses complices gnaoui de Tanger. Ce sont en fait des retrouvailles avec le premier musicien au monde à avoir fait la fusion entre le jazz et les rythmes des Gnaoua à partir de la ville de Détroit. Randy Weston s'est installé à Tanger en 1967 après une tournée en Afrique dont le Maroc fut l'ultime escale.
Lorsque Weston écouta pour la première fois les sons et les chants de Abdallah El Gourde, un mâalem qui accompagne jusqu'à aujourd'hui son ami pianiste, il prit alors conscience que les roots (racines) qu'il cherchait en Afrique, et que son père lui conseillait toujours d'aller revisiter, étaient là, vibrantes et entretenues par cette musique.
La magie de la ville du Nord, sa mythologie et l'atmosphère cosmopolite qu'elle connaissait en ce temps-là faisant le reste. En s'installant avec sa famille à Tanger, il a entrepris l'ouverture du premier club de jazz «African Rythms Club», dans lequel se sont produites des célébrités comme Dexter Gordon, Ahmed Abdulmalik, Marvin Gaye, Billy Harper, James Brown, Stevie Wonder, Cecil Bridgewater et bien d'autres.
Situé au premier étage du cinéma Mauritania, ce club, qui n'a jamais été rouvert et qui a tant fait pour la culture musicale de toute une génération, est un autre vestige de la mémoire tangéroise.
Porté par la passion du jazz et sa rencontre avec la terre africaine, et désireux de partager cette fusion retrouvée, Weston a organisé le premier festival international de jazz à Tanger, en 1972. Cette manifestation va connaître une seule et unique édition et Randy Weston ses premières désillusions quant à l'aide à la culture, et les tergiversations des responsables locaux et nationaux.
Il en aura d'autres, comme cette promesse, souvent répétée, de lui accorder une aide pour la création d'un centre des rythmes africains à Marrakech. Le pays aurait tant gagné en prestige et rayonnement culturels dans un continent que nous avons, malheureusement, trop longtemps négligé en nous polarisant obsessionnellement sur de lointaines et improbables «Arabies».
Mais Randy Weston, pour l'avoir fréquenté depuis les années quatre-vingt, n'entretient ni dépit ni amertume. Seule, ce samedi soir du mois de mai à Tanger, une douce et amicale nostalgie dessina sur ses lèvres un beau sourire lorsque le son du hajhouj de son ami El Gourde a grondé dans la salle.
Il posa ses deux grandes mains de pianiste de 82 ans sur ses genoux et, remuant ses lèvres comme dans une muette psalmodie, il accompagna son ami gnaoui de quarante ans. Hymne à l'amitié, rythm and blues, african rythms and jazz music for ever. Nous étions quelques amis à avoir fait le déplacement, de Rabat, Casa, Paris et d'ailleurs, pour partager ce temps d'amitié avec ce grand monsieur de la musique de jazz.
Dans la salle décrépite du cinéma Dawliz, il y avait Fatou, la douce compagne sénégalaise de Randy et de nombreux amateurs de jazz et amis tangérois toutes générations confondues.
Et pour paraphraser Saint-John Perse évoquant un ami poète, on dira que «notre ami le pianiste a encore joué une chose très douce ; et nous étions quelques-uns à en avoir pris connaissance». Après le concert, auquel avait pris part un autre ami musicien marocain, Majid Beqqas, nous étions conviés à un frugal dîner dans un restaurant sans étoiles, mais que les rires, les discussions et les souvenirs mêlés à des bribes de chants croisés ont transformé en banquet.
Tout au long du séjour de Randy Weston à Tanger, quarante ans après sa rencontre avec la musique des Gnaoua, deux journalistes vétérans de la chaîne de télé France 3 ont réalisé un reportage et un documentaire sur Randy Weston au Maroc.
Il n'y avait ni chaîne marocaine, ni radio, ni responsable de quoi que ce fût ce samedi soir 17 mai à Tanger. Une occasion manquée ? Non, une faute. De goût. Une expression caractérisée de l'inélégance, de l'inculture et de l'ingratitude.


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