Je gère une équipe de 7 personnes. Nous avons beaucoup de travail. Aussi, je répartis les dossiers en fonction de l'urgence et des aptitudes de chacun. Tout pourrait très bien fonctionner si mon n+1 ne se mêlait pas de l'organisation en confiant des dossiers à mes collaborateurs sans m'en parler. C'est quelqu'un de très autoritaire et susceptible, et c'est difficile de lui faire comprendre que ses initiatives entament ma crédibilité. Que me conseillez-vous ? F.M.- Rabat Il n'existe pas un seul modèle de manager, mais autant qu'il y en a de personnes qui incarnent ce rôle. Ainsi, dans notre vie professionnelle, nous rencontrons le manager «généreux», qui transmet son savoir-faire, donne une chance et accompagne mais qui a tendance à infantiliser ses collaborateurs; le manager rigoureux, exigeant mais équitable qui déstabilise les collaborateurs en attente d'un peu plus de «chaleur humaine». Chaque manager a donc des qualités et des défauts, et c'est surtout ces derniers qu'il faut apprendre à gérer ! Votre manager «Super Nova» veut tout gérer, tout contrôler, tout décider, tout diriger et le faire directement pour ne pas perdre de temps (croit-il). En agissant ainsi, il déséquilibre l'organisation de l'entreprise mais pas seulement, car il décrédibilise aussi le management de proximité, ce qui ne fait qu'augmenter la nécessité de «son intervention» pour que «les choses avancent enfin». Cette manière de faire (quand elle est systématique) est tout simplement le «meilleur» moyen pour réduire la performance collective tout en augmentant le degré de stress. Gérer un manager «super nova» est une chose complexe. Car c'est en général un «solitaire» qui accorde très difficilement sa confiance. Et c'est pourtant ce point clé de confiance qu'il va vous falloir viser en actionnant un levier de persuasion sur lequel il sera tout à fait d'accord avec vous : la performance. Car ce manager veut de la performance, des résultats visibles, et vous allez lui démontrer que c'est en vous faisant confiance qu'il les obtiendra. Ne revenez pas sur le fait qu'il outrepasse votre rôle en s'adressant directement à vos collaborateurs, ou qu'il désorganise votre service car vous n'aurez pas la réponse que vous attendez., lui veut du résultat et n'a qe faire des «modalités et autres politesses corporate». Proposez lui une organisation qui sera orientée résultat et rapidité (les managers super nova sont aussi impatients), et démontrez-lui par votre réactivité qu'il a eu raison de faire confiance à ce nouveau modèle de fonctionnement. Enfin, les managers super nova ont besoin d'être informés en permanence de ce qui se passe dans leur équipe. Aussi, mettez en place un système de reporting de votre activité, de vos résultats (soyez simple et concis dans votre reporting; les managers super nova n'aiment pas les détails) et demandez-lui confirmation des urgences de la semaine/jour. Tout ceci réduira la quantité des demandes en direct, mais ne changera pas le tempérament de votre manager, vous devrez donc faire avec et en tirer le meilleur possible ! N'oubliez surtout pas votre équipe, car c'est elle qui «encaisse» le plus grand nombre de coups en ce moment. Aussi, faites d'abord en sorte de lui éviter de perdre du temps sur des tâches inutiles, comme certaines réunions, ou certains reportings beaucoup trop fastidieux. Prenez l'habitude de faire des réunions matinales de courte durée pour faire le point sur les priorités, et, en cas de besoin, un redispatching des tâches et surtout pour maintenir sa motivation. Pas facile comme situation, mais John Kotter l'a très bien dit : «Le management consiste à faire face à la complexité».