Il y a quelques années, il fallait nécessairement aller à l'étranger pour préparer un MBA ; aujourd'hui, de nombreuses écoles supérieures, privées ou publiques, le proposent. La Vie éco : Il y a quelques années, il fallait nécessairement aller à l'étranger pour préparer un MBA ; aujourd'hui, de nombreuses écoles supérieures, privées ou publiques, le proposent. Comment le marché de l'emploi réagit-il vis-à-vis de ces diplômes locaux, en particulier ceux que l'on qualifie de délocalisés ? Younes Mouhib : On peut dire globalement que, pour beaucoup de recruteurs (entreprise ou cabinet), ces diplômes délocalisés pâtissent d'une certaine ambiguïté, du fait qu'un diplôme de «Nantes» ne peut être a priori délivré qu'à «Nantes». Délocaliser un diplôme, lui ôte par ailleurs ce côté très important et précieux qu'est le vécu dans un autre environnement. D'ailleurs, ce vécu et cette confrontation avec l'autre manquent cruellement à nos élites, lesquels, sans généraliser, tombent souvent facilement sous l'influence du premier escroc ou manipulateur venu, avec des risques majeurs pour l'économie, la société… Ces diplômes ont-ils de la valeur sur le marché ? Qu'il soit délocalisé ou non, la valeur d'un diplôme est déterminée par le marché de l'emploi. En d'autres mots, c'est la manière dont ses détenteurs font valoir leurs compétences et démontrent leur valeur ajoutée au sein des entreprises qui fera la différence. Mieux encore, c'est la valeur intrinsèque du diplômé qui compte. Pour preuve, vous pouvez avoir deux candidats titulaires d'un même diplôme, mais avec des écarts importants, sur le plan du potentiel, parce que d'autres facteurs interviennent, au-delà du facteur formation : personnalité, valeurs, initiative, intérêts, dynamisme. Car, en définitive, le diplôme n'est qu'un «ticket d'entrée» dans le marché du travail (sorte d'indication du positionnement d'une personne dans la hiérarchie du savoir). Qu'est-ce qui explique l'engouement pour ces formations sur le plan local ? Tout d'abord, le durcissement des conditions d'admission et de séjour dans les pays émetteurs de ces diplômes délocalisés limite l'accès aux 3es cycles des étudiants des écoles marocaines et bouche, de ce fait, partiellement leur horizon académique. Ensuite, le recours aux partenariats part également d'une démarche marketing et communication, partant de l'idée selon laquelle tout ce qui vient de l'étranger est bon et de qualité… Il faut souligner qu'un certain nombre d'établissements peuvent bien se passer de ce genre de délocalisations parce qu'ils disposent d'un cursus conforme aux standards de qualité et d'un corps professoral de bon niveau. Le rajout d'un diplôme délocalisé n'apporte pas forcément une valeur ajoutée à l'école. Pour ceux qui n'ont pas encore ce niveau, la solution réside dans l'innovation et la recherche constante des voies d'amélioration et de perfectionnement, dans l'optique de proposer des programmes pertinents, répondant aux préoccupations d'un marché en constante évolution . younes mouhib DG du cabinet Positif conseil