Ponctualité, présentation, gestuelle, des critères à ne pas négliger. Avant même l'entretien, le contact téléphonique et le dossier de candidature peuvent vous coûter des points. Un bon dosage entre compétences techniques et comportementales est souhaité. «Quels sont les aspects auxquels un recruteur fait le plus attention lors d'un entretien d'embauche»? Difficile d'avoir une idée claire sur la question. Le candidat est un surdoué en informatique mais piètre communicateur ; il est dynamique sur le plan créatif, mais ne sait pas travailler en équipe ; il a les compétences techniques nécessaires, mais ne sait pas diriger une équipe. La liste des exemples est longue des différents cas de figure. Bref, les entreprises performantes sont très exigeantes, surtout quand il s'agit de pourvoir un poste de cadre. Cette tendance va en s'accentuant puisqu'elles recherchent de plus en plus des «self motived men», des cadres autonomes, réactifs et capables d'apporter une valeur ajoutée. Pour remporter la mise, un candidat doit donc présenter de solides arguments, tant sur le plan personnel qu'en matière de compétence. Que retiennent, en fin de compte, les spécialistes du recrutement ? Pour Chantal Aounil, responsable recrutement chez Bil consulting, «les moindres détails comptent lors d'un entretien. Cela commence avant même la venue des candidats. Nous sommes en effet attentifs au dossier de candidature et à l'entretien téléphonique. Cette observation nous donne un aperçu sur sa dimension personnelle, sa motivation, la construction de son projet professionnel, sa curiosité intellectuelle…», souligne-t-elle. Généralement, l'étude du dossier et les conversations téléphoniques permettent de faire un premier tri. La première impression est importante, mais pas déterminante Pour ceux qui ont la chance de passer cette étape, tout peut se jouer lors du premier rendez-vous. «Le premier contact, "les deux premières minutes", comme on les appelle, même si elles ne sont pas déterminantes, sont importantes dans l'appréciation du profil du candidat», explique Mme Aounil. Pour pouvoir discuter en toute sérénité, le candidat doit tout d'abord être ponctuel. Une poignée de minutes de retard sur l'heure fixée peut lui coûter de nombreux points. Notons aussi que l'attitude vis à vis des assistants ou standardistes (respect, condescendance…) est un indice utilisé par les cabinets pour cerner la personnalité d'un candidat. Le recruteur se fait par ailleurs une idée de la personnalité du candidat sur sa présentation. On fait bien sûr allusion ici à l'aspect physique. Rien n'est plus désespérant pour un recruteur que de se trouver devant une personne habillée avec négligence et/ou mal rasée. «Lors des discussions, le comportement, la gestuelle sont les premiers indices des traits de caractère», rappelle Essaïd Bellal, ADG du cabinet Diorh. Soulignons à cet égard que la plupart des recruteurs sont dotés de solides connaissances en psychologie. Si ce cap du premier entretien individuel est franchi avec succès, plusieurs autres lui succèderont. On cherchera alors à évaluer la capacité du candidat à s'adapter au poste proposé et à son contexte. Essaid Bellal souligne à ce propos que «les acquis professionnels autant que les qualités personnelles sont déterminants durant cette phase». Même son de cloche pour Younes Bellatif, DG de Convergence conseil, qui souligne qu'«un fin dosage entre les compétences techniques et comportementales est nécessaire pour dénicher les bons candidats». Ce n'est pas tout. Souvent, lors d'entretien de recrutement, on bombarde le candidat d'informations, puis on le pousse -subtilement- à exprimer un récapitulatif de ce qui a été dit. Une manière de tester son esprit de synthèse. Il y a aussi les questions que l'on reformule, pour tester la cohérence des dires du candidat. Ceci dit, des qualités comme le leadership, le sens de la communication, l'écoute active, l'esprit d'équipe et bien d'autres sont primordiales pour se faire une place dans l'entreprise. «Même le major de promotion d'une grande école n'aura pas sa place dans l'entreprise s'il ne possède pas ces qualités», souligne Hicham Zouanat, responsable de développement RH – affaires et relations sociales à la Société centrale des boissons gazeuses (SCBG). L'employabilité est parfois indispensable pour les cadres. L'employabilité, la capacité d'adaptation à tous les postes, est également très importante pour les cadres. «Nous avons besoin de personnes capables de changer carrément de métier. Ceci est valable pour tous les postes», note Driss Saadane, DRH d'Al Watanya. En somme, un postulant doit pouvoir mixer entre ses compétences techniques, comportementales et managériales, un mouton à cinq pattes en somme. Néanmoins, «certaines qualités sont relativement plus appréciées que d'autres pour certains postes», relève Zakaria Rbii, DRH de Kraft Foods. Ainsi, pour en savoir un peu sur leur personnalité, certaines entreprises n'hésitent plus à les mettre en situation pour, justement, connaître leur tempérament. C'est le cas de la SCBG. «Nous utilisons régulièrement cette technique qui nous permet de réellement connaître les aptitudes des candidats», affirme Hicham Zouanat. En définitive, un entretien d'embauche n'est pas figé. Il peut s'étaler sur plusieurs séances. Et en matière d'appréciation, aucune méthode n'est suffisante par elle-même. Il existe un ensemble de techniques et d'outils (entretiens, tests, mise en situation) qui donnent des indications qu'il y a lieu de recouper entre elles et confirmer. Mais encore une fois, mieux vaut faire une bonne impression dès le premier contact Même si elles ne sont pas déterminantes, «les deux premières minutes» sont importantes. Une impression favorable permet de passer le cap du premier entretien.