EFE Maroc, ONG internationale spécialisée dans la formation et l'accompagnement des diplômés-chômeurs, dresse le bilan du projet pilote «Programming for the future», visant à renforcer l'employabilité des jeunes dans le secteur des technologies de l'information. Lancé en octobre 2013 avec le soutien conjoint des fondations Mastercard et Accenture, ce projet permet à ce jour un taux d'insertion de près de 80% sur les 51 bénéficiaires. Le reste étant toujours en stage pré-embauche. Le point avec Myriam Kadmiri, Directrice générale EFE Maroc. Finances News Hebdo : En quoi consiste le projet «Programming for the future» ? Comment l'idée est-elle née ? Myriam Kadmiri: En 2013, un partenariat est né entre EFE Europe (filiale d'EFE Global en Espagne) et la fondation Accenture dans le but d'accroître le pool de candidats qualifiés pour le secteur privé des domaines de l'IT et garantir l'adéquation entre les qualifications des ressources marocaines et les attentes du marché. Programming for the future est une initiative internationale menée par la fondation Accenture qui vise à monter en compétences 180 jeunes à travers 6 pays pour améliorer leur employabilité dans le monde des IT. Ainsi, au niveau du Maroc, EFE-Maroc (Fondation de l'éducation pour l'emploi-Maroc), en partenariat avec la Fondation Accenture, Microsoft, l'APEBI et l'OFPPT, ont l'ambition de doter 50 jeunes de compétences nécessaires pour réussir dans le secteur des technologies de l'information au Maroc. EFE Maroc souhaitait profiter du contexte de croissance des secteurs de l'IT au Maroc pour développer la formation dans ces secteurs et garantir l'adéquation entre les qualifications des ressources marocaines et les attentes du marché. F.N.H. : Quels étaient les critères de sélection pour bénéficier du programme ? M. K. : Pour ce projet, il fallait une population de jeunes diplômés (entre 18 et 28 ans) avec un background IT (min BAC+2, diplôme d'informaticien, développeur,...) intéressés par un accompagnement pour démarrer une expérience professionnelle dans le secteur des IT. En partenariat avec l'OFPPT, la Faculté des sciences et en menant des campagnes sourcing ciblées sur le net et à travers les réseaux sociaux, EFE Maroc a réussi à «sourcer» et identifier une centaine de profils adéquats pour être acceptés dans ce projet. Ces jeunes ont été reçus dans les bureaux d'EFE Maroc pour passer des entretiens de positionnement, les sélectionnés ont par la suite suivi un test technique (écrit et oral) avant d'être acceptés au programme. F.N.H. : Quels sont les obstacles auxquels sont confrontés les jeunes diplômés en IT pour trouver un travail ? M. K. : Vous savez, aujourd'hui les obstacles sont presque les mêmes pour un jeune diplômé. Il a des croyances limites quant au marché du travail : «le marché exige de l'expérience, mon diplôme ne vaut rien sur le marché de l'emploi, pour ce poste c'est sûr qu'ils vont prendre un jeune issu de l'école privée», peut-on entendre. La particularité que nous avons découverte chez une grande partie des entreprises prospectées est que les jeunes développeurs sont admis en qualité de stagiaire d'abord, la durée de stage est en moyenne de 6 mois avec une rémunération qui tourne autour de 2.000 DH. Les jeunes d'aujourd'hui ont du mal à accepter un stage non rémunéré ou peu rémunéré surtout quand l'entreprise est située dans un quartier d'affaires loin du centre ville. Pour accéder au Big10 des entreprises IT basées à Casanearshore ou à Technopolis, un jeune doit passer par une batterie de tests et différentes entrevues ce qui rebutent les diplômés car ils pensent qu'ils ne vont pas réussir le challenge. Ces mêmes entreprises insistent aussi sur l'aspect comportemental des jeunes. Elles préfèrent recruter ceux ayant une confiance en eux-mêmes, dotés d'un esprit vif, qui osent prendre des initiatives et s'acclimatent rapidement au changement. A la fin du projet, nous pouvons dire que la moitié de nos lauréats ont intégré de grandes entreprises : Accenture, Capgemini, Atos, CGI. Quant aux autres (50%), ils ont été embauchés par des PME qui font plus confiance à des jeunes tous frais, sans expérience, mais qui peuvent les accompagner dans leur évolution. F.N.H. : Quels sont les besoins et les exigences actuels des entreprises en matière d'IT ? M. K. : Actuellement, nous sommes en train de faire une autre étude de marché pour répondre à cette question et à d'autres interrogations afin de mieux préparer le terrain pour accueillir la seconde phase du projet. Prochainement, nous divulguerons les résultats de cette étude qui est en cours de finalisation. Ce qui est sûr, c'est que le marché recrute encore des profils jeunes passionnés par les métiers de l'IT. F.N.H. : Comptez-vous élargir l'expérience à d'autres secteurs ? M. K. : Dans le cadre de la pérennisation du programme PFF, EFE Maroc va aussi s'intéresser au secteur du BPO (call-centers, ...). A cet effet, plusieurs meetings ont réuni les représentants de la fondation à ceux du secteur ainsi qu'avec des membres de l'AMRC (Association marocaine de la relation client) pour recenser les besoins en recrutement et les compétences et aptitudes qui manquent à nos jeunes pour intégrer ce secteur très prometteur en emploi. F.N.H. : Quelles sont les principales avancées de ce projet et quelles sont ses perspectives ? M. K. : A travers ce projet, la fondation EFE Maroc s'est engagée humblement à répondre au besoin en recrutement par les compétences adéquates, en proposant une offre composée de programme d'accompagnement technique et comportementale. Cette expérience a permis in finé de bâtir une passerelle entre les entreprises et les jeunes compétences en quête d'emploi. Le bilan en chiffres se décline comme suit : 51 jeunes chercheurs d'emploi formés et accompagnés pour décrocher des stages ou emplois ; 7 partenaires engagés : ministère de l'Economie numérique, OFPPT, Astec, Apebi, Microsoft, fondation Accenture, fondation Mastercard ; 252 heures de formation en développement personnel ; 600 heures de formation en .net et Java ; Au moins 15 partenaires employeurs qui ont offert des stages/emplois à nos jeunes lauréats. Le bilan de l'expérience pilote du projet a duré 9 mois. Devant ces résultats satisfaisants, la fondation Accenture renouvelle sa confiance et souhaite soutenir la fondation EFE Maroc pour toucher plus de jeunes, une centaine cette fois-ci, avec une nouvelle approche pédagogique et un système de suivi plus développé. Une autre fondation mondialement connue souhaite, elle aussi, s'associer à EFE Maroc pour promouvoir ce type d'initiatives et en faire un bel exemple à suivre dans la région du Grand Maghreb et en Afrique. Nous y reviendrons le moment opportun.