Commerciaux et financiers sont toujours en tête des profils recherchés. Qualiticiens et logisticiens profitent des efforts d'optimisation entrepris ici-et-là. Grande distribution, call centers et industries chimiques sont les plus gros demandeurs. Après quelques mois d'atonie, le marché de l'emploi reprend des couleurs. Beaucoup d'entreprises se réorganisent ou sont en phase de croissance. C'est ce que constatent nombre de cabinets de recrutement que nous avons approchés. Néanmoins, en l'absence d'un observatoire fiable en la matière, il demeure difficile de déterminer avec exactitude l'origine des plus importantes offres. Sans surprise, on constate que les commerciaux et les financiers figurent toujours en tête des profils recherchés. Par spécialité, ces offres concernent notamment les technico-commerciaux, les contrôleurs de gestion, les auditeurs internes ou encore les comptables. Attention, les emplois ne sont pas donnés au premier venu ; les entreprises recherchent avant tout des personnes expérimentées. Débutants s'abstenir ! Ce qui prouve que l'on n'est pas dans une logique de recrutement de développement, mais de besoin. D'ailleurs, ce critère est mentionné dans pratiquement toutes les annonces. «Soucieuses de leur image et de leurs performances, les entreprises sont plus exigeantes. Elles ont besoin de commerciaux capables de confectionner de véritables stratégies ou encore de bons analystes financiers. En somme, elles veulent des professionnels», analyse Ikram Bghiel, DG du cabinet de recrutement Idées RH. Fait paradoxal, les quinquagénaires sont pratiquement exclus du marché. Les offres s'adressent essentiellement à des personnes âgées tout au plus de 40 ans. Parfois, même ces dernières sont persona non grata. A l'évidence, les entreprises veulent des cadres jeunes, en même temps chevronnés, autonomes, flexibles, polyvalents et performants. «Des moutons à cinq pattes», comme le dit souvent un spécialiste du recrutement. Les commerciaux doivent être capables d'établir des stratégies A côté des profils classiques (vente et finances), de nouveaux besoins, qui sont la résultante des programmes de réorganisation, sont exprimés dans certaines fonctions. C'est le cas des ressources humaines, des achats, de la logistique et de la qualité. «Le temps du bricolage est terminé. Pour augmenter la productivité, réduire les coûts et offrir des produits et services qui font la différence, il faut que chaque département de l'entreprise ou chaque étape importante du processus, de la production à la distribution, soit confié à des professionnels», commente le DRH d'une grande entreprise. Selon lui, ces nouveaux profils sont maintenant incontournables pour les entreprises qui désirent s'imposer. Il convient toutefois de souligner que ce sont principalement des postes de cadres qui sont pourvus dans les domaines cités et les offres sont généralement émises par de grandes entreprises, donc relativement limitées. Fini la surenchère en matière de rémunérations En termes quantitatifs, ce sont la grande distribution, l'industrie agroalimentaire et la chimie-parachimie qui viennent en tête des secteurs proposant le plus d'emplois. Leurs offres portent sur des chefs de rayons, des caissiers, des magasiniers (support pour la logistique), pour ce qui est de la distribution. Pour l'agroalimentaire et la chimie, les besoins se concentrent également sur le personnel d'exécution, entre autres les techniciens. Ces secteurs se montrent les plus dynamiques, mais ne sont pas les seuls à embaucher. «Les distributeurs de produits cosmétiques et l'automobile commencent aussi à lancer de vastes opérations de recrutement», note Myriam El-Kerzazi, responsable recrutement et évaluation au cabinet Diorh. «D'autres secteurs comme le BTP ou le textile continuent à embaucher sans passer toutefois par les cabinets spécialisés», ajoute-t-elle. Les call centers offrent aussi de nombreuses opportunités (voir La Vie éco du 2 janvier 2004), compte tenu du fait que certaines multinationales comme Dell ont commencé à installer des structures au Maroc. Bien évidemment, leurs besoins portent sur les télé-opérateurs, les télé-conseillers ou encore les superviseurs. Seulement, les personnes qualifiées manquent cruellement dans ce domaine, comme le précise Chantal Aounil, responsable recrutement à Bil Consulting. «Sur 500 demandes d'emploi, il faut compter en moyenne 5 personnes valables ayant une bonne maîtrise des langues et une aisance dans la communication». Ce chiffre doit être regardé comme un indicateur du gap existant entre les profils souhaités et ce qui est disponible sur le marché. Au demeurant, ce problème ne concerne pas seulement les call centers. Le patron d'un cabinet de recrutement avoue avoir du mal à trouver des assistantes présentant les aptitudes requises pour ce genre de métier (maîtrise de l'arabe et du français – écrits et parlés -, au moins, et celle de l'outil informatique, sens de l'organisation). Autrement dit, l'accent est, de plus en plus, mis sur les compétences personnelles et ce pour la majorité des profils, cadres ou pas. «Dans un tel contexte, l'entreprise n'hésite pas à payer le prix qu'il faut pour s'octroyer la perle rare», note Mme El-Kerzazi. N'empêche que tout le monde essaie de se conformer aux pratiques du marché qui commence petit à petit à s'harmoniser à la faveur des enquêtes de rémunération, de plus en plus fréquentes. Autrement dit, la forte disparité qui prévalait sur le marché de l'emploi semble désormais bien loin, du moins pour ce qui concerne la partie fixe de la rémunération. «Actuellement, la tendance consiste plutôt à privilégier la part variable», souligne Chantal Aounil. Bref, on peut trouver un emploi, mais encore faut-il être performant pour prétendre gagner le gros lot.