Le gasoil normal, le gasoil 350 et le super normal vont disparaître. En principe, les prix ne devraient pas varier, sinon de manière insignifiante. Quel surcoût pour la compensation ? Dans huit mois, soit le 1er janvier 2009, les citoyens – des villes notamment – vont pouvoir respirer un air moins pollué qu'aujourd'hui. C'est qu'à partir de cette date, deux seuls produits seront disponibles dans les stations-services, à savoir le gasoil 50 PPM (parties par millions, 0,005% de soufre) et l'essence sans plomb. L'arrêté (n° 1546-07 du 3 août 2007) du ministre de l'énergie et des mines rend en effet obligatoire le respect par les intervenants du secteur de ces nouvelles caractéristiques des principaux produits pétroliers. Fini donc le gasoil normal, l'essence super et même le gasoil 350 ! La Samir y travaille, depuis 2004 déjà, et elle devrait être prête, techniquement, d'ici octobre/novembre prochains. Cette mise en conformité aux normes européennes, selon une source à la Samir, devrait concerner non seulement les «grands» produits pétroliers (gasoil, essence et fioul), mais aussi le gasoil de pêche. Certes, ce dernier produit ne figure pas dans l'arrêté précité sur les spécifications des carburants, il devrait néanmoins être lui aussi amélioré : de 10 000 PPM (1% de soufre) aujourd'hui, le gasoil de pêche devrait passer à 2000 PPM (0,2% de soufre) seulement. Il sera soit fabriqué par la Samir soit importé ! La question qui se pose, maintenant, est celle de savoir quelle sera la contrepartie, en terme d'impact financier, que vont devoir payer les utilisateurs pour vivre dans un environnement moins pollué ! A priori, aucune ! Tous les intervenant de cette filière, et à leur tête le ministère de l'énergie et des mines, sont unanimes pour dire qu'aucune augmentation des prix n'accompagnera l'amélioration de la qualité des carburants. Mieux, les utilisateurs du gasoil 350 PPM (0,035% de soufre) paieront même moins, puisque le prix du gasoil 50 PPM qui sera commercialisé sera celui du gasoil ordinaire. Certes, la formule de prix des «nouveaux» carburants ne sera finalisée que dans quelques semaines (courant du mois de mai), mais les responsables du ministère de l'énergie et des mines, qui y travaillent, assurent d'ores et déjà que l'amélioration de la qualité des produits pétroliers «ne débouchera pas sur une augmentation des prix, sinon, éventuellement, sur quelque chose de vraiment insignifiant». Mais même s'il y a une hausse «tout à fait insignifiante» (une affaire de quelques centimes), elle le sera par rapport au gasoil ordinaire, ce qui, dans tous les cas, revient à une baisse pour les utilisateurs du 350 PPM, certes peu nombreux (voir encadré). Si donc, a priori, la mesure sera globalement positive pour les utilisateurs, elle posera, en revanche, un problème de taille à l'Etat. En effet, la baisse de prix du gasoil 350 (si baisse il y a !) reviendra forcément à augmenter la part de la subvention dans le prix. Aujourd'hui, pour vendre le gasoil normal à 7,22 DH le litre, l'Etat y met 2,53 DH à travers la Caisse de compensation contre 1,82 DH seulement pour le gasoil 350 qui est, lui, vendu à 9,13 DH le litre à la pompe (sachant que le prix de cotation initial n'est pas le même). Ramener ce prix à la pompe à 7,22 DH ou même à 7,50 DH obligera l'Etat à augmenter la part subventionnée. Or, au vu de l'explosion que connaît le budget de la caisse et de l'orientation générale des pouvoirs publics qui veulent aller vers moins de subventions, l'effet de la baisse des prix du gasoil 350 va exactement dans le sens contraire. Une équation de plus que le gouvernement devra résoudre d'ici le 31 décembre prochain.