En 2017, 120 000 touristes chinois ont visité le Maroc. Menus en mandarin, cartes asiatiques et du personnel qui parle la langue : les hôtels se conforment à leurs exigences. Quatre restaurants asiatiques, dont deux sont tenus par des Chinois, ont ouvert à Fès. «Pour attirer les touristes chinois, il faut leur raconter une histoire», déclare d'emblée Taoufik Madih, directeur de l'association régionale des agences de voyages de Marrakech-Safi. Casablanca (de par le film légendaire qui porte son nom), Marrakech par son charme et sa magie et Chaouen (par sa couleur bleue qui leur rappellerait une déesse chinoise) demeurent les villes marocaines les plus prisées par cette clientèle. Le Maroc en a reçu près de 120 000 en 2017, suite à la suppression de visas en juin 2016, et aspire à en attirer 500 000 en 2020. Pour ce faire, il est nécessaire d'améliorer les connections aériennes, mais aussi d'adopter de nouveaux modes d'accueil et de prestations touristiques. L'exotisme du Maroc à lui seul ne peut pas attirer les touristes de l'Empire du Milieu. La délégation du tourisme de Casablanca-Settat a même incité les unités hôtelières de la ville blanche à s'adapter à certaines pratiques propres aux Chinois. «Nous avons sollicité les hôtels de la ville afin de doter toutes leurs chambres de bouilloires avec thé en sachet», déclare Mustapha Agounjabe, délégué du tourisme de Casa-Settat. Certains sont allés plus loin. C'est le cas de Mogador Hôtel Casablanca qui, après avoir reçu pendant cinq mois en 2017 toute une équipe de tournage d'un film asiatique qui met en scène Jackie Chan, décide de se conformer aux normes du pays. «Nous avons décidé de réaliser une version en mandarin de toutes nos cartes. Aujourd'hui, même les plans d'évacuation de l'hôtel sont aussi en mandarin. Nous avons également adapté le petit-déjeuner aux goûts de nos touristes chinois: soupes, riz, noodles, fruits et jus frais. En outre, nous sommes en cours de recrutement d'un accompagnateur chinois qui sera présent à l'hôtel. Il parle aussi parfaitement l'arabe classique», déclare Nabil Benjelloun, directeur général du Grand Mogador et Mogador Marina Casablanca, qui assure que les Chinois ne font jamais de réclamations sur place. Ce sont des touristes qui savent protester malgré leur calme apparent. Ils ont une autre manière de faire part de leur mécontentement : les réseaux sociaux. «Les Chinois ont leurs propres réseaux sociaux et sont très solidaires. Si vous recevez un seul commentaire négatif de la part d'un touriste suite à une prestation de mauvaise qualité, plus aucun Chinois ne viendra chez vous», déclare Khalid Lachiri, manager de Mnar Castle, appart-hôtel de 61 appartements (350 personnes) près de Tanger, un des premiers hôtels marocains présents sur Ctrip, le site de réservation chinois (900 millions de téléchargement de l'application). Les réseaux sociaux chinois, arme redoutable des touristes Aujourd'hui, la première clientèle de Mnar Castle est chinoise, suivie de la clientèle marocaine et française. «Les Chinois séjournent chez nous jusqu'à trois nuitées si des activités sont programmées. Ils apprécient les balades à cheval dans la forêt, l'incontournable visite des grottes d'Hercule, les sorties en mer et la Plage Achaqqar. Ils aiment surtout expérimenter des nouveautés. Par ailleurs, ils visitent obligatoirement Chaouen, soit dans la journée ou passent la nuit dans une maison d'hôtes ou un appartement réservé via Airbnb», détaille M. Lachiri. Amine El Moumni, DG du Casablanca Hôtel, un établissement de luxe dans la ville blanche où les Chinois arrivent en 15e position des nationalités, confirme. «La catégorie de Chinois qui séjournent chez nous aime découvrir de nouvelles expériences. Ils sont déjà habitués au luxe. La plupart réservent directement sur Booking.com et viennent en couple. Ils n'exigent aucune demande particulière», remarque M. Moumni. A Marrakech, qui a reçu en 2017 près de 35 000 touristes chinois (dont 5% est une clientèle de luxe), les professionnels espèrent drainer plus de touristes haut de gamme. Certains hôtels de la ville s'y sont déjà préparés. «A l'instar du Four Seasons Casablanca qui a recruté une collaboratrice chinoise, le Four Seasons Marrakech en a fait de même. Le Mandarin Oriental a ouvert un restaurant chinois. En outre, nous collaborons avec une écrivaine chinoise qui prépare un livre sur Marrakech qui raconte l'histoire de la ville. Cela rentre dans le cadre de notre stratégie de promotion du marché chinois. Par contre, nous avons besoin de plus de magasins de luxe», remarque M. Madih qui affirme qu'une dizaine d'agences de voyages marrakchies travaillent pour ce marché. Friands de maroquinerie et de cosmétique à base d'argane A Fès, qui bénéficie d'une embellie touristique sans précédent ( 33% de nuitées à fin mars 2018), quatre nouveaux restaurants asiatiques ont ouvert dont deux sont tenus par des Chinois. «Nous recevons des touristes dans le cadre de circuits des villes impériales. Ils arrivent en groupes vers les hôtels et maisons d'hôtes de plus de 25 chambres et visitent la médina de Fès. En termes de shopping, ils sont friands de la maroquinerie et des babouches marocaines et surtout de la cosmétique à base d'argane», déclare Yassir Jawhar, président délégué du CRT de Fès. Et pour booster l'arrivée de touristes chinois, une ligne directe entre Casablanca et Pékin est en négociation. Une deuxième ligne reliant Casablanca à Hong-Kong est souhaitée par les touristes, notamment d'affaires.
Touristes chinois au Maroc [tabs][tab title ="Les incontournables pour mettre cette clientèle à l'aise"] Une bouilloire accompagnée de thé en sachet dans la chambre. Une baignoire pour prendre leur douche. Un guide ou accompagnateur qui parle mandarin. Des plats asiatiques, des soupes, du riz, des nouilles et des fruits et des jus frais au petit-déjeuner. Les découvertes et nouvelles expériences. Les produits cosmétiques à base d'huile d'argane et la maroquinerie. Les Chinois sont très présents sur les réseaux sociaux. [/tab][/tabs]