La Sonasid a augmenté ses prix dès la première semaine de janvier. Les cimentiers avaient instauré la hausse en décembre. 280 DH le mètre cube de sable contre 150 DH en 2006. L'année 2008 commence difficilement pour le secteur des BTP. Les prix des matériaux de construction ont en effet connu des hausses plus ou moins significatives. Croissance de la demande, avec la multitude des chantiers d'infrastructures qui s'ouvrent dans les différentes régions du Maroc et l'ouverture de nouvelles zones à l'urbanisation, et hausse des cours des intrants sur les marchés internationaux en sont les principales causes. Ainsi, en quelques jours, l'acier a pris 20%, le sable 10% et le ciment 3%. Si, pour ce dernier produit, la hausse est survenue à la mi-décembre – elle est passée inaperçue en raison de l'Aà ̄d el Kebir -, pour l'acier, elle a été effective à partir de la première semaine de janvier. Le phénomène a concerné les deux types d'acier utilisés en construction, plus particulièrement le fer rond à béton. Le prix du kilogramme est ainsi passé à 15 DH contre 12 DH en 2006, sachant qu'une première hausse de 5% est survenue au milieu de 2007. Sur les huit premiers mois de l'année 2007, et selon des chiffres fournis par Sonasid, principal acteur sur le marché de l'acier au Maroc, 1,3 million de tonnes d'acier, dont 1,1 million de tonnes de rond à béton ont été écoulées, soit une hausse de la consommation de l'ordre de… 59% (!) par rapport à la même période de 2006. Cependant, cette demande croissante n'est pas la seule raison de l'augmentation des prix à la vente. La pression sur le marché international des matières premières, exercée par la Chine essentiellement, a fait grimper les cours mondiaux. Nacer Bouimadaghene, DGA de Sonasid, précise que les cours de la billette et de la ferraille, par exemple, ont augmenté de 20 à 25% selon la qualité du produit. Cette hausse à l'international n'est pas systématiquement répercutée. «Il faudrait que la hausse des cours se confirme dans le temps et dure un certain moment pour pouvoir la répercuter sur nos prix de vente. Nous avons également une gestion de stocks qui nous prémunit contre les fluctuations du marché international», souligne-t-il. En effet, la Sonasid possède des stocks qui vont de quatre à six semaines de production. Le professionnel met le doigt sur un autre problème, celui de la limitation des capacités de production au Maroc. La sidérurgie étant une industrie très capitalistique, les investissements dans de nouvelles unités ne sont pas légion. Actuellement, ils sont quatre producteurs à se partager le marché avec, tout de même, une part de marché de plus de 70% pour Sonasid. Entre 2008 et 2009, ce sont pas moins de trois nouvelles unités qui augmenteront leur production, ce qui portera la capacité de production du marché à près de 1,7 million de tonnes contre 1,3 million en 2007. La ferraille et la billette ont augmenté de 25% à l'international Pour le ciment, spéculation et risque de saturation de la capacité de production créent une grande tension sur le marché. Mais on est loin de la hausse vertigineuse vécue à la mi-2007 (le sac de 50 kg était passé de 45 DH à 60 DH en quelques jours). «De nombreux efforts ont été fournis pour éviter que ce scénario ne se déroule à nouveau», fait remarquer ce professionnel. A fin septembre 2007, 9,8 tonnes de ciment ont été écoulées sur le marché national, contre 8,5 millions une année plus tôt, soit une augmentation de l'ordre de 15%. Difficile donc pour les unités de production existantes de suivre ce rythme. En effet, la croissance du secteur suppose l'ouverture d'une nouvelle cimenterie de capacité moyenne chaque année. Mais pour implanter une nouvelle unité de production, il faudrait près de quatre années d'études et de travaux et près de 2,2 milliards de DH d'investissements. En attendant, les cimentiers ont tous décidé, pour ce début 2008, d'augmenter de 3% leurs prix sortie usine. Raison invoquée: des coûts de production plus élevés. Le sable plus rare en raison des contrôles dans les carrières En ce qui concerne le sable, l'augmentation observée par les promoteurs, ajoutée à celles qui sont survenues tout au long de l'année 2007, a quasiment fait doubler le prix du mètre cube. Pour la région de Casablanca, par exemple, le mètre cube se vendait en 2006 entre 120 et 150 DH selon la qualité du matériau. Actuellement, il oscille entre 240 DH et 280 DH. Principale raison: le renforcement des mesures de contrôle et de respect de l'environnement dans les carrières de sable. Selon une source au sein de Drapor, qui fournit près de 10% du marché national, essentiellement en sable de dragage, la hausse n'est pas près de se ralentir. Cette tendance a été amorcée depuis plus d'une année et s'est confirmée tout au long de 2007, mais les dernières hausses mettent les promoteurs immobiliers en colère. La perspective d'un contrat-programme actuellement en négociation avec le gouvernement n'y est pas étrangère. «Le gouvernement voudrait nous engager sur des objectifs chiffrés inscrits sur un calendrier fixe. Comment voulez-vous que nous respections ces engagements alors que les prix des matériaux de construction ne cessent d'augmenter ?», s'insurge ce promoteur immobilier qui fait essentiellement dans le résidentiel de haut standing. Quoi qu'il en soit, c'est toujours le client final qui supporte les charges supplémentaires.