Créée en 2008, l'entreprise gère désormais 46 villes dont Bamako et Khartoum. Elle a quadruplé son chiffre d'affaires pour atteindre 800 millions de DH dont 28% réalisés en Afrique. De 500 employés en 2010, Ozone emploie actuellement plus de 7 000 personnes dont 2 000 en Afrique. Qui aurait imaginé, il y a encore quelques années, qu'une entreprise marocaine détrônerait les puissantes multinationales sur le marché de la gestion déléguée des services de propreté urbaine ? Surtout lorsqu'on sait que le marché a été ouvert par des appels d'offres internationaux à la fin des années 90, excluant dès le départ les sociétés marocaines, peu nombreuses à l'époque. Pourtant, deux décennies après le premier contrat de Hay Hassani à Casablanca remporté par Suez en 1997, c'est l'entreprise marocaine Ozone qui trône sur ce marché juteux. Du moins, en nombre de contrats et non pas en chiffre d'affaires, relativisent des professionnels du secteur. Mieux encore, Ozone s'est depuis 2015 internationalisée en Afrique, en remportant des contrats de gestion déléguée à Bamako au Mali et à Khartoum au Soudan. Aujourd'hui, la société gère 46 villes et génère un chiffre d'affaires de 800 MDH dont 28% réalisés en Afrique. De 500 employés en 2010, elle emploie plus de 7 000 personnes aujourd'hui dont 2000 en Afrique. Du nettoyage à la collecte des déchets L'aventure Ozone démarre en février 2008. «Nous avons commencé avec une équipe de 4 femmes dont ma sœur qui était superviseur. Notre premier client était le ministère chargé des MRE. Notre activité portait sur le nettoyage et le gardiennage pour le compte des administrations et des entreprises», se remémore Aziz Badraoui, patron et associé unique d'Ozone. Port de Kénitra, Direction régionale des impôts du Gharb, l'ensemble des établissements du HCP…, les premiers marchés sont concluants. En deux ans, l'équipe grandit pour atteindre 500 employés. Quand nous interrogeons Aziz Badraoui sur le capital, le quadra rbati lance avec un sourire malicieux: «Ne riez pas. Nous avons commencé à 20 000 DH pour arriver aujourd'hui à 100 millions de DH». Le premier pas d'Ozone dans la collecte des déchets et le nettoiement est un bon de commande de 200000 DH dans la commune rurale de Oulad Tayeb près de Fès. Début 2010, l'entreprise remporte un contrat de gestion déléguée à Had Oulad Fraj, près d'El Jadida, pour 1,5 million de DH par an. Trois mois après, elle remporte le marché de Bouznika dont le contrat s'élève à 10,1 millions de DH. A noter que les contrats de gestion déléguée portent sur une durée de 7 ans. Ozone poursuit sa montée en puissance en surfant sur l'essor de la gestion déléguée en remportant des contrats dans de petites communes qui recourent pour la première fois à ce mode de gestion, à savoir Oualidia, Saidia, Bni Drar, Bouknadel, Sidi Allal Al Bahraoui… Ce n'est qu'en 2012 que les choses sérieuses commencent. «Nous avons remporté notre premier gros contrat à Fès avec un lot de deux arrondissements pour 34 millions de DH. S'ensuivront d'autres gros contrats à Salé, Rabat, Laâyoune», indique M. Badraoui. En remportant d'autres lots à Fès pour la coquette somme de 94 millions et en devenant l'unique prestataire de cette ville, Ozone se positionne déjà en challenger des leaders du marché. Un positionnement qui sera confirmé par d'autres contrats toujours à Salé où Ozone gère 90% des déchets ménagers et d'autres villes moyennes comme Guelmim, Khouribga et Sefrou. Si des bruits de couloir exprimés par ses concurrents font état de sa proximité avec un grand parti politique, Ozone s'en défend en arguant que sur les 44 villes dont la collecte de déchet est gérée par Ozone, tous les principaux partis sont représentés. «Certains nous accusent de proximité avec les Istiqlaliens sous prétexte qu'Ozone a remporté de gros contrats dans ses fiefs. Or, si vous prenez nos cinq premiers contrats, vous trouverez des conseils gérés par l'USFP, le PPS, le RNI, le MP et le PJD. Cela dit, nous accordons beaucoup d'importance au relationnel, et c'est évident dans notre secteur», soutient M. Badraoui. Fin 2015, Ozone va surfer sur une autre vague : l'internationalisation de l'expertise marocaine en Afrique. Son aventure commence au Mali où elle remporte un marché négocié dans la capitale Bamako pour 15 millions d'euros. Vient ensuite la Guinée où elle est sollicitée en haut lieu pour gérer la collecte des déchets et le nettoiement à Conakry pour 14 millions d'euros. Seul hic, le marché guinéen n'est pas encore exécuté, faute de financement. Mieux encore, l'entreprise rbatie va ouvrir le bal des investissements marocains au Soudan où elle remporte un gros contrat couvrant 7 villes de la wilaya de Khartoum. Montant global de la transaction : 24 millions d'euros. «Nous avons capitalisé sur nos réalisations à Salé et à Fès pour nous vendre en Afrique. Nous avons également acquis trois certifications qualités en 2015 pour rassurer davantage nos clients», indique notre interlocuteur. «Casser les prix pour se faire un nom» Quid donc des ingrédients de la recette Ozone ? Débaucher de bon profils chez les concurrents, baisser les prix, optimiser les ressources pour présenter les meilleures offres techniques, réinjecter la totalité des bénéfices pour renforcer la structure financière, investir dans les certifications qualité… Ce sont là quelques-uns des facteurs clés de succès énumérés par notre interlocuteur. Connu dans le secteur pour avoir cassé les prix durant ses premières années d'activité, le patron d'Ozone assume cette politique, du moins pendant les premières années d'activité. «Comment voulez-vous qu'on s'impose devant les grands sans réduire les marges ? Il était évident de présenter des offres plus compétitives. Si les marges oscillaient entre 20 et 25% à l'époque, Ozone se contentait de 10%. Nous sommes une entreprise marocaine qui n'a pas de cash à faire remonter à une maison mère à l'étranger», confie Badraoui. «En 10 ans d'activité, nous n'avions distribué de dividendes qu'une seule fois, tous les gains sont réinvestis. Concernant le volet RH, nombre de top managers chez nous sont des profils qui ont fait leurs preuves chez les multinationales du secteur. Moi-même, j'ai passé plusieurs années comme chargé d'études, de démarrage et de développement chez Véolia, Pizzorno, GMF et dans un bureau d'études», précise notre interlocuteur, visiblement fier de faire en personne un suivi journalier des activités !