Le Fonds de solidarité des assurances y contribue par un prêt de 800 MDH. Selon ses responsables, la compagnie est désormais assainie. Le groupe Saham, qui contrôle aussi la CNIA, a lancé une étude pour la réorganisation de son pôle assurance. Une année après sa reprise par le groupe Saham, dirigé par My Hafid Elalamy, la compagnie d'assurance Es saada, alors «très malade», semble s'être rétablie. C'est du moins ce qu'annoncent ses responsables. Cette compagnie, qui appartenait à la famille Ouazzani, souffrait d'un sous-provisionnement chronique : ses engagements étaient largement en-dessous du montant des réserves dont elle disposait. Au point qu'elle ne pouvait plus payer les sinistres couverts, cumulant ainsi d'importants arriérés dont le montant est encore gardé secret. Le déséquilibre financier n'a pas empêché le groupe Saham d'aller au charbon en septembre 2006 après avoir racheté, une année auparavant, la CNIA au groupe ARIG, car, précise M. Elalamy, «on n'abandonne pas une compagnie malade et nous avons décidé de la sortir de sa crise ! ». Appel a été alors fait à plusieurs cabinets (un marocain pour l'audit comptable et deux étrangers pour l'audit financier) pour établir un diagnostic précis et élaborer un plan d'assainissement. Les conclusions ont confirmé que les difficultés de la compagnie étaient essentiellement dues à des problèmes de gestion de fonds. M. Elalamy explique, à ce titre, que «la compagnie avait accepté de couvrir des branches qui étaient déficitaires, il y a quelques années, comme l'automobile, d'une part, et, d'autre part, la compagnie a beaucoup pratiqué la sous-tarification». Un montant de 2,2 milliards de DH est injecté dans la compagnie, dont 800 millions ont été, selon des sources au ministère des finances, octroyés par le Fonds de solidarité sous forme de prêt sans intérêt qui s'étalera sur une quinzaine d'années. Le Fonds de solidarité, faut-il le rappeler, est alimenté par les compagnies d'assurance et vient au secours de celles qui ont des difficultés au niveau des branches obligatoires et à tarif réglementé. Tous les emplois ont été maintenus La première année a été consacrée au nettoyage des comptes en vue de relancer la compagnie. Sa part de marché se situe actuellement à 7% pour un chiffre d'affaires de l'ordre d'un milliard de DH. Avec les réalisations de la CNIA, Saham en arrive donc à une part de marché consolidée de 15%. Il revendique ainsi (pour ses deux sociétés réunies) la troisième place du secteur derrière RMA-Watanya et Axa Assurance Maroc. Reste maintenant à savoir comment le groupe compte organiser ce pôle assurance. Les deux compagnies seront-elles fusionnées ou demeureront-elles autonomes? Cette question, certes, ne constitue pas une priorité, mais le patron du groupe confie que la réflexion a été tout de même engagée et qu'un cabinet étranger est en train de plancher sur le dossier. Selon M. Elalamy, les conclusions seront prêtes en mars 2008. Il précise, en substance, que d'ici là il y aura davantage de visibilité. «Il ne s'agit pas d'agir dans la précipitation, d'autant plus que notre challenge est d'assainir et de remettre en selle la compagnie», précise-t-il. Si le patron du groupe Saham s'abstient de donner des détails sur la stratégie de développement de son pôle assurance, en revanche, dans la profession, on estime que le scénario le plus probable est de préserver l'autonomie des deux compagnies. D'ailleurs, My Hafid Elalamy ne manque pas de souligner la complémentarité de l'activité des deux compagnies qui sont aujourd'hui le leader sur la branche automobile. D'autres synergies pourront être trouvées sur d'autres branches, sachant que Es saada dispose, selon son patron, de plusieurs spécificités intéressantes, notamment un bon positionnement sur le créneau de l'assurance destinée aux groupes de personnes (maladie entre autres). Pour élargir la gamme des produits, les équipes de la compagnie, qui compte quelque 300 personnes, ont été renforcées grâce au recrutement de plusieurs hauts cadres. Il importe, à ce propos, de souligner que l'assainissement de la compagnie n'a pas nécessité de plan social car «Es saada n'avait pas de problème de ressources humaines, mais souffrait de problèmes de gestion», souligne M. Elalamy.