Un réseau de 124 km de longueur. La priorité est donnée à deux lignes de tramway de 38 km, une dizaine de km de métro et 13 km de voies exclusives pour bus. Il faudra 18 milliards de DH pour réaliser cette première tranche. Comment résoudre les problèmes de circulation et de déplacement à Casablanca ? La question date de plusieurs décennies, et la métropole, tout en continuant de s'étirer, avait oublié de se pencher plus sérieusement sur son transport. L'expérience fort mitigée des entreprises privées d'autobus, comme celle de la concession de l'ex-RATC, devenue M'dina bus, ont fâché pour de bon les Casablancais avec leurs transports en commun. Et ce n'est pas l'ONCF avec son «Bidaoui», à l'itinéraire inadapté aux déplacements des populations, qui pouvait réconcilier celles-ci avec ce service public. Heureusement qu'il y a les 5 500 grands taxis et les quelque 8 000 petits taxis. Mais ce mode de transport peut-il continuer à être le palliatif des carences dans une métropole abritant plus de 3 millions d'habitants, avec une population qui croà®t du quart en journée alors que, depuis 25 ans, il n'y a pas eu d'investissements dans les infrastructures et les équipements de transport ? Le scénario a été validé le 17 juillet L'on rappelle que, depuis deux ans déjà , un groupement d'études mené par la société d'ingénierie française BCEOM se penche sur un nouveau plan de déplacement urbain qui s'inscrit dans le cadre d'un schéma directeur d'aménagement urbain (SDAU) de la ville, comprenant, outre les solutions de transport adaptées, la mise à niveau de la signalétique et la réalisation de grands ouvrages (ponts, trémies, nouvelles voies), le tout devant permettre une meilleure fluidité de la circulation aussi bien motorisée que piétonne. Les études techniques sur le transport ont finalement été validées lors de la réunion du Conseil de la ville le 17 juillet 2007, qui avait à se pencher sur trois scénarios, tous issus de la physionomie des déplacements quotidiens des Casablancais. Finalement, le choix s'est porté sur une synthèse de deux scénarios. Idées maà®tresses : combiner entre faisabilité et souci de répondre de manière optimale aux contraintes de la circulation. Pour cela, l'étude s'est appuyée sur l'orientation des flux en partant des zones émettrices de déplacement, notamment celles à forte densité de travailleurs comme les quartiers de Sidi Bernoussi, Sidi Moumen, Hay Hassani et Hay Mohammadi, entre autres, pour arriver aux zones réceptrices que sont le centre-ville, le quartier Maârif, le quartier des hôpitaux, la zone des facultés (route d'El Jadida), la zone de Sidi Maârouf ainsi que la zone industrielle de Aà ̄n Sebaâ. L'on ne s'étonnera donc pas de constater que le schéma retenu (voir carte) prévoit des infrastructures orientées aussi bien dans le sens nord-sud qu'est-ouest. Comment se déclineront ces infrastructures ? Deux types de modes ont été retenus : ferroviaire, avec des lignes métro-RER et des tramways, et roulier avec des lignes de bus. 28,8 milliards de DH d'investissement si l'on tient compte du RER Pour le transport ferroviaire, notons d'abord une ligne RER allant de Mohammédia à l'aéroport de Nouaceur, en passant par Casa-port et Casa sud, soit 63 km. Important à signaler, cette portion comprendra une partie souterraine, qui constituera la première tranche du métro urbain. S'étendant de Casa-port aux quartiers des facultés, elle totalisera 10 km de trajet. L'autre tranche de métro, qui s'étend sur 21 km reliera, elle, le centre-ville aux quartiers périphériques : Sidi Moumen, Hay Moulay Rachid, Sbata, et Sidi Othman. Investissement total, pour le métro uniquement : 9 milliards de DH, sachant que les 43 km de RER coûteront, eux, 11 milliards. Toujours dans le transport ferroviaire, le scénario retenu prévoit également deux lignes de tramway subdivisées chacune en deux tronçons. La première, sur l'axe Sidi Moumen-centre ville- facultés, totalisera 21 km de trajet. La seconde, elle, va de Hay Mohammadi à Hay Hassani en passant par El Fida. Longueur totale : 17 km. La solution tramway mobilisera une enveloppe de 8 milliards de DH. Enfin, à ces investissements, il faudra ajouter quelque 700 MDH pour réaliser une ligne de bus à couloir spécifique de type BRT. Reliant le quartier Al Inara à Aà ̄n Sebaâ, en passant par Sbata, Sidi Othmane, Moulay Rachid et Sidi Moumen, elle devrait permettre aux habitants des quartiers périphériques de disposer d'une solution de transport irriguant les principales zones industrielles de la ville. Au total donc, ce sont 124 km de lignes additionnelles pour 28,8 milliards de DH d'investissement qui sont prévus. Question : quand tout cela sera-t-il réalisé ? Selon Mohamed Sajid, maire de la ville, il faudra au moins une décennie sinon un peu plus pour boucler les chantiers. En attendant, les études préliminaires et d'avant-projet pour les lignes prioritaires en surface ainsi que le montage financier devront être achevés d'ici mars 2008. Focus Un scénario hybride entre deux options Les chéma retenu pour la ville de Casablanca est une solution hybride, regroupant deux ( le 1er et le 2e ) des trois scénarios proposés à la ville. Le premier scénario, dit le «Grand Casa ferroviaire», s'appuie sur le réseau des infrastructures existantes, complétées par un axe souterrain Casa-port, Anfa, Casa sud. Le réseau ferroviaire est soutenu dans ce cas par la mise en place d'une desserte rapide de masse (tramway) sur les axes qui connaissent les déplacements les plus forts. En parallèle, il s'agira de revoir et restructurer un réseau urbain de bus autour des axes principaux. Le second scénario, appelé le «Renouveau urbain», s'attache à désenclaver les quartiers le plus denses par un réseau de tramway sur les axes lourds, c'est-à -dire reliant les quartiers périphériques aux quartiers réceptifs. Ce scénario s'appuie, en parallèle, sur le réseau ferroviaire existant avec création de «nÅ"uds intermodaux» entre Casa-port, Casa-voyageurs et Casa sud. Le troisième scénario, «Tram et requalification urbaine», porte sur la mise en place d'un réseau dense de tramway sur tout le territoire urbanisé, et permet ainsi de réduire l'utilisation de la voiture particulière, notamment en réorganisant le réseau urbain d'autobus autour des axes de tramway. Suivi des ouvrages Casablanca externalise Ne disposant pas vraiment de compétences en interne, le Conseil de la ville de Casablanca a opté pour la sous-traitance du suivi des ouvrages en sélectionnant un assistant à la maà®trise d'ouvrage, en l'occurrence le bureau Semaly pour une mission de 18 mois qui a démarré le 22 février 2007. Ce marché de 6 MDH consiste dans le pilotage par Semaly des études techniques pour le transport en commun en site propre (TCSP) ou tramway, la définition des études complémentaires : rédaction des cahiers des charges, analyse des offres et suivi des prestations, et enfin le montage financier de l'opération. Le marché des études techniques proprement dites, c'est-à -dire la définition du réseau à long terme et le choix des deux lignes prioritaires, a été confié à Systra Maroc pour un montant de 15 millions de DH à réaliser en 11 mois à partir du 11 mars 2007. Un comité de suivi formé autour de l'équipe de la Commune urbaine de Casablanca (CUC), maà®tre d'ouvrage, composé de responsables techniques de la wilaya, de l'Agence urbaine, de l'ONCF, etc., est chargé de veiller à la validation des choix techniques et de la coordination avec les projets connexes