L'encours des comptes à découvert s'élève à 4,7 milliards de DH, soit moins de 2% des crédits aux particuliers. Ce volume est en recul de 14,5% par rapport à 2010. Le découvert bancaire moyen par compte chèque est actuellement de 412 DH. Si l'on est tenté de penser que les ménages marocains recourent de plus en plus au découvert bancaire pour faire face à des dépenses en augmentation (les dépenses de consommation des ménages ont presque doublé depuis 2001, selon le HCP), cela est très loin de se vérifier par les chiffres. Selon les données du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), diffusées de manière restreinte, les établissements de la place affichaient un peu plus de 4,7 milliards de DH d'encours en comptes chèques débiteurs (utilisés surtout par les particuliers) à fin 2016. Ce volume est resté en quasi-stagnation sur une année. Il est même en régression si l'on remonte plus loin. On en est par exemple à une baisse de 14,5% par rapport à 2010 où les particuliers cumulaient 5,5 milliards de DH de découvert chez leurs banques. A vrai dire, l'on ne peut même pas dire que le recours à ce service est répandu sur le marché national. En effet, ce financement à court terme ne représente même pas 2% des 243 milliards de DH de crédits accordés aux particuliers. Il pèse tout aussi peu par rapport aux 358 milliards de DH que détiennent les ménages sur leurs comptes chèque. Autre chiffre évocateur : le découvert bancaire moyen par compte ne s'établit actuellement qu'à un peu plus de 412 DH, sachant que l'on compte 11,4 millions de comptes chèques au niveau national, selon les chiffres de Bank Al-Maghrib. Plusieurs raisons expliquent cet usage limité Cet usage limité du découvert bancaire par les particuliers s'explique, selon les banquiers, par le fait que le crédit en général est loin d'être rentré dans les mœurs de la clientèle au niveau national. Précisons à ce titre que plus de 60% du crédit bancaire en général sont distribués sur l'axe Casablanca-Rabat, tandis que d'autres régions se contentent de moins de 5%. En outre, lorsqu'il s'agit de faire face à des dépenses inattendues, les clients préfèrent dans la majorité des cas contracter des prêts personnels classiques, portant sur de très petits montants, plutôt que de recourir au découvert, informent les professionnels. Les prêts à la consommation représentent en effet plus de 10 fois ce que les particuliers ont comme découvert sur leurs comptes. Ce «conservatisme» des ménages a aussi fait que le crédit renouvelable (revolving) n'a jamais pu percer sur le marché national. Cette solution lancée il y a plus de 15 ans reste aujourd'hui limitée à un encours de 158 MDH. Ce n'est pas faute d'efforts de la part des banques que le découvert n'est toujours pas rentré dans les usages. Notons à ce titre que certains établissements paraissent être soucieux plus que les autres d'équiper leur clientèle de ce service. Ainsi, Attijariwafa bank, BMCE Bank of Africa et Crédit Agricole du Maroc s'arrogent chacune plus ou moins 25% de part de marché sur l'encours des comptes chèque débiteurs. Il faut dire que ce financement présente un attrait pour les établissements bancaires car il est assorti d'un taux élevé, dans un contexte de taux bas, et du fait que la banque décide elle-même du découvert autorisé, elle a une maîtrise complète du processus, expliquent les professionnels. Les établissements intègrent systématiquement ce service dans leurs packs. Généralement, pour moins de 100 DH par mois, le client peut bénéficier d'un dépassement pouvant représenter 80% de son salaire, voire plus. Dans la plupart des cas, le découvert est autorisé à partir du moment où le client justifie de 6 mois d'activité et de 3 mois d'ancienneté de compte avec constatation de virement de salaire. Reste que le découvert bancaire coûte cher pour les particuliers. Selon les offres du marché, le dépassement autorisé est facturé entre 11% et 14,3% (taux d'usure) hors taxe. Pour se faire une idée, une autorisation de 10 000 DH peut donner lieu à des agios de 330 DH en un trimestre pour un taux de 12%. Plus que cela, sur les derniers mois les établissements ont eu tendance à durcir leurs conditions pour les dépassements non autorisés. C'est ainsi que plusieurs banques de la place ont augmenté leurs commissions appliquées en cas de dépassement non permis, ou ont introduit ces frais pour celles qui ne les appliquaient pas auparavant.