A fin octobre, l'encours des prêts a progressé de 6,1%. Les créances en souffrance explosent chez les ménages.
Par Y.S
Depuis le début d'année, la production des prêts bancaires reprend de la hauteur. A fin octobre, le taux de croissance des crédits s'élève à 6,1% en glissement annuel, selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib (BAM). L'encours dépasse les 898 milliards de DH. Cette évolution du rythme de croissance du crédit bancaire recouvre cependant quelques disparités. Si les facilités de trésorerie (+9,9%), les prêts à l'équipement (+ 3,6%) et les crédits à la consommation (+4,6%) enregistrent de bonnes performances, les banques poursuivent leur rationnement dans les crédits accordés aux promoteurs immobiliers. D'ailleurs, c'est la seule catégorie qui affiche un recul depuis le début d'année (-2%) et sur l'année glissante (-1,9%).
Les crédits à court terme remontent la pente Sur les crédits à court terme, les banquiers desserrent les vannes au profit des entreprises. Les crédits de trésorerie, qui financent leur besoin en fonds de roulement, sortent enfin du rouge, rompant avec la dynamique constatée des années passées. D'une année à l'autre, la hausse sur ce segment de crédit est de 9,9%. Autrement dit, sur cette catégorie de financement, les banques ont distribué 16,68 milliards de DH de plus qu'en octobre 2018. Et ce, malgré l'allongement des délais de paiement. Cette progression intervient pourtant au moment où les taux débiteurs appliqués sur cette catégorie de prêts ressortent en hausse de 4 pbs au troisième trimestre.
Les EEP lèvent le pied Par secteur institutionnel, les concours alloués au secteur non financier ont progressé de 4,8% en octobre après 4,7% en septembre. Une hausse attribuable à l'accélération du rythme de progression des crédits au secteur privé à 5,4%. En zoomant, il ressort que les prêts à l'équipement pour les entreprises privées ont augmenté de 4,7% depuis le début d'année, malgré la conjoncture économique qui prévaut actuellement. A l'opposé, ceux accordés aux entreprises et établissements publics (EEP) et qui boostaient le crédit au secteur non financier depuis des années, affichent une régression de 9,2% en glissement annuel, et de 7,2% depuis janvier 2019. Ces derniers devraient toutefois continuer à soutenir la croissance du crédit bancaire en 2018, avec un volume d'investissements prévisionnel de 101,19 milliards de DH. Ces géants étatiques, qui consentent un certain nombre d'investissements particulièrement budgétivores, n'ont pas beaucoup de difficultés à lever des fonds auprès des banques, la garantie de l'Etat étant un atout supplémentaire. Sur le plan des financements participatifs, et malgré l'absence du Takaful, les banques participatives continuent de faire progresser leurs encours. L'encours global des financements participatifs à fin octobre 2019 atteint à 8,28 Mds de DH. Un chiffre en hausse de 80,6% depuis le début d'année et de 127,6% en glissement annuel. Ce montant englobe des financements à l'immobilier (Mourabaha immobilière) de 7,30 Mds de DH, à la même période. Parallèlement, la Mourabaha auto et le financement participatif à l'équipement ressortent à 964 MDH à fin octobre 2019. Pour leur part, les comptes chèques et comptes courants auprès des banques et fenêtres participatives atteignent 2,66 Mds de DH. Les engagements sous forme principalement de refinancement à travers le produit «Wakala bil Istithmar» et des dépôts à vue reçus des banques-mères atteignent, quant à eux, 2,75 Mds de DH au terme des dix premiers mois de l'année.
La contentialité en forte hausse chez les ménages L'encours des créances en souffrance continue de progresser. En effet, selon les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib, à fin octobre, le portefeuille des créances en souffrance détenu par les banques atteint 69,69 milliards de DH. La hausse est de 6,8% par rapport à l'encours de janvier 2019, et de 4,7% par rapport à octobre 2018. Sur l'encours total, et en Year-to-date, les créances en souffrance ont augmenté aussi bien pour les entreprises que pour les ménages : +1,4% à 39,69 milliards pour les premières, et +14,7% à 28,88 milliards de DH pour les seconds. Dans ces conditions, le taux de créances en souffrance ressort à 7,5% à fin octobre 2019.