L'offre de surfaces logistiques aménagées a atteint 600 ha. La demande émane principalement des multinationales et de quelques grands groupes locaux. L'AMDL espère que le projet de loi sur la logistique sera adopté dans le courant de l'année. Après la signature du contrat programme logistique, la mise en œuvre de la stratégie nationale se poursuit normalement. Plusieurs études ont été menées par l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL), notamment dans le volet de la logistique urbaine, du développement des plateformes logistiques... Elle estime que l'offre de surfaces logistiques aménagées totalise 600 ha. Ces projets sont portés à 87% par des investisseurs publics tels que la Société nationale de transport et de logistique (SNTL), l'Office national des chemins de fer (ONCF), MedZ, filiale du Groupe CDG... Les entrepôts construits dans les régions de Casablanca et de Tanger ont été réalisés à 74% par des opérateurs privés. Selon des professionnels, l'offre répondant aux standards de qualité proposée par quelques grandes entreprises privées et publiques totalise 600000m2. Seul bémol, la demande ne suit pas au même rythme. Elle est exprimée par quelques multinationales et grandes entreprises. Les PME et TPE tardent à se manifester. «En somme, 95% de mes clients sont des multinationales. Etant à la base des entreprises transparentes, elles externalisent volontiers leur logistique. Les entreprises du secteur informel gèrent la logistique en interne et continuent à stocker leur marchandise dans des entrepôts clandestins. Pour susciter la demande pour des prestations logistiques, il suffit d'appliquer les lois et les décrets d'application», commente un opérateur. En effet, la marchandise stockée de manière aléatoire est très souvent importée par voie maritime et arrive au port de Casablanca où la traçabilité est de rigueur. «Les autorités de tutelle pourraient tout simplement surveiller cette marchandise et ainsi identifier l'entrepôt de stockage clandestin. Si la loi interdit le stockage aléatoire, l'opérateur envisagerait dès lors le recours à une logistique structurée. La demande sera ainsi créée», analyse-t-il. Les coûts ont nettement baissé Parmi les freins à l'externalisation logistique, figure en effet la transparence et la traçabilité des prestataires sur l'activité de leurs clients. Même le prix n'est plus un facteur décourageant. Selon l'AMDL, le prix moyen de location de l'immobilier logistique a baissé de 35% en 6 ans dans la région de Casablanca. «Il est passé de 62DH/m2/mois en 2010 à 40DH aujourd'hui. Le prix de l'entreposage a baissé pour atteindre 1,9DH/jour/palette en moyenne au lieu de 3DH/jour/palette», indique l'AMDL. Certains prestataires sont même accusés de casser les prix. On dénonce en outre une «concurrence déloyale» de la part d'opérateurs publics au niveau des prix. «Une société publique a accès au foncier subventionné par l'Etat. Elle répercute ce coût sur le prix de ses prestations et s'adjuge un avantage compétitif par rapport à ses compétiteurs. Aujourd'hui, les opérateurs privés sont sous pression et subissent une concurrence déloyale», proteste Moncef Belkhayat, président de Dislog et président de Tijara 2020, association des professionnels de la distribution. Pour tirer son épingle du jeu, Dislog s'est positionnée dans un métier intégré de distribution et logistique. Ce qui lui a permis de réaliser de belles performances. «En 2016, nous avons réalisé une croissance de 7% en moyenne sur le business établi et 22% sur les nouveaux clients. Si on s'était cantonné aux prestations logistiques, Dislog ne se serait pas développée», lance M. Belkhayat. Malgré les contraintes des opérateurs, le marché de la logistique essaie de trouver un nouveau souffle dans de nouvelles activités. Aujourd'hui, les prestataires logistiques peuvent exploiter l'activité des magasins et aires de dédouanement (MEAD). Ces magasins permettent à l'importateur ou à l'exportateur de garder sa marchandise en attendant son dédouanement. «Le marché demeure peu significatif. La marchandise est stockée dans les MEAD entre 2 et 3 jours, voire une semaine au maximum. Le vrai marché réside dans la logistique», déclare un opérateur. L'Etat exhorté à être plus sévère avec l'informel Pour sa part, l'AMDL s'active avec les associations professionnelles et les entreprises du secteur. Hicham Sâadli, président de la commission logistique à la CGEM, affirme que la confédération a entamé avec l'AMDL un roadshow régional pour sensibiliser les entreprises sur l'externalisation. «Néanmoins, des mesures plus agressives au niveau juridique et fiscal sont nécessaires pour pousser le secteur informel à l'externalisation de l'activité logistique. L'informel consomme une bonne partie de la demande. Pour le pousser à se structurer, il faut lui offrir des conditions très compétitives ayant un impact sur sa rentabilité. Cela dit, l'Etat doit mettre la main à la poche», déclare M. Saâdli. Le courage de l'Etat est nécessaire pour développer la compétitivité logistique. «Les actions doivent être courageuses et délicates à la fois», ajoute M. Saâdli. En attendant, l'AMDL a finalisé, en 2016, sa nouvelle stratégie opérationnelle sur 5 ans et attend sa validation et sa contractualisation par le prochain gouvernement. De même, l'agence espère que le projet de loi sur la logistique sera adopté dans le courant de l'année. «Nous visons aussi des décisions cruciales sur les leviers de promotion des zones logistiques dans le cadre de la préparation du contrat programme Etat-AMDL», indique l'agence.