La «One-on-One Equity Conference» de CFG Bank a réuni 40 investisseurs étrangers cette année contre 36 l'année dernière. Malgré la cherté et le manque de liquidité de la place, celle-ci séduit par sa stabilité et sa croissance. Le marché actions semble regagner les faveurs des investisseurs étrangers en 2016. Malgré une légère baisse, à fin 2015, de la part des investissements des étrangers et des MRE dans le flottant en bourse à 8,96%, soit 13,9 milliards de DH (contre 9,79% ou 15,4 milliards de DH une année auparavant), les investisseurs semblent aujourd'hui de plus en plus confiants par rapport à la place casablancaise. C'est en tout cas ce qui ressort de la 3e édition de la «One-on-One Equity Conference» organisée par CFG Bank du 12 au 14 octobre à Marrakech et qui a permis aux investisseurs étrangers (une quarantaine cette année, contre 36 l'année dernière) de rencontrer plusieurs émetteurs marocains (25 dont 4 étrangers). En effet, selon Younes Benjelloun, directeur général de CFG Bank, «une quarantaine d'investisseurs ont assisté à cet évènement, dont une quinzaine ont répondu présent pour la première fois. Tous accordent une attention particulière au marché financier marocain. En plus de la performance de l'indice général du marché depuis le début de l'année, ils s'intéressent à d'autres critères comme le poids du marché dans l'indice frontier markets mais aussi le positionnement du Maroc dans son continent». Il faut dire que malgré la cherté de la place et son manque de liquidité persistant, les investisseurs commencent à relativiser ces aspects et se montrent séduits par d'autres atouts qu'offre la place. En effet, avant de pénétrer un marché, les investisseurs se posent trois questions majeures : Quelle est la croissance que l'on attend ? Combien nous demande-t-on pour cette croissance (PER, Price to book) ? Et quel est le risque que la croissance attendue ne se réalise pas ? Pour répondre à ces questions, l'investisseur évalue le pays d'un point de vue politique et économique. Selon Walid Saibi, directeur général de la société de bourse Tunisie Valeurs, «les avantages que présente le marché marocain sont multiples, notamment la stabilité politique du pays». Une idée partagée par un gérant de fonds d'investissement new-yorkais qui confirme que «cet élément est primordial pour tout investisseur. C'est un réel atout pour le Maroc, comparé aux autres pays arabes». La Tunisie, par exemple, continue de subir de plein fouet les retombées de son instabilité politique. «Les étrangers représentaient à peu près 25 à 30% de la capitalisation boursière. Cette part a chuté à 7% aujourd'hui, au profit du marché marocain qui présente de réels avantages» affirme M. Saibi. L'autre point fort du marché marocain est qu'il parvient à stabiliser sa monnaie par rapport aux monnaies étrangères. Contrairement à d'autres places, comme le marché égyptien qui est bien plus liquide mais où le risque de dévaluation est trop important. «Un investisseur étranger peut réaliser une performance annuelle de 15% en Egypte, mais en devises il reste perdant», nous livre Walid Saibi. Pour sa part, Khaled Abdel Majeed, managing partner à Mena Capital, une société de gestion de portefeuille basée à Londres, demeure confiant par rapport à l'essor de l'économie marocaine. «Les investissements en infrastructures réalisés sur les dix dernières années (autoroutes, ports, chemins de fer) vont permettre au Maroc de générer un fort rendement grâce à sa stabilité politique et à sa localisation géographique», affirme-t-il. Le fonds détenu par Mena Capital est investi à hauteur de 15% au Maroc. «La part dédiée au Maroc est la plus importante et nous comptons la porter à 20%», confie M. Abdel Majeed. La politique d'investissement de la société de gestion anglaise consiste en l'investissement dans les small & mid-cap (les petites et moyennes capitalisations) car moins recherchées et moins chères. Mena Capital a investi jusqu'ici dans 3 valeurs, à savoir Disway qu'elle détient depuis 5 ans, Résidences Dar Saada et HPS, détenues depuis 3 ans. La société va investir dans une 4e valeur opérant dans le secteur industriel. M. Abdel Majeed confie que «pour nous, le manque de liquidité ne constitue pas un frein à l'investissement, car nous ne sommes pas dans une logique de spéculation. Tant que la société dans laquelle on investit communique et réalise ses objectifs, nous maintenons notre confiance». De son côté, la société de bourse Tunisie Valeurs a pour objectif d'orienter les sociétés tunisiennes vers le marché marocain pour une double cotation. Pour drainer les investissements étrangers, mais aussi parce que les conditions de valorisation demeurent plus intéressantes comparativement aux autres pays de la région. Une aubaine qui devrait profiter aux deux marchés marocain et tunisien. Les secteurs tunisiens ciblés sont ceux qui ne sont pas représentés à la cote, à savoir l'énergie, les télécoms, le tourisme, le phosphate et l'agriculture. «Le marché financier tunisien ne représente que 5% du PIB de la Tunisie, contre 18% à 20% au Maroc», ajoute M. Saibi. La société de bourse est actuellement en négociation pour une cotation au Maroc de deux grands groupes tunisiens, opérant dans le secteur de l'agroalimentaire et du câblage.