Le cahier des charges vient d'être rendu public. Il faudra attendre plus d'un an avant le démarrage du chantier. A terme, la décharge sera fermée. Un nouveau site de 90 ha a été trouvé. Le méga-chantier de la réhabilitation de la décharge de Médiouna démarre finalement. Début juillet, c'est le cahier des charges relatif à ce projet qui a été rendu public, après son approbation par les départements ministériels concernés, Intérieur et Environnement notamment. «L'appel d'offres international sera lancé incessamment», précise Ahmed Benboujida, vice-président du Conseil de la ville. De fait, la réhabilitation de la décharge porte sur deux opérations. La première consiste à rendre l'actuelle décharge plus conforme aux normes environnementales. Par la suite, elle sera fermée et une autre décharge sera ouverte (voir encadré). Le site retenu est déjà connu. Situé en face de l'actuelle décharge, il s'étend sur 90 ha, propriété des Domaines. La procédure d'acquisition de cette parcelle de terrain est sur le point d'aboutir. L'étude d'impact, effectuée par le Conseil de la ville, vient d'être validée par le Conseil national des études d'impact. La décharge reçoit un million de tonnes de déchets chaque année A rappeler que la procédure concernant la décharge de Médiouna a été entamée à la fin 2005. A l'époque, cinq sociétés avaient été présélectionnées sur la base de leurs garanties financières et de leur expérience : Segedema (filiale de Pizzoro), l'espagnol TecMed, Sita El Baà ̄da (Lyonnaise des eaux), Onyx (Véolia Environnement) et l'américain Ecomed (qui se charge de la collecte des déchets solides à Fès et a pris part initialement dans l'appel d'offres lancé pour la décharge d'Oum Azza à Rabat). Les trois premières sociétés sont déjà présentes à Rabat puisque concessionnaires de la collecte de déchets solides. Située sur une superficie de 52 ha à l'est de Casablanca, la décharge de Médiouna pose un sérieux problème environnemental. «Les ordures de Casablanca sont acheminées à cette décharge depuis de nombreuses décennies sans que le site n'ait fait l'objet d'une réhabilitation quelconque», explique un membre du Conseil de la ville. Et d'ajouter qu'à plusieurs reprises, ce point a été inscrit à l'ordre du jour des sessions des différents conseils. «Mais le projet n'a jamais vu le jour. Des voyages à l'étranger, en France notamment, ont même été organisés au profit de conseillers communaux». Ces différentes tentatives de réhabilitation ont échoué face à l'ampleur du désastre. Les chiffres sont là pour le prouver. La décharge reçoit annuellement un million de tonnes de déchets ménagers et autres. 450 camions des trois sociétés privées chargées de la collecte des ordures casablancaises s'y rendent 24h/24. Chaque camion y jette en moyenne 7 à 9 tonnes de détritus. Les prestations facturées par les concessionnaires se situent, quant à elles, entre 200 DH et 300 DH la tonne. L'étude du cahier des charges par les sociétés présélectionnées nécessitera près de trois mois. Et il faudra pratiquement deux fois plus de temps aux services techniques de la ville de Casablanca pour étudier les offres soumises. Une commission technique oà1 siégeront également des représentants des ministères de l'Intérieur et du département chargé de l'Environnement se réunira pour statuer sur l'entreprise adjudicataire de l'appel d'offres. Une procédure qui, au final, durera près de deux années . Procédure Les étapes de la réhabilitation Dans un premier temps, en attendant l'aménagement du nouveau site, la décharge fera l'objet d'un réaménagement par l'entreprise adjudicatrice de l'appel d'offres. Les allées devront être dégagées, des plates-formes pour vidage installées ainsi que des conduites d'assainissement pour évacuer le lixiviat (jus provenant des ordures) et les eaux pluviales. Une fois le nouveau site opérationnel, l'actuelle décharge sera fermée. Les déchets qu'elle contient devront alors être remodelés en dômes par exemple et leur couverture assurée, par du gazon notamment. L'évacuation des eaux pluviales sera également assurée pour éviter une plus grande pollution de la nappe phréatique . Opportunités 500 personnes vivent du business des ordures L'actuelle décharge de Médiouna fait vivre près de 500 personnes quotidiennement. La majorité d'entre elles sont des «récupérateurs» qui, à longueur de journée et une bonne partie de la nuit, trient les montagnes d'ordures. Ils revendent par la suite leur «butin» à un récupérateur-grossiste qui se charge de recycler la marchandise. La moyenne de leurs revenus se situe ainsi entre 40 et 50 DH/jour, en fonction de «l'arrivage». En tête de liste des produits qui ont la cote auprès de ces ouvriers de la décharge, la ferraille, le carton et le plastique. C'est ainsi qu'un kilo de produits en plastique est vendu à 15 centimes. Le kilo de fer coûte quant à lui 50 centimes alors que le prix du kilo de carton dépend de la demande du marché, mais ne dépasse généralement pas les 10 centimes. Dans ce business de la récup', la palme d'or revient au cuivre, matériau très prisé à la décharge de Médiouna. Le kilo est vendu à 13 DH .