Les agriculteurs s'inquiètent des difficultés d'accès aux marchés étrangers. Le Crédit Agricole se positionne comme acteur majeur de la filière. «Bientôt, on va assister à une révolution de l'organisation mondiale de l'oléiculture», a affirmé Tarik Sijilmassi, PDG du Crédit Agricole, lors du 1er Forum de l'investissement dans le secteur oléicole, qui a réuni les 29 et 30 juin les différents intervenants dans la filière. La raison en est qu'en Europe, la politique agricole commune (PAC) prévoit la fin des subventions à l'oléiculture à compter de début 2013, ce qui aura pour conséquence la baisse des superficies. Mais vu l'entrée en production tardive de l'olivier, on a juste le temps d'agir d'ici là. «Si on se réveille maintenant, on sera à peine au rendez-vous», prédit-il. C'est donc pour mettre tous les atouts du côté des producteurs locaux que la caisse s'est engagée dans un ambitieux projet de développement de l'olivier qui se traduit par différentes offres de financement. Et c'est dans cet esprit aussi qu'a été créé un fonds de 50 millions d'euros (550 MDH), auquel participent plusieurs institutionnels locaux (CAM, CDG notamment) et étrangers, avec pour objectif de mettre sur pied 10 exploitations de 100 ha chacune pour la production d'huile d'olive aux normes internationales destinée à l'export. Abdelilah Daoudi, président de la coopérative API.A de Chefchaouen, ne veut pas, pour sa part, verser dans un optimisme béat. Il a souligné que le niveau actuel des prix risque d'induire en erreur beaucoup d'investisseurs potentiels. En filigrane apparaissent les difficultés à trouver des débouchés. Des rendements à l'hectare encore faibles Le marché marocain est très étroit et peu demandeur en huile d'olive vierge extra. A l'export, l'accès au marché américain reste très difficile. M. Daoudi met aussi le doigt sur les barrières à l'entrée érigées par l'Europe alors que, paradoxalement, «100 % des intrants et matériels nécessaires sont importés de chez eux». D'autres participants ayant assisté aux ateliers ont également souligné ne pas avoir eu de réponse à leurs interrogations. Ils soulignent que même si les superficies et la production augmentent d'année en année, le rendement à l'hectare stagne et reste très faible par défaut de maîtrise du processus de production. Le choix de la période de récolte et du taux de maturité, compromis entre un rendement maximal, d'une part, et le taux et la qualité de l'huile, d'autre part, facteurs qui ne coïncident pas toujours, est difficile à déterminer. D'autant plus que l'abrogation du dahir de 1962, qui permettait la fixation du stade optimal de récolte par les régions, laisse le problème entier. Prenant à la volée ces remarques, un opérateur étranger a souligné que si l'Etat marocain veut réellement encourager l'investissement dans l'oléiculture, la moindre des choses serait d'aider les agriculteurs aussi bien sur le plan commercial que dans les choix techniques, d'autant plus que l'activité est un engagement sur le long terme, qui requiert des investissements conséquents .