Des milliers de petits agriculteurs vivent de l'oléiculture. Et le verger marocain représente la moitié de l'arboriculture nationale. Comment relancer aujourd'hui les investissements dans la filiale qui se réduisent comme peau de chagrin ? L'oléicole doit être vu comme un mode de vie, c'est une filière prometteuse qui a besoin d'investissement, de mécanisation et d'amélioration des conditions de production et de promotion de la commercialisation, afin de relancer l'intérêt des investisseurs », insiste Tariq Sijilmassi. Le président du directoire du Crédit agricole du Maroc affirme avoir constaté un ralentissement de l'intérêt porté à la filière en matière d'investissements, bien qu'elle se positionne parmi les priorités nationales. « Il faut que le Label Maroc de l'huile d'olive soit reconnu à l'échelle mondiale », poursuit Sijilmassi qui s'exprimait lors de la troisième édition du Forum de l'Investissement dans le Secteur Oléicole organisé, le 11 avril à l'initiative du Crédit Agricole du Maroc. Cette action a réuni les principaux acteurs du secteur oléicole qui ont pu échanger leurs expériences et expertises. Des débats entre les institutionnels et professionnels ont eu également lieu autour des acquis réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert, des avancées de la recherche agronomique, des perspectives du développement ainsi que des nouvelles opportunités d'investissement dans la filière oléicole. Pour rappel, l'oléicole représente la principale source de revenus pour près de 450.000 exploitations, générant 1,5 milliard de dirhams/an. Toutefois, d'après Hassan Zouhri, du ministère de l'Agriculture, Les huiles d'olive marocaines sont faiblement présentes à l'international et la productivité moyenne à l'hectare reste encore faible. Elle se situe actuellement autour de 1,2 T/ha, contre 12 T/ha. La filière souffre non seulement du recul des exportations, mais aussi de l'absence de labellisation. Maillons faibles La commercialisation reste aujourd'hui le parent pauvre de la chaine de valorisation de la production oléicole au Maroc. Ahmed Ouayache, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader) a bien l'accent sur cette problématique. Et il n'a pas été le seul à l'avoir fait puisque tous les professionnels du secteur ont le même avis. « J'espère que les pouvoirs publics porteront de l'intérêt à la commercialisation », a martelé Ouayache. Le Plan Maroc vert a accordé une grande importance à la filière oléicole nationale. Dans ce cadre, le contrat-programme signé en 2009, entre l'Etat et les professionnels du secteur oléicole, vise à porter la superficie cultivée à 1,22 million de ha pour atteindre une production de 2,5 millions de tonnes à l'horizon 2020. Autre objectif tracé : porter les exportations à 120.000 tonnes pour l'huile d'olive et à 150.000 tonnes pour les olives de table. Où en est-on aujourd'hui ? « Les résultats restent inférieurs aux objectifs escomptés », déplore Hicham Chraibi. La promotion de la consommation de l'huile d'olive de qualité présente des opportunités intéressantes à saisir au niveau des marchés local et international, puisque seuls 3,5% de la population planétaire consomment l'huile d'olive. Toutefois, aujourd'hui, Chraibi fait remarquer l'arrivée de nouveaux concurrents pour le Maroc sur le marché international. « Cette culture qui était réservée au pourtour méditerranéen connaît une extension avec l'arrivée de la Chine et des pays de l'Amérique latine », a-t-il noté. Il faut alors, selon les professionnels de l'oléiculture, relancer l'investissement dans cette filiale jugée « porteuse ». Dans cette perspective, plusieurs projets d'investissement dans la filière oléicole sont en cours aussi bien dans les villes traditionnelles de production de l'olivier (Fès, Meknès...) que dans de nouvelles zones qui s'ouvrent désormais à cette culture. Par ailleurs, Tariq Sijilmassi a souligné l'importance du soutien bancaire apporté aux investissements agricoles, notamment ceux de la filière oléicole. « Il faut mobiliser davantage de financement pour promouvoir le Label Maroc en matière d'huile d'olive, sur le marché international », estime Chraibi. En marge de ce forum, une convention portant sur le financement du matériel agricole a été signée par les représentants du CAM et de ceux de l'Association des marchands importateurs du matériel agricole (AMIMA). Dès lors, une campagne de commercialisation sera lancée dans toutes les agences du CAM, en vue de favoriser la mécanisation totale du secteur. Une action encouragée par l'ensemble des acteurs de la filière oléicole.