L'office a compensé la baisse des cours mondiaux par l'augmentation de ses ventes de 30% grâce aux marchés en forte croissance. Selon son management, les fondamentaux du secteur à long terme demeurent positifs. L'industrie mondiale, proche du bas du cycle, se dirige vers une reprise graduelle en 2017. Le Groupe OCP fait preuve de résilience. Dans un contexte de baisse générale de la demande des deux mastodontes Brésil et Inde, et de suroffre émanant des exportateurs chinois, les fondamentaux de l'office restent sains et même meilleurs par rapport aux autres opérateurs de l'industrie phosphatière mondiale. D'après les résultats bi-annuels qui viennent d'être dévoilés par le groupe, le chiffre d'affaires s'est établi à 11,3 milliards de DH, en baisse de 10% par rapport à 2015 (12,9 milliards de DH). Selon son management, cette baisse, somme toute prévisible au vu du contexte actuel du marché, émane essentiellement d'un effet prix. Effet que l'OCP a compensé tant bien que mal en augmentant ses volumes de 30% grâce aux ventes de nouveaux produits, surtout des engrais, réalisés dans les marchés en forte croissance, notamment d'Amérique latine et d'Afrique. A ce titre, le groupe mise de plus en plus sur les fertilisants qui pèsent actuellement 50% de son chiffre d'affaires (25% roches et 25% acide). La croissance démographique suppose moins de surface arable par habitant, ce qui revient à augmenter la productivité à l'hectare en recourant aux engrais. La marge opérationnelle la plus élevée du secteur Avec ce niveau de courant d'affaires, la marge brute s'est affichée à 7,4 milliards de DH contre 8,9 à fin juin 2015. De son côté, l'EBITDA s'est élevé à 3 milliards de DH contre 4,7 un an auparavant. Toutefois, force est de constater que la marge d'EBITDA est demeurée stable à 27% au cours du premier semestre, soit la meilleure marge de l'industrie au niveau mondial, selon l'OCP. Ce niveau s'explique par l'effort d'optimisation des charges, essentiellement la baisse des coûts d'achat des matières premières (soufre) et la réduction des dépenses externes. Aussi, la montée en puissance du Slurry Pipeline de Jorf Lasfar renforce davantage la structure de coûts d'OCP en réduisant de façon importante les coûts de transport et d'énergie. Durant le premier semestre 2016, 4,3 Mt de roche ont été transportés par le pipeline, soit une augmentation de 53% par rapport aux 2,8 Mt transportées en 2015, ce qui s'est traduit par une économie de coûts de 436 MDH. Dans ces conditions, le résultat opérationnel à fin juin s'est établi à 1,7 milliard de DH contre 3,7 milliards en 2015. Le management de l'office insiste sur le fait que ces résultats traduisent la volatilité du marché mondial des phosphates, mais seulement à court terme. «Les fondamentaux à long terme du marché demeurent positifs puisque la demande de produits alimentaires excède largement la production», confie Mustapha Terrab, PDG de l'office. Les facteurs conjoncturels vont s'estomper Conscient que la demande mondiale croissante absorbera l'augmentation des capacités de production, l'OCP poursuit la mise en œuvre de son programme d'investissement à long terme annoncé en 2008 conformément aux prévisions. La deuxième usine intégrée d'engrais de JPH est opérationnelle depuis juin 2016, alors que le projet de la troisième usine intégrée d'engrais est en bonne voie d'avancement. Aujourd'hui, les capacités de production sont de 38 millions de tonnes en roches, 5,5 en acides et 10 Mt pour les engrais que l'opérateur phosphatier compte porter à 12 millions en 2017. En parallèle, le groupe poursuit sa stratégie de diversification en misant sur les trois produits de son portefeuille pour consolider ses marges. L'OCP a ainsi développé 34 formules de produits customisés en fonction des sols. Ces formules sont moins chères mais plus rentables. «Notre stratégie est axée sur la rentabilité et nous entendons tirer profit de nos avantages compétitifs et de notre structure des coûts pour sortir renforcés du bas de cycle actuel. Nous nous attendons à afficher des niveaux de marges nettement supérieurs à la moyenne de l'industrie», soutient M. Terrab. Pour lui, le contexte actuel de l'industrie demeure difficile, mais le marché du phosphate s'approche du bas du cycle, et se dirige vers une reprise graduelle en 2017. «Les facteurs qui pourraient avoir un effet positif sur notre performance à l'avenir sont une demande plus importante que prévue en Inde et au Brésil, combinée à des exportations limitées en provenance de Chine», résume le patron de l'office.