En dépit d'une conjoncture défavorable qui a fait baisser le chiffre d'affaires de 9% au premier trimestre de l'année, le groupe OCP a maintenu son niveau de rentabilité. Les perspectives du marché s'annoncent prometteuses avec une reprise des cours attendue en 2017 et OCP poursuit la mise en œuvre de son programme d'investissement. Le groupe OCP a rendu public, vendredi dernier, ses résultats financiers portant sur le premier semestre de l'année en cours. Il en ressort que le chiffre d'affaires global a enregistré une baisse de 9%, comparé au premier semestre 2015 en dépit de la hausse du chiffre d'affaires sur le segment des engrais qui a cru de 3%. Cette augmentation a été réalisée grâce à la hausse des volumes d'engrais exportés vers les marchés à forte croissance, tel que l'Amérique Latine et l'Afrique. «Malgré une conjoncture de marché difficile, OCP a maintenu sa rentabilité au premier semestre 2016, en s'appuyant sur ses avantages compétitifs de long terme», a ainsi commenté Mostafa Terrab, le président-directeur général du groupe. OCP affiche ainsi une marge d'Ebitda de 27%, ce qui, d'après le management, place le groupe parmi «les acteurs les plus profitables de l'industrie du phosphate et reflète sa structure de coûts compétitive ainsi que sa flexibilité commerciale et industrielle». Les résultats opérationnels et financiers du groupe font ressortir que le chiffre d'affaires du premier semestre 2016, qui s'est établi à 21.656 millions DH (2,2 milliards USD), reflète la baisse des prix enregistrée sur les trois segments d'activité d'OCP. Bien que la demande en engrais phosphatés soit restée élevée, au cours du premier semestre 2016, les importations ont en effet été limitées, puisque les principaux pays consommateurs ont puisé dans les stocks substantiels constitués en 2015, année d'exportations chinoises record. Selon le management du groupe, cette situation a entraîné une diminution de près de 30% des prix du phosphate sur le marché et un recul du chiffre d'affaires d'OCP. La marge brute s'est, quant à elle, établie à 14.440 millions DH (1,5 milliard USD), en baisse par rapport aux 16.371 millions DH (1,7 milliard USD) atteints l'année précédente, du fait d'un recul du chiffre d'affaires en partie compensé par une diminution du coût d'achat des matières premières. L'Ebitda s'est élevé à 5.916 millions DH (606 millions USD) au premier semestre 2016, contre 8.634 millions DH (890 millions USD) au cours de la même période de 2015, sous l'effet positif de la réduction du coût d'achat des matières premières qui ont été largement contrebalancées par la baisse des prix. Selon les explications données par le groupe, la montée en puissance du Slurry Pipeline a par ailleurs permis d'enregistrer des économies en augmentation de 26%. Elles ont ainsi atteint 436 millions DH (44,9 millions USD) au cours du premier semestre 2016, contre 346 millions DH (35,6 millions USD) au cours de la même période de 2015. Le résultat opérationnel a, de son côté, atteint 4.212 millions DH (432 millions USD) au premier semestre 2016, comparé à 6.975 millions DH (719 millions USD) en 2015. Conjoncture mondiale En dépit donc des conditions de marché très difficiles, OCP a su maintenir une certaine résilience qui s'est traduite par un très bon niveau de rentabilité avec une marge d'Ebitda de 27%, grâce à ses avantages compétitifs qui lui ont permis d'adapter son mix produit à la demande et d'aller vers les produits à plus haute valeur ajoutée, ainsi que vers les marchés en forte croissance. De même, la structure de coûts réduits du groupe, grâce à son accès à une roche de qualité et grâce aussi aux fruits de son programme d'investissement, avec, entre autres, le Slurry pipeline, a contribué à réduire les coûts de production de manière drastique. Il ressort ainsi que la rentabilité d'OCP reste toujours parmi les plus élevées du secteur et le groupe a pu maintenir une marge stable sur le premier semestre de l'année, alors que certains de ses pairs ont accusé une baisse substantielle. Il convient de noter que selon le groupe, cette rentabilité a également été positivement impactée par la baisse des prix des matières premières notamment le soufre et l'ammoniac, principaux intrants de sa production. Cependant, l'effet positif des matières premières a été neutralisé par la baisse des prix d'engrais observée sur la période. Les prix des engrais phosphatés ont été impactés par la suroffre de 2015, attribuée aux fortes exportations chinoises et qui a contribué à la constitution de stocks d'engrais importants chez les principaux pays importateurs, notamment le Brésil, l'Inde et les USA. La consommation dans ces pays en 2016 s'est donc traduite par une utilisation des stocks existants principalement en plus d'importations habituelles, relève le communiqué publié à cet effet par OCP et qui fait cas également, d'une demande en engrais phosphatés, élevée au cours du premier semestre 2016, bien que contrebalancée par l'utilisation des stocks constitués en 2015. De son côté, l'offre est restée fortement impactée par les exportations chinoises, qui ont toutefois baissé de 31% au premier semestre 2016 par rapport au premier semestre 2015. Reprise du marché en vue «Le contexte actuel de l'industrie demeure difficile, mais nous pensons que le marché du phosphate s'approche du bas du cycle ou l'a déjà atteint, et qu'il se dirige vers une reprise graduelle en 2017», a ainsi estimé le PDG du groupe, Mostafa Terrab. La consommation devrait être tirée par l'amélioration des rendements dans les principales régions agricoles, ainsi que par l'augmentation de la demande brésilienne du fait d'une baisse de leurs stocks. Sur le front de l'offre, les niveaux de stocks élevés en Chine pourraient entraîner une augmentation des exportations qui impacterait les prix du marché. En somme, les facteurs qui pourraient avoir un effet positif sur la performance d'OCP à l'avenir sont une demande plus importante que prévue en Inde et au Brésil, combinée à des exportations limitées en provenance de Chine. «Les fondamentaux à long terme du marché demeurent positifs puisque la demande de produits alimentaires excède largement la production. Nous sommes convaincus que la demande mondiale croissante absorbera l'augmentation des capacités de production, et que notre flexibilité nous permettra d'optimiser notre CAPEX et de moduler la production afin de maximiser la création de valeur», souligne la même source. La stratégie d'OCP demeure axée sur la rentabilité et le groupe entend tirer profit de ses avantages compétitifs pour sortir renforcé du bas de cycle actuel. «Nous nous attendons ainsi à pouvoir afficher des niveaux de marges nettement supérieures à la moyenne de l'industrie», a souligné Terrab. 10 MMDH de trésorerie en cash Selon OCP, à la date du 30 juin 2016, le compte de trésorerie et équivalents a atteint 10.041 millions DH (1,02 milliard USD). La dette financière nette s'est, quant à elle, établie à 38.803 millions DH (4,0 milliards USD), et le ratio endettement financier net/Ebitda était de 2,59. Au premier semestre 2016, le flux de trésorerie ajusté provenant des activités d'exploitation s'est établi à 4.157 millions DH (426 millions USD), et les dépenses d'investissement ont atteint 5.102 millions DH (523 millions USD). Le groupe dispose par ailleurs de ligne de crédits non tirés avec ses partenaires financiers qui s'élèvent à plus de 5 MMDH et qui pourront être utilisés en fonction de l'évolution de certains projets en cours d'exécution.