En plus du renforcement des liens économiques avec les pays arabes et de l'Afrique subsaharienne, le Royaume se tourne davantage vers les économies émergentes avec lesquelles les gains peuvent être considérables. Depuis l'intronisation de S.M. Mohammed VI, la diplomatie économique du Royaume s'active sur tous les fronts. Les déplacements du Souverain deviennent de plus en plus focalisés sur l'économie, à en juger par les délégations d'hommes d'affaires et de ministres qui l'accompagnent, ainsi que le nombre important d'accords et de conventions qui en découlent. Animés par le même objectif de dynamiser les échanges commerciaux et les opportunités d'affaires de part et d'autre, les périples du Souverain l'ont mené dans différents pays : en Europe avec sa visite historique en France, dans les pays arabes, notamment la Tunisie, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, le Bahreïn et l'Arabie Saoudite; et plus récemment dans les économies émergentes, en l'occurrence l'Inde, la Russie et la Chine. Cette place dévolue à l'économie était aussi prépondérante dans les visites des chefs d'Etat reçus par le Souverain, dont le Roi de Jordanie et plusieurs autres présidents africains. La visite du Souverain en Tunisie, la première après la révolution du jasmin, a rassemblé une délégation de 90 hommes d'affaires marocains. Au total, pas moins de 23 accords portant sur la sécurité, l'énergie, les finances et le tourisme ont été signés. En France, début 2015, S.M. le Roi a effectué une visite historique à Paris pour y rencontrer le Président français. Rencontre qui a donné une impulsion salvatrice à la coopération économique dorénavant bâtie autour de cinq pôles, en l'occurrence le dialogue diplomatique et stratégique, la sécurité, la compétitivité économique, le dialogue des sociétés et le développement durable. Peu après sa visite en France, le Souverain a reçu en mars 2015 le Roi Abdallah de Jordanie. La visite du Souverain hachémite n'a pas dérogé à la règle. La rencontre a été l'occasion pour les deux chefs d'Etat d'évoquer la question de leur adhésion au Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les moyens de renforcer leurs relations bilatérales. Ceci dit, s'il est un axe sur lequel s'est déployée exceptionnellement la diplomatie économique du Royaume, c'est bien celui du continent africain. Le Souverain fait de la promotion des échanges Sud-Sud un choix stratégique du pays. D'ailleurs, sa tournée de mai 2015 est la deuxième en son genre en l'espace d'un an. Elle l'a mené dans quatre pays, en l'occurrence le Sénégal, la Guinée-Bissau, la Côte d'Ivoire et le Gabon. Elle a succédé à celle de mars 2014 au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon, trois pays «cibles» de la stratégie économique marocaine en Afrique subsaharienne. Les pays du Golfe demeurent importants en termes d'IDE Si la diplomatie économique telle que pensée par le Souverain fait de la coopération africaine un choix stratégique, il n'en demeure pas moins qu'elle ait amorcé un tournant majeur sur les dernières années. Elle penche remarquablement vers la diversification des partenaires économiques. C'est le cas avec la tournée royale en avril 2016 dans les pays du Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis (où le Souverain s'est rendu à plusieurs reprises), l'Arabie Saoudite, le Bahreïn et le Qatar. A chacune de ces visites, le volet économique occupe une bonne partie des discussions et des décisions prises. En 2014, les pays du Golfe (Emirats Arabes Unis et Arabie Saoudite en tête) ont ainsi apporté 28% des investissements directs étrangers (IDE) du Maroc, pour un montant de 10,2 milliards de dirhams, soit près d'un milliard d'euros. La volonté du Souverain de diversifier de plus en plus les échanges s'est illustrée grâce à ses visites en Inde, en Russie, et en Chine, pays émergents avec lesquels le Royaume aura gros à gagner en améliorant les échanges et les investissements. Le Roi est ainsi allé en Inde (après ses deux visites de 2001 et 2013) avec une grande délégation de 400 hommes d'affaires et officiels. Objectif : développer les relations commerciales avec le premier importateur mondial de phosphate dont 60% sont fournis par l'OCP, et servir de tremplin pour l'Inde vers le marché africain. A noter que les échanges de ce pays avec l'Afrique sont passés de 3 milliards de dollars en 2000 à 70 milliards en 2014. Quelques mois après, à Moscou, officiels et opérateurs économiques ayant accompagné le Souverain ont donné un nouveau souffle aux relations économiques maroco-russes. Ceci grâce à la signature de plusieurs mémorandums d'entente et conventions ainsi que quatre conventions de coopération dans l'industrie, l'énergie, le pharmaceutique et l'agroalimentaire. Le volume des échanges avec la Russie ne dépasse pas 25 milliards de DH en moyenne par an. Les expéditions vers ce pays sont appelées à tripler d'ici 2018. Objectif réalisable au regard des nombreuses opportunités d'échanges et d'investissements qui s'offrent dans plusieurs secteurs : de l'agriculture au génie civil, en passant par l'énergie, l'industrie pharmaceutique et le tourisme. A l'instar du positionnement avec l'Inde, le Maroc veut servir de porte d'entrée en Afrique pour la Chine qui a annoncé 60 milliards de dollars pour la conquête du continent. Traduisant ces objectifs, un partenariat stratégique a été signé par les deux pays, lors de la dernière visite du Souverain (la deuxième en son genre après celle de 2002), en plus de quinze accords économiques et partenariats public-privé. Des contrats de plusieurs milliards de dirhams ont été également conclus entre les opérateurs de part et d'autre. En vertu de ces derniers, cinq gros industriels chinois vont installer des usines au Maroc pour fabriquer des panneaux photovoltaïques, des chauffe-eau solaires, des composants automobile et aéronautique et des bus électriques.