Le roi Mohammed VI vient de réaliser une large victoire lors du référendum pour la révision de la constitution organisé le 1er juillet. Cette réforme est réponse au mouvement du 20 février qui exige de réduire les pouvoirs de roi et l'instauration d'une monarchie parlementaire. Un «Oui» écrasant Selon les derniers résultats annoncés le samedi 2 juillet, 98.5% des électeurs ont voté pour le «Oui», 1.5% ont voté «Non». Ces résultats sont un vote de confiance en faveur de la personne du roi. Le taux de participation a atteint 73.46% soit un peu plus de 9.8 des 13.4 millions d'électeurs inscrits sur les listes. Ces résultats restent provisoires, en attendant leur adoption par le conseil constitutionnel. Pour les membres du 20 février, ces résultats ne sont pas une surprise. «La pauvreté, l'analphabétisme et la peur de l'Etat ont joué un rôle centrale pour arriver à un tel résultat», commente Ouidad, membre de ce mouvement à Rabat. Mohamed, membre du 20 février-Casa conteste le taux de participation annoncé : «ce résultat est loin de refléter la réalité. Dans plusieurs bureaux, le taux a été très faible». Le 20 février annonce des marches demain dimanche. «Un taux loin de la réalité» Le Mouvement Justice et spiritualité, une des composantes du Mouvement 20 février décrit le référendum du 1er juillet comme «une des plus grandes opérations de falsifications de la volonté populaire dans l'histoire politique Maroc», peut-on lire dans un communiqué de cette association islamiste non autorisée. Selon la Jamaâ, «le nombre d'inscrits est de 13 millions alors que les personnes en âge de vote sont au nombre de 20 millions. C'est un vrai scandale». Mohamed Moujahid, secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU), un des cinq partis politiques (Voix démocratique, PADS, CNI, Al Oumma) qui ont appelé au boycott de ce référendum, avance «que toutes les données que nous avons reçues des villes grandes et moyennes et même de l'intérieur des bureaux de vote confirment que le taux de participation est très faible. Le taux annoncé ne correspond pas à la réalité». Plusieurs vidéos postées sur internet montrent des irrégularités dans la journée d'hier. Au moment du vote, Ali Bouabid, membre du bureau politique s'est dit «amer» par le manquement aux règles d'un processus référendaire transparent. «Je vote. Je demande si je dois signer on me dit non. Je dis : mais vous pouvez mettre autant de croix à la place des personnes qui ne sont pas venues voter puisqu'aucune signature n'est requise !», écrit-il sur sa page Facebook. La nouvelle constitution donne des pouvoirs au gouvernement mais le roi reste toujours président du Conseil des ministres, chef de l'armée et des institutions religieuses et judiciaires. Le roi pourra toujours dissoudre le parlement et nommer les responsables publics. La nouveauté du texte c'est qu'il peut consulter le chef de l'Exécutif. Cette nouvelle loi fondamentale ne répond pas aux revendications du 20 février qui ne soumet pas le chef de l'Etat aux élus dans le cadre de la réédition des comptes. Le taux annoncé et le vote massif pour le «Oui» constitue un revers pour ce mouvement protestataire. Pourtant plusieurs de ses coordinations organisent des marches dans une dizaine de villes marocaines, demain dimanche, spécialement à Rabat et Casablanca.