Jeudi 30 juin, il est 9h du matin dans la salle de la Chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme à la Cour d'appel de Salé. Aujourd'hui s'ouvre le procès de l'année. Celui des neuf accusés dans l'attentat d'Argana, commise le 28 avril 2011. Brandissant un signe de victoire, Adil El Othmani, le principal accusé fait son entrée dans la salle, il a mauvaise mine. Il a perdu des kilos depuis sa dernière apparition pour la reconstitution de l'attentat le 11 mai. «Adil n'est qu'un Harrag» A.E Othmani rencontre sa famille pour la première fois depuis deux mois. Il s'adresse à Abdelghani, son frère, «je n'ai rien fait, je suis innocent». Coup de théâtre ou manœuvre de ce présumé terroriste ? «Je crois profondément que mon frère est innocent », renchérit Abdelghani El Othmani. Et d'ajouter : «mon frère n'est qu'un Harrag, il n'est jamais parti en Tchétchénie. Il a voyagé clandestinement au Portugal à l'âge de 15 ans». L'audience a duré trente minutes. La défense des accusés ont demandé l'amélioration des conditions de détentions de leurs clients, leur accorder la liberté provisoire et la réouverture de l'enquête. Le tribunal devrait donner suite à ses requêtes le 18 août prochain, date de la prochaine audience de ce procès. Accusés sans droits Le début du procès a permit aux familles des accusés de faire une première sortie publique et rompre leur silence. «Les services de sécurité et la Justice traitent les membres de nos familles comme s'ils étaient déjà coupables», constate Hassan Bitar, porte parole des familles et frère d'Abdelssamad, poursuivi dans cette affaire. Selon H. Bitar, les accusés ne bénéficient pas de plusieurs de leurs droits. «Ils sont interdits de visites familiales et de sortie quotidienne. Leurs cellules individuelles ne disposent pas de couvertures, ni d'oreillers. On leur a enlevé leurs chaussures et ils restent pieds nus. Ils ont pour assiette, la moitié d'une bouteille d'eau. Il mange une seule fois par jour des conserves et de l'eau pas très peu potable», énumère-t-il. Pour le représentant des familles, les accusés subissent «des pressions psychologiques, de l'harcèlement et des humiliations des gardiens de prison».Dans son réquisitoire H. Bitar accuse les services de sécurité d'avoir tabassé Azedine Lachradi, l'un des accusés et dénonce les méthodes de transfert des prisonniers de la prison vers le bureau du procureur, «ils sont à chaque fois menottés des pieds et des mains, à les voire on dira qu'ils sont à Guantanamo», compare-t-il. Avant de conclure : «On a perdu toute confiance dans le régime, ses services de sécurité, sa Justice et ses médias qui brossent des profils erronés de nos enfants. Notre demande est que la loi soit appliquée et que les accusés puissent avoir un procès juste et équitable».