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LES REFORMES CONSTITUTIONNELLES: UN REAMENAGEMENT QUI N'A PAS CONVAINCU
Publié dans Lakome le 29 - 06 - 2011

«La démocratisation de la vie publique signifie la recherche des détenteurs véritables du pouvoir politique, pour les plier à la volonté populaire, et non à l'organisation hâtive d'élections nouvelles
qui, dans les circonstances présentes, laisseraient le pouvoir à ceux qui le détiennent, derrière le décor d'un jeu parlementaire factic »
- Mehdi Benbarka- 1962
Selon le roi Mohamed VI, « concernant la méthodologie » la nouvelle constitution serait «faite par les marocains, pour tous les marocains ».
Mais, qu'en est-il ?
Lorsque des milliers de personnes ont manifesté, toutes les semaines, leur scepticisme envers les promesses de réformes faites le 9 mars 2011 par le roi Mohamed VI, certains se convainquaient d'imaginer que les réformes constitutionnelles tiendraient compte des manifestations de la rue.
Peut-être espéraient-ils que la commission mise en place par le roi se permettra un peu de marge de liberté…Cette commission, à la tête de laquelle fut nommé Manouni ancien militant de gauche ayant appartenu alors à l'UNFP qui réclamait une assemblée constituante, pourrait-elle entendre les populations qui scandaient entre autres l'abrogation des articles 19 et 23 et clamait que « le roi règne mais ne gouverne pas »
Pour ne pas tomber dans le nihilisme quelque soit leur scepticisme, ils attendaient de « juger sur pièces».
Les pièces ont été largement exprimées ce vendredi 17 juin 2011.
Un discours qui n'a pas tenu compte de milliers de manifestants dans des villes et villages, femmes, hommes ainsi que leurs jeunes enfants sans parler de tous ces jeunes qui ont un avenir brisé par une politique d'arbitraire, de corruption et de dépendance. Et pourtant, selon Mohamed VI, le discours du 9 mars aurait « recueilli l'adhésion unanime de la nation » ?!! Dès le début du discours, on ignore toute une population qui conteste depuis 4 mois !
L'article 19? Mieux explicité en le scindant en 2 articles qui renforcent le pouvoir du roi :
L'un sur ses attributions en tant que Amir El Mouminine, « président du Conseil Supérieur des Ouléma, lequel a été érigé en institution constitutionnelle. » ; Conseil des Oulémas qui « siège désormais au Conseil de Régence »
L'autre « définit le statut du roi en tant que Chef de l'Etat », et donc ayant le droit de siéger au conseil des ministres.
Il est arbitre « transcendant toute appartenance politique ou autre, veille à la préservation des choix démocratiques de la Nation, et à la bonne marche de ses institutions constitutionnelles. »
Sa transcendance et sa sacralité sont-elles compatibles avec « le roi citoyen » qui, à la fin de son discours fait la campagne pour le oui au référendum prochain sur la « nouvelle » constitution. « Je dirai donc oui à ce projet, car Je suis convaincu que, de par son essence démocratique… »
Un chef d'état non élu, ayant des pouvoirs héréditaires et roi citoyen ?!! Cette nouvelle constitution marocaine qui serait selon le discours de Mohamed VI « une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale. » n'est-elle pas encore une fois, comme l'écrivait R.Coulon suite aux réformes de 1996, le « summum de l'ingénierie constitutionnelle »
Une monarchie constitutionnelle ou une constitution monarchique ?
La nouvelle constitution inscrit « une disposition stipulant l'inviolabilité de la personne du Roi et le respect qui Lui est dû en tant que Roi, Amir Al Mouminine et Chef de l'Etat (….) étant entendu que la nomination à des postes militaires demeure de la compétence exclusive et régalienne du Roi, Chef Suprême, Chef d'Etat-major Général des Forces Armées Royales. »
L'indépendance de la justice? « (…) le projet prévoit la création du "Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, qu'il érige en institution constitutionnelle présidée par le Roi. »
Qu'en est-il de la séparation des pouvoirs politique et religieux, l'une des revendications populaires dans la logique de la reconnaissance des droits et de l'expression des libertés? La liberté de culte dont il est question signifie t'elle la liberté d'un marocain d'éducation musulmane de ne pas suivre les préceptes de l'Islam dans l'espace public?
Quant à l'égalité de droit de la femme et de l'homme elle est conditionnée par les « lois inspirées de la religion musulmane. », et donc confirme, entre autres, l'inégalité devant l'héritage.
L'assainissement de la corruption des sphères politique et sociale. Mais va t-il poursuivre le chef du gouvernement et sa famille qu'il n'a jamais remis en cause? Qu'en est-il de leur impunité ?
Et les avoirs et biens royaux? Seraient-ils sous le sceau de la sacralité....
En définitive, ce projet de réforme, enseigne brandie à l'opinion internationale pour la rassurer des fruits de ses investissements, a utilisé des formulations pour tromper et conserver l'essentiel: un pouvoir absolu réaménagé.
Mais, ce projet est loin d'avoir convaincu et le peuple marocain est descendu encore une fois dans la rue pour dire: on ne veut pas d'une constitution octroyée. Non au mépris que les gouvernants et le discours royal ont exprimé et expriment toujours en les assujettissant et en ne tenant aucun compte de leurs revendications.
Ils étaient des milliers dans les rues de plusieurs villes ce dimanche 19 juin 2011.
Face au mépris, aux violence verbales et physiques des forces de sécurité ( des militants ont été arrêtés le jour même du discours royal) qu'ont connues un certain nombre de manifestants pacifiques et qui se soldera par une autre mort , celle de Kamal Ammari en ce début du mois de juin 2011, la résistance de ce Mouvement est, incontestablement, un exemple et une leçon de dignité et de maturité politique non seulement aux yeux des marocains mais aux yeux d'une opinion internationale qui continue à sous-estimer ces révoltes populaires.
Unis, « ces indignés marocains » imposent la seule réponse à ce simulacre de réformes constitutionnelles: non, on ne se laissera pas berner, on refuse de jouer dans un match truqué à l'avance, nous boycottons ce vote au référendum. Et, tous les partis de gauche non gouvernementaux, PADS, PSU, ANNAHJ et CNI auront la même position.
Le boycott n'est certes pas comptabilisé. Mais, ne le savent-ils pas ? Ne doutent-ils pas que tout a été fait pour que le vote en faveur du référendum l'emporte …« démocratiquement »
Mais, le boycott aura son sens et sa dimension politique en consacrant la fracture politique entre un pouvoir dépendant et corrompu et une population dont la prise de conscience de l'injustice et le non droit, la volonté pour imposer une vraie citoyenneté ira en s'aiguisant.
Si dans son discours le roi déclare au sujet des travaux de la commission « Nous tenons à rendre hommage à chacun pour sa contribution démocratique », tous les démocrates véritables épris de liberté, de justice et de dignité rendent hommage à toute cette population qui, autour du Mouvement du 20 février, a résisté et continue à le faire face aux mensonges et au mépris.
Le Mouvement du 20 février par sa persévérance, sa maturité, son courage et ses actions pacifiques a en partie gagné car la peur a changé de camp. En manifestant le 19 juin dans plusieurs villes du Maroc, il confirme son intention de continuer son combat. S'il ne renonce pas, c'est qu'il estime qu'il n'a pas été entendu et que rien n'est fait pour répondre à ses exigences et à ses besoins vitaux. Il sait, comme le disait Max Friche, que « celui qui lutte peut perdre, celui qui renonce à lutter a déjà perdu ».
Le 21 juin 2011
* Anciennement exilée politique


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