Réunies sous le thème des «défis du printemps des peuples, du Maghreb au Moyen-Orient», plus de 200 personnes ont assisté à la 7ème université de printemps Attac-Maroc. Compte rendu. Plusieurs sections d'Attac au Maroc ont participé aux conférences et ateliers organisés les 1, 2 et 3 avril aux anciens abattoirs de Casablanca. Si les délégations d'Agadir et de Tata ont été remarquées par leur nombre, les militants de l'organisation altermondialiste ont reconnu qu'ils auraient pu être plus nombreux : « Nous sommes pour la plupart engagés dans le Mouvement du 20 février », justifie Mohammed, un des militants de la section de Rabat. Mais cela n'a rien enlevé à la qualité des débats. Cette université a été ponctuée par l'intervention d'invités internationaux comme le Libanais altermondialiste Gilbert Achcar, l'Egyptien Ismail Abdelmawla, ou le Français Claude Guémard du Comité pour l'annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM). Dans leurs allocutions et les débats qui ont suivi, il a été question du projet de société porté par les révolutions de la région. Le changement oui, mais pour quelle société ? Quel projet commun pour les différentes composantes de ces mouvements ? Comment lutter contre les puissants lobbies économiques et les intérêts géopolitiques qui surfent déjà sur la vague des révolutions ? L'appel à la vigilance pour la sauvegarde des révolutions a été ferme : les sociétés à construire par ces mouvements doivent répondre aux intérêts des peuples qui les ont menés. Mais c'est le Mouvement du 20 février qui a constitué le cœur même des travaux des participants…. Un des ateliers les plus fréquentés a notamment braqué les projecteurs sur le Mouvement dans le monde rural. Omar Aziki, membre d'Attac Agadir et syndicaliste agricole, y a dressé un tableau précis des conditions sociales et économiques des populations rurales marocaines. Les problématiques sont nombreuses. L'accès à l'eau, au foncier, au travail, à l'enseignement, à la santé, aux infrastructures routières, ... autant de sujets sensibles qui ont provoqué l'embrasement de plusieurs communes rurales lors de la dernière décennie au Maroc. Quant aux petits paysans, qu'ils soient sans terre ou qu'ils possèdent de petites surfaces, ils souffrent d'un manque d'organisation collective pour peser face à l'agriculture industrielle. Les discussions de cet atelier ont ensuite tourné autour du Mouvement du 20 février dans ces zones rurales. Selon une militante d'Agadir, les revendications politiques portées par le Mouvement du 20 ne sont peut être pas tout à fait comprises par des populations qui ont des revendications sociales et économiques urgentes. Selon Souad Guennoun, militante de la section Casablanca, il ne faut pas oublier que les problématiques agricoles et foncières touchent aussi les grandes villes. L'agriculture périurbaine est un phénomène très présent au Maroc et la politique de lutte contre les bidonvilles provoque « une clochardisation de ces paysans ». « Dans de nombreux villages, l'hémorragie migratoire provoque l'absence des jeunes dans les manifestations », explique Lahcen, venu de Tata. Les militants ont conclu l'atelier en soulignant la nécessité de créer des liens entre jeunes et paysans, citadins et ruraux. Plus globalement, pour les participants, le Mouvement du 20 février est une occasion inespérée de revendiquer le projet de société dont ils rêvent. Zahira, l'une des rares femmes de l'assistance s'interroge : «Où sont passées les revendications des femmes, alors qu'elles jouent un rôle fondamental dans ces mouvements, et qu'elles sont victimes de la double violence, des régimes et de la société? » Après les deux jours de réflexion, place à l'action. Dimanche 3 avril, tous les participants à cette université ont manifesté aux côtés des milliers de personnes descendues dans les rues de la capitale économique. Pour Attac Maroc, la lutte ne fait que commencer…