Le comité éditorial du quotidien américain estime que l'arrestation et la détention d'Ali Anouzla signent un retour du régime marocain aux pratiques autocratiques, alors que ce dernier était perçu par certains admirateurs depuis 2011 comme un modèle potentiel pour les autres monarchies arabes. Le Washington Post a consacré mercredi son éditorial à l'affaire Ali Anouzla. Intitulé «Le roi du Maroc renonce aux réformes», l'éditorial s'interroge sur le retour en arrière du régime marocain après les promesses de 2011, la réforme de la constitution et l'arrivée du PJD au gouvernement. Le quotidien rappelle que le Maroc avait alors été considéré par certains «admirateurs occidentaux» comme un «modèle potentiel» pour les autres monarchies arabes, tels la Jordanie et les Etats du Golfe persique. «Le roi Mohammed VI, cependant, n'a jamais abandonné son rôle d'autorité suprême du Maroc, gardant le contrôle des forces armées et de la Justice», explique le Washington Post, pour qui l'arrestation d'Ali Anouzla – «un des plus importants journalistes du pays» - sous couvert de la loi anti-terroriste signe «un retour aux pratiques autocratiques» du régime marocain, à l'instar de ce qui s'est passé en Egypte suite au coup militaire contre le gouvernement élu des Frères musulmans égyptiens. Les monarchies arabes condamnées au changement «Les autorités marocaines savent très bien que M. Anouzla, qui a repoussé les limites du journalisme et de la libre expression depuis une décennie, n'est pas un ami d'Al Qaida», affirme le quotidien de Washington, selon qui la vidéo d'Aqmi n'est qu'un prétexte qui permet aux autorités «de le punir pour son travail critique et courageux sur le roi Mohammed VI». Le Washington Post explique que peut être, le roi estime ne plus être obligé de poursuivre l'ouverture politique annoncée en mars 2011, mais souligne que les monarchies arabes ne peuvent de toute façon éviter le changement. «Elles sont condamnées à moins d'achever la transition vers un gouvernement démocratique». «Cela signifie tolérer des journalistes revendicatifs comme M. Anouzla. Si le roi Mohammed VI souhaite préserver sa crédibilité en tant que réformateur, il donnera l'ordre de relâcher son détracteur», conclut le Washington Post. Le quotidien précise que ses éditoriaux représentent les opinions du Washington Post en tant qu'institution et sont débattus au sein d'un comité éditorial, auquel ne participent pas les journalistes.