Tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes* Je fais partie de ceux qui y avaient cru à ce changement au point d'être taxée de rouler pour le système ; d'avoir défendu avec ses failles cette Constitution ; d'avoir dit aux opposants du gouvernement islamiste que c'était de leur peur que j'avais peur... Je reconnais aujourd'hui ma naïveté et mes erreurs. Le même visage de l'injustice, du mépris, de l'arbitraire, de la lâcheté nous pourchasse... Comme chaque être humain qui se respecte, on ne peut qu'être indigné par la grâce d'un pédophile qui aurait poussé l ignominie jusqu'à porter plainte contre les familles des victimes. Seulement voilà, nous ne devrions pas dire « Non » ou demander des explications pour déterminer d'où vient la faille parce que nous ne sommes que des sujets, sans cerveaux, sans cœurs, sans dignité, bons à exécuter et avaler même des décisions innommables. Nous ne devrions pas prononcer le mot «royal » comme s'ils se seraient permis de lui dire en temps normal que cette grâce ne relevait pas de lui. Nous ne devrions pas exercer notre droit constitutionnel, de protester pacifiquement ; mais accepter ces coups de matraques qui pleuvent, ces visages en sang, cette fuite en avant. Pendant ce temps-là, les plumitifs-pseudo-défenseurs-de-la-nation continuent leur trahison en tentant de détourner le débat et d'avilir la juste indignation ; les partis politiques gardent un silence coupable préparant le retournement de veste pour tirer profit de la situation ; aucun des chouyouk gardiens de la morale à coup de carottes et de bâtons n'est sorti nous dire : « Inna hada mounkar » ; pendant que les nouvelles de la répression de la manif sont transcrites jusqu'aux journaux du Japon, les nôtres continuent leurs omissions et à manier une langue de bois qui fait honte à la profession ; les télés poursuivent leur fonction d'abrutissement des masses ; des membres de la société civile se nourrissant de la misère des petites gens ont révélé leur hideuse face... Non, ce n'est pas Candide qu'il convient de mettre en avant mais bien le verdict de Hu Shi: «Les plus pessimistes d'aujourd'hui ont été les plus optimistes d'autrefois. Ils poursuivaient de vaines illusions» (* en référence à ma chronique datant de 2011 : Et si Candide avait raison)