L'élection du président du Conseil français du culte musulman (CFCM), prévue ce dimanche, sera marquée de l'empreinte de l'éternelle rivalité entre le Maroc et l'Algérie. Mais cette fois, il n'est pas question de la prévalence de l'un ou de l'autre courant sur l'islam en France, mais plutôt des affinités de certains candidats avec les séparatistes du Polisario. Explications. C'est dans un climat tendu que les élections pour le renouvellement des instances du Conseil français du culte musulman (CFCM) se déroulent depuis le début du mois. La première partie du scrutin, qui s'est déroulée le 8 juin dernier, a permis de désigner les membres élus du Conseil d'administration (CA) de l'instance. Les membres dudit conseil (45 élus + 45 cooptés) sont appelés ce dimanche à désigner le président du CFCM. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF), proche du Maroc, dont est issu Mohammed Moussaoui le président sortant, a été le grand vainqueur du scrutin du 8 juin. La fédération a en effet remporté 25 des 45 sièges réservés aux élus du CA. Cependant, Moussaoui, élu en 2008 puis réélu en 2011, ne se présentera pas aux prochaines élections. En effet, en vertu d'un accord passé en février, le président du RMF aurait consenti à soutenir le candidat issu de la Grande Mosquée de Paris, proche d'Alger. Le but de l'accord était d'apaiser le climat interne au sein du CFCM, dont la GMP avait un temps décidé de se retirer. Moussaoui aurait donc assuré le soutien de ses délégués au candidat de la GMP, mais l'identité de ce dernier pourrait remettre en question l'entente passée entre les deux partis. Le quotidien La Croix révèle en effet que Dalil Boubker, recteur de la Grande mosquée de Paris et prédécesseur de Moussaoui, est le candidat favori de la GMP. Cependant, l'homme ne serait pas très populaire auprès des musulmans classes modestes. La GMP pourrait alors proposer Chems-Eddine Hafiz, bras droit de Boubker. Problème, la candidature de Hafiz ne sera pas soutenue par le RMF. En effet, l'avocat de 58 ans est un proche du Polisario. Il représentait les séparatistes sahraouis qui ont introduit un recours auprès de l'Union européenne pour faire annuler l'accord de pêche au mois de février. Il ne faut donc pas s'attendre à voir le clan de Moussaoui soutenir l'homme qui a contesté les intérêts de Rabat. Ce quiproquo va-t-il ouvrir un nouveau chapitre des querelles intestines au sein du CFCM? Réponse ce dimanche.