Le Doha Institute vient de publier un sondage réalisé auprès de la population de 14 pays de la région MENA (Afrique du nord/Moyen-orient) sur l'avenir des révolutions arabes et les différents systèmes politiques possibles. Le Doha Institute (Arab Center for Research and Politic Studies) vient de publier les résultats d'un sondage réalisé entre juillet 2012 et mars 2013. L'échantillon utilisé (21 250 personnes interrogées à travers des entretiens en face-à-face) est représentatif de la population des 14 pays couverts : Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Liban, Jordanie, Palestine, Koweit, Irak, Yémen, Arabie Saoudite. A noter que le Qatar ne fait pas partie de l'étude. C'est le deuxième grand sondage du genre réalisé par le Doha Institute dans le monde arabe après celui de 2011. Cette enquête annuelle est réalisée en vue de cerner les tendances de l'opinion publique arabe sur une variété de sujets : les droits économiques, sociaux et politiques, ainsi que les tendances de l'opinion publique envers les questions de la démocratie, de la participation politique et des droits civils. Les révolutions arabes perçues positivement Les résultats du dernier sondage ont montré une évaluation positive des révolutions arabes par la majorité (61%) de l'opinion publique arabe, contre 22% qui ont exprimé une appréciation négative. Ceux qui évaluent négativement les révolutions ont jugé que ces dernières n'ont pas atteint leurs objectifs, ont créé des polarisations politiques aigues, en plus des mauvaises conditions économiques et du nombre élevé de pertes humaines. Néanmoins, ceux qui ont exprimé une appréciation absolument négative ne dépassent pas 3%, il s'agit de ceux qui considèrent que le printemps arabe est un complot américano-islamiste. Par ailleurs, l'opinion publique arabe soutient la révolution syrienne. Ainsi, 77% souhaitent le départ de Bachar al-Assad, contre 13% opposés à son départ. De même, 66% des sondés pensent que le changement de régime syrien demeure la meilleure solution à la crise, alors que 10% préfèrent un processus politique pacifique et 3% sont pour l'écrasement de la révolution. Dans l'ensemble, la majorité de la population croit que les révolutions ont réussi ou réussiront à court et moyen terme à garantir les libertés publiques, les droits de l'homme, et à respecter la liberté d'expression, la liberté d'association, et de jeter les fondements de la démocratie et du développement économique. A l'inverse,12% des sondés pensent que ces objectifs ne seront pas atteints. Gouvernement et religion Sur un autre registre, 36% des sondés expriment des inquiétudes vis-à-vis des mouvements islamistes. Ces préoccupations concernent surtout le non-respect par les mouvements islamistes du principe d'alternance au pouvoir, l'utilisation de la religion pour imposer des restrictions sur les libertés personnelles et culturelles et créatives, ou de s'arroger le monopole de l'interprétation de la religion, ou qu'ils favorisent les plus pratiquants. D'ailleurs 70% des sondés estiment qu'un gouvernement (et son opposition) ne doivent pas utiliser la religion pour obtenir l'adhésion du peuple à leur politique. Quel système politique ? Interrogés sur le système démocratique pluraliste, 68% des sondés estiment que c'est le meilleur des systèmes. 18% sont contre et 14% ne se prononcent pas. Les sondeurs ont ensuite proposé aux interviewés différents types de systèmes politiques en leur demandant pour chacun s'ils y sont favorables ou pas. Les résultats ne sont pas détaillés par pays d'origine. Il aurait pourtant été intéressant de voir les réponses des sondés marocains concernant le régime n°3, qui correspond peu ou prou au système actuellement en vigueur au Maroc... Etes-vous pour ou contre ces différents types de systèmes politiques ?