Depuis quelques mois, le patronat agricole se plaint, via la presse, de « grèves sauvages » des ouvriers du secteur qui sont, selon les patrons, « source de sabotage de la production nationale ». Zoom sur ces syndicats et leurs revendications. Le torchon brûle depuis quelques mois entre patrons et ouvriers du secteur agricole. Et pour cause, une vague de grèves organisées par les syndicats. Un mouvement social qui n'a, selon les patrons, aucune justification. La presse économique parle de grèves sauvages et de sabotage de la production et, pire, de manipulation. Un quotidien est même allé jusqu'à condamner des ouvriers grévistes d'avoir poussé un investisseur étranger au suicide. Sous l'égide de l'APEFEL (Association professionnelle des producteurs et exportateurs des fruits et légumes), plusieurs réunions ont eu lieu depuis décembre dernier et ont rassemblé les investisseurs agricoles, producteurs et exportateurs. Selon un communiqué des patrons, l'investissement agricole souffre, d'incompatibilité avec le code du travail , des pressions de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), les impôts indirects, l'absence de formation du personnel et enfin, la fin de l'exonération fiscale du secteur qui se profile à l'horizon. Les professionnels comptent, par ailleurs, faire pression sur les responsables pour maîtriser, voire réduire leurs coûts sur ces bases-là, en plus de mener des campagnes de lobbying pour le retardement de l'abolition de l'exonération fiscale de l'activité agricole. Les mouvements de grève, coïncidant avec la campagne de pression menée par le patronat, tombait visiblement mal. En décembre 2012, la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA), syndicat agricole le plus représentatif dans la région du Souss, a lancé une campagne nationale pour l'abolition de la discrimination dans les revenus des ouvrières et ouvriers agricoles. En effet, au Maroc, le salaire minimum agricole (SMAG) est inférieur de 40 % au SMIG, pratiqué dans l'industrie et les services. Selon Mohamed Hakech, secrétaire générale de la FNSA, « la campagne consistait en des grèves, des manifestations et sit-in auxquels ont participé des milliers de travailleurs agricoles. Car 2012, qui touchait à sa fin, était l'année ou le gouvernement comptait déclencher le processus de réduction de l'écart entre les revenus des ouvriers agricoles et ceux du reste des secteurs, mais qui n'a entamé aucun chantier à ce propos ». En plus des revenus discriminatoires, le syndicat relève un certain nombre d'engagements non-respectés de la part des patrons du secteur, notamment ceux les plus élémentaires et contenus dans le code du travail, comme l'établissement de contrats de travail, la remise d'attestations de salaire, la santé du travail ou encore un transport décent assuré aux travailleurs (voir ci-bas le documentaire de la vidéaste Souad Guennoun sur l'agro-business dans le Souss). Le FNSA, affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT) s'indigne également de la non-inscription des travailleurs à la CNSS, malgré que les patrons retranchent les cotisations salariales et la fin des retards dans le versement des salaires . De plus, la plupart des cas de fermeture de plantation pour cause de faillite ne se font pas selon la loi, selon le même syndicat.