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L'anomie démocratique au Maroc
Publié dans Lakome le 02 - 03 - 2011

« La destruction de la liberté politique et la séparation des classes ont causé presque toutes les maladies dont l'ancien régime est mort"
Alexis de Tocqueville. L'ancien régime et la révolution
Qu'est ce que la démocratie ?
Stricto sensu : pouvoir exercé par le peuple
Selon A. De Tocqueville, le terme de la démocratie désigne communément un système politique, c'est-à-dire un mode d'organisation de pouvoir dont résulte un type de la société.
Si la démocratie est marquée par l'existence d'institutions spécifiques, elle n'est possible qu'accompagnée d'un certain « esprit », d'un idéal de vie en société.
La démocratie reconnait l'égalité sociale de chaque citoyen indépendamment de son origine sociale. Aucun privilège ne peut donc plus être transmis par hérédité, aucune fonction sociale ne peut plus être réservée à une élite sociale. L'idéal démocratique supprime la transmission héréditaire des privilèges. L'appartenance à un ordre ou à une classe n'est pas en principe une propriété qui distingue les individus.
La démocratie offre ainsi la possibilité à chaque citoyen de s'élever socialement quelque soit son origine. D'un point de vue sociologique, cela signifie que la démocratie permet une plus grande mobilité sociale. L'égalité des conditions est le socle de la vie démocratique.
De la démocratie au Maroc !
Politiquement, que peut on dire des institutions Marocaines qui règlent et entretiennent l'esprit démocratique ?
Au Maroc la souveraineté est strictement réservée à la famille royale sur l'ordre de l'hérédité et non au peuple ! Pratiquement, les citoyens ne sont pas égaux puisqu'ils ne participent pas ensembles aux décisions !! non plus à la composition des lois par le choix des législateurs et à la vigilance lors des applications des lois par l'élection des agents du pouvoir exécutif (chiffres du taux de la participation aux élections législatives 2007 : 33% et communales 34%)
Tant que l'administration Marocaine est origine de gouvernance, on ne peut dire que le peuple participe à la vie politique, c'est donc le vice-versa de la démocratie, le peuple n'a qu'une part restreinte et faible de la gouvernance et c'est lui qui obéit à la puissance de l'administration, En citant le droit à la liberté d'expression réprimandé par le pouvoir, et l'interdiction quasi totale de l'accès à l'information : c'est donc l'administration qui règne sur le monde politique comme dieu règne sur le monde : Dieu, patrie et roi mais où est donc le peuple ?
La révolution Marocaine : rupture ou conséquence
Dans chaque révolution résident deux fondements : historique et sociale, aussi bien qu'elle s'avère comme une rupture avec un ancien régime porteur des causes de cette révolution même, toutefois elle ne peut être déclenchée spontanément : elle est conséquence des changements politiques, économiques et sociaux depuis plus de 12 siècles du règne de la monarchie au Maroc.
Aussi soit-elle puissante, destructive et créatrice, la révolution Marocaine ne produira pas un peuple entièrement nouveau, par contre elle sera régulatrice, coordonatrice et légalisatrice des effets d'une grande cause qu'est la légitimité du pouvoir politique entre gouverneurs et gouvernés
Gouvernance : domination économique
La révolution au Maroc aura pour tache de régulariser les liens du pouvoir politique à la domination économique, tout en créant une passerelle légitime et démocratiquement instaurée, elle sera appelée à revendiquer progressivement des droits au même titre que la classe dominante économiquement, cette dernière dépourvu de son enfermement dans les privilèges, ne sera jamais condamnée à se tenir à l'écart de la société, et forcément ne produisant plus de nouvelles formes d'inégalités en favorisant certains individus au détriment de certains autres .
C'est l'importance croissante du pouvoir économique d'un tiers-état qui contredira progressivement la domination politique, puisqu'il mettra fin aux privilèges qui n'ont plus aucune légitimité, citant les liens de parenté et de lignage ( les Bennani, Fassi, Alaoui…, cousins royaux, semi-progéniture royale et cour ) avec la famille royale, aussi bien que les rapports du clientélisme politique, économique, culturel, régie militaire et garde royale.. etc., et toutes les élites conséquents d'un régime absolutiste qui a pour fondement de diviser pour mieux régner, au profit d'une égalité des chances chez tous les citoyens Marocains
La monarchie Marocaine doit se retenir de procéder à des réformettes, de l'ordre de changer le 1er ministre, offrir des postes aux jeunes chômeurs dans les brefs délais…etc, sans prendre en compte ce qui se révèle en cette période de haute tension populaire et promptitude de revendications des droits politiques et sociaux au long de la région Arabe et Nord-africaine.
La monarchie Marocaine a tout l'intérêt, pour subsister, à rompre toutes les barrières sociales entre économie, politique et le peuple à fin de faire triompher la reconnaissance de l'égalité politique entre tous les citoyens.
Les réformes ne feront que précipiter la révolution, et comme disait A. de Tocqueville, le régime, animé par l'esprit des réformes qui révèlent une volonté d'accompagner le changement, ne fait que fournir à la révolution plusieurs de ces formes, celle-ci n'y joint que l'atrocité de son génie.


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