Selon le quotidien américain, l'Algerie a utilisé le groupe islamiste Ansar Dine pour contrer l'influence des indépendantistes Touaregs au nord Mali mais cette stratégie se serait finalement retournée contre Alger. L'enquête publiée aujourd'hui par le New York Times revient sur les liens tissés entre les services algériens et le groupe islamiste Ansar Dine, un des mouvements qui a pris le contrôle du nord Mali l'année dernière. Selon le quotidien américain, les autorités algériennes ont soutenu et utilisé le leader d'Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, afin de faire contre-poids aux indépendantistes touaregs de la région (MLNA), renforcés depuis la chute de Kaddafi en Libye. Un dangereux jeu d'alliances qui devait permettre à Alger de maintenir sa domination sur la région du Sahel tout en repoussant les menaces hors de ses frontières. Un représentant d'Ansar Dine, Mohamed Ag Aharib, rencontré par les journalistes du New York Times, était ainsi logé dans un luxueux hôtel d'Alger par les autorités algériennes qui ont par ailleurs fermé les yeux sur les incursions du groupe islamiste sur le territoire algérien pour se procurer véhicules et carburant. Mais le plan de l'Algérie s'est retourné contre elle début janvier quand Iyad Ag Ghali, faisant faux bond à ses parrains, a décidé de lancer ses hommes aux côtés d'Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) dans une offensive plus au sud du Mali. A partir de là, les événements se sont enchaînés selon le New York Times : c'est cette offensive des djihadistes qui a poussé l'armée française à intervenir au Mali, provoquant la fureur des islamistes qui, en retour, ont lancé l'opération d'In Anemas en Algérie, soldée par la mort de plus d'une trentaine d'otages. L'épisode d'In Amenas et l'intervention militaire française ont provoqué une scission d'Ansar Dine : le représentant du mouvement à Alger, Mohamed Ag Aharib, et d'autres militants qui se présentent comme des « modérés » ont annoncé la semaine dernière leur volonté de rompre avec le groupe et de s'asseoir à la table des négociations. Le leader d'Ansar Dine, lui, est actuellement en fuite dans le désert, recherché par les forces françaises et l'armée malienne.