Une centaine d'organisations marocaines se rendra à Tunis début 2013 pour le Forum social mondial (FSM 2013), dont le mot d'ordre est « Al Karama », « Dignité », clin d'œil au slogan le plus populaire des révoltes arabes en cours depuis 2011. L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), l'Association de lutte contre le sida (ALCS), ATTAC Maroc, l'Organisation démocratique du travail (ODT) ou encore Transparency Maroc, pour citer les plus imposantes, seront de la partie, ainsi que de plus modestes structures, militant pour le développement durable ou l'égalité entre les sexes, et même des associations locales implantées dans de petites villes où la société civile est particulièrement active comme à Jerada, Zagora ou Tinghir. A noter aussi, une présence importante de collectifs informels de migrants subsahariens. C'est la première fois, depuis la création du Forum social mondial, il y a douze ans, que l'avènement se tiendra au Maghreb. Le comité organisateur est largement composé cette année d'organisations tunisiennes ayant pris part au soulèvement de 2011 et continuant aujourd'hui à œuvrer à la fondation d'une Tunisie plus juste et démocratique. Pour le Maghreb, en plus de la présence marocaine et, forcément, tunisienne, une quinzaine de structures algériennes sont aussi attendues, en plus de quelques organisations libyennes et mauritaniennes. Les migrations, l'annulation de la dette, les différents processus de justice transitionnelle, l'environnement et les questions de genre sont des problématiques partagées par les associations maghrébines et le FSM 2013 sera le cadre idéal pour échanger autour de ces questions. Pour le moment, aucun rendez-vous n'a encore été fixé pour les organisations marocaines, mais l'on sait néanmoins qu'un large débat est prévu par ces dernières concernant la torture et les mauvais traitements. Les organisateurs du FSM 2013 espèrent que les organisations nord-africaines sauront, cette année, éviter de se chiffonner à propos de la question du Sahara. Il est déjà arrivé, par le passé, que lors de rendez-vous internationaux de ce genre, de sérieuses disputes, voir même des bagarres éclatent entre tenants du Sahara marocain et groupes pro- indépendantistes. En février 2011, notamment, à Dakar, une conférence à propos des violations des droits de l'homme au Sahara, tenue durant le FSM par des organisations favorables à l'indépendance du territoire, avait dégénéré en bataille rangée opposant des militants de gauche marocains et des structures sahraouies.