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Interview exclusive de Maân Bachour, S.G. du Congrès nationaliste arabe : «Le Sahara fait partie du Maroc et nous ne soutiendrons aucun projet de séparation»
Maân Bachour, à la tête du Congrès nationaliste arabe depuis trois ans, est le pur produit du mouvement nationaliste arabe. Il a mené, depuis quarante ans, ses batailles, défendu les causes de la nation arabe du Mashrek au Maghreb. Plus il vieillit, plus il s'engage. La Gazette du maroc l'a rencontré à Casablanca, samedi 6 mai, où il a participé à la 17ème édition du Congrès nationaliste arabe aux côtés d'environ 300 participants, venus du monde arabe et d'ailleurs. La Gazette du Maroc : Quels sont les principaux sujets qui ont été discutés lors de ce « 17ème congrès nationaliste arabe » qui s'est tenu à Casablanca ? Maân Bachour : Les points essentiels qui sont discutés sont les mêmes qui sont dressés à l'ordre du jour du monde arabe, à savoir, d'abord, la cause palestinienne, notamment le boycott en cours et les pressions exercées sur la population dans les territoires occupés après les dernières élections législatives ; deuxième sujet, l'occupation de l'Irak et les dangers qui en résultent, menaçant l'unité du pays et son arabité. Pour ce qui est du troisième point, il s'agit de la situation explosive au Soudan où un plan de partition vise le pays à travers une éventuelle ingérence étrangère prenant pour alibi la crise du Darfour. Les congressistes devraient également aborder la question posée autour des principes démocratiques dans ce pays. Y-a-t-il eu d'autres sujets importants, voire brûlants à l'ordre du jour de cette rencontre casablancaise ? Oui, il y a eu d'autres points considérés comme essentiels, plus particulièrement, le problème libano-syrien qui ne cesse de s'envenimer depuis le retrait des forces syriennes, il y a un peu plus d'un an. Le congrès s'oriente vers la prise de position soutenant la résistance libanaise contre Israël. Ce dernier occupant toujours une partie du pays du cèdre, les fermes de Chabaâ. Il trouve, d'autre part, une nécessité dans le développement des relations entre la Syrie et le Liban sur des bases saines de fraternité, de bon voisinage et de coopération. De ce fait, il est indispensable de réviser l'ancienne expérience sous un aspect positif. Qu'en est-il de l'Iran ? Le rôle iranien dans la région et la nuance entre le soutien de la République islamique face aux pressions occidentales et israéliennes ainsi que l'appui de sa position aidant les Palestiniens et la résistance libanaise est aussi un sujet auquel le congrès accorde une importance significative. Mais, en même temps, il faut attirer l'attention sur la politique iranienne en Irak. Celle-ci suscite la méfiance, du fait qu'elle épaule certaines forces confessionnelles qui jouent le jeu de la partition. Encore un point de discussion qui est lié au «développement indépendant». Celui-ci devra rester loin de toute main-mise étrangère. En d'autres termes, sauvegarder les ressources et les richesses arabes au-delà du contrôle et le pillage des étrangers. Les relations inter-arabes, celles de l'environnement non arabe, turc et iranien au Moyen-Orient, ainsi qu'avec le reste du monde, font l'objet de discussions approfondies. Avez-vous, peut-être, discuté d'autres sujets au sein des comités spécialisés ? Effectivement, j'aimerai rappeler qu'il y a une constante dans tous les congrès tenus jusqu'à présent. Il s'agit de la relation entre l'Etat et la société. Plus précisément les questions de réformes, la démocratie et les droits de l'Homme. Nous avons remarqué la participation de personnalités de toutes tendances à ce congrès. Comment expliquez-vous cela ? C'est là la force du congrès. La présence, dans la même salle, des représentants du Hamas, du Fath et d'autres organisations palestiniennes le prouve. Les débats qui se sont déroulés ce matin (samedi 6 mai) autour du sujet iranien, sous son aspect irakien, montrent à quel point les membres de ce congrès respectent l'avis des autres. Le congrès nationaliste arabe a-t-il l'intention de jouer un rôle de médiation dans les tiraillements actuels inter-palestiniens ? Cela va de soi. De plus, il y a une détermination de la part de tous les membres pour faire de ce congrès une des parties œuvrant pour l'unité du front palestinien et l'aider à faire face aux défis auxquels il est confronté pour lancer une campagne populaire dans tous les pays arabes sans exception afin de soutenir le peuple palestinien aussi bien politiquement, moralement que financièrement. Notre rôle est populaire. Il consiste à sensibiliser les masses. Quant aux Etats, ils savent ce qu'ils doivent faire. Et pour ce qui est de la question du Sahara et les visions séparatistes du Polisario, quelle est la position du congrès ? Bien que ce problème soit sensible et délicat du fait des principes du congrès dont le premier objectif est la réalisation de l'unité arabe, nous n'acceptons jamais la création de nouveaux mini-Etats dans le monde arabe. Je l'avais déjà dit par le passé, le séparatisme n'est pas une solution. Et je l'ai encore répété lors de ma conférence de presse au cours de l'inauguration du Congrès, vendredi dernier à Casablanca, il faut faire attention aux projets séparatistes, à l'instar de celui qu'on essaye, en vain, depuis des années, de réaliser dans le Sahara. Le Sahara fait partie du Maroc et nous ne soutiendrons aucun projet de séparation. Nous estimons que le projet colonial conçu pour la région, est encore vivant. Il vise la création de mini-Etats non seulement au Maghreb mais aussi au Mashrek. En revanche, le congrès voit qu'il y a une urgence pour trouver une solution. Le Maroc et l'Algérie sont, en fin de compte, des Etats importants dans le monde arabe. Lorsqu'on parle du Sahara, on évoque le Maroc d'aujourd'hui, comment voyez-vous le Maroc ? Nous suivons avec beaucoup d'intérêt la transition démocratique au Maroc. Nous appelons à ce qu'il soit un exemple à suivre dans le monde arabe. Je rappelle, à cet égard, les manifestations et les cérémonies organisées en toute liberté par les formations politiques, par les syndicats et la société civile dans plusieurs circonstances. Ce qui avait constitué un soutien important aux causes de résistance dans le monde arabe. Cet exemple marocain devra être suivi par les présidents et les rois arabes qui ne doivent jamais oublier les positions de feu le roi Mohamed V qui a refusé de garder le trône contre les conditions posées par l'occupant du monde arabe. Ils sont capables, à travers leur entente, de créer une nouvelle donne non seulement sur le plan maghrébin mais également sur le plan du monde arabe. Pour terminer là-dessus, la solution du problème du Sahara ne peut se faire que dans le cadre du territoire marocain et dans le cadre de l'unité du Maghreb. Quel est, d'après vous, le sujet le plus préoccupant, aujourd'hui, dans le monde arabe auquel le congrès devra accorder une importance particulière ? C'est, sans doute, l'Irak. Nous ressentons une grande responsabilité envers ce grand pays arabe qu'on essaye de démanteler après l'avoir occupé. Nous soutenons, sans aucune réserve, la mobilisation populaire soutenant la résistance. Ce qui s'est passé, aujourd'hui, à Bassoura contre les forces britanniques prouve que tous les Irakiens arabes sont contre l'occupant. Le congrès c'est le reflet de cette mobilisation. Il y a, aujourd'hui à Casablanca, Ayatollah al-Baghdadi, le Chiite, et Nareth al-Dari, le président du Conseil des oulémas musulmans, aux côtés des baasistes, des communistes et des nassériens. Quelles sont précisément les questions de développement discutées au Congrès de Casablanca ? C'est l'évaluation du progrès réalisé par les Arabes ou la régression sur le plan du développement socio-économique. Nous tentons de traiter les sources de ce recul. Nous avons discuté l'accord du Quiz signé par le gouvernement égyptien et son homologue israélien et les intérêts qui en ont résulté. D'après l'étude que nous avons publiée dans le rapport «La situation de la nation», Hal al-Oumma, nous remarquons que les exportations égyptiennes vers les Etats-Unis ont régressé et n'ont réalisé aucun progrès. D'autre part, le congrès s'est longuement arrêté sur la situation de l'éducation et de la culture, surtout qu'il y a des plans mis en place visant la langue et la culture arabe. De ce fait, le congrès a créé un comité pour discuter ce sujet.