Ce que l'on craignait le plus tend à s'estomper. En effet, nos professionnels de la santé, contrairement à ce que l'on pensait, ont la fibre citoyenne. La première convention scellant les engagements réciproques entre l'ANAM, les organismes gestionnaires et les médecins biologistes, pharmaciens et vétérinaires, a été entérinée le jeudi 13 avril. La voie est désormais ouverte aux autres catégories de prestataires de soins. Au final des négociations serrées, parfois ardues, le jeune Directeur général de l'ANAM (Agence nationale pour l'assurance maladie) a réussi, grâce à sa ténacité, son arbitrage et ses facultés de persuasion, à mettre tout son beau monde d'accord pour que naisse, enfin, la première convention d'une série très attendue définissant les tarifs des actes des médecins biologistes. En attendant la deuxième partie du match, la plus dure avec les récalcitrants médecins généralistes et spécialistes, propriétaires de cliniques et chirurgiens-dentistes, qui pour l'instant, tarde à aboutir à un consensus acceptable par toutes les parties prenantes. -Si Chakib, vous venez de réussir aujourd'hui votre premier exercice de régulation indépendante et impartiale. - Tout à fait, car nous y avons mis le temps, l'art et la manière. Beaucoup de patience et une médiation « gagnante-gagnante » ont fini par faire triompher l'unanimité des acteurs professionnels de soins et gestionnaires des organismes de prévoyance sociale. - Et que peut-on espérer des médecins, cliniciens et chirurgiens-dentistes qui sont toujours aussi durs d'oreille ? - Vous savez, nous n'avons pas le choix. Nous sommes tous condamnés à signer cette convention dans les meilleurs délais. Sinon, ce serait très grave pour nous tous car il y va de l'intérêt national. Le projet AMO n'appartient à aucun d'entre nous, mais à la société marocaine toute entière. Et pour ces raisons, je suis fort optimiste. En tout cas, la présence du Médecin Général le professeur Moulay Driss Archane était rassurante, lui qui, en sa qualité de président de l'Ordre national des médecins, n'avait de cesse de sensibiliser ses collègues pour faire triompher un projet qui, visiblement, lui tient tant à cœur. « Je ne peux tolérer que l'on dise un jour que j'ai été le président d'un Ordre des médecins qui aura fait capoter l'AMO. Il n'en est pas question. Nous ne pouvons plus tolérer que des citoyens ne puissent pas avoir accès à des conditions humaines de soins ou que d'autres continuent de mourir dans des conditions humiliantes». Concrètement, la convention signée la semaine dernière, impliquant l'Etat à travers son Agence de régulation, la CNOPS et la CNSS en tant qu'organismes sociaux gestionnaires de l'AMO et les professionnels représentés au sein des Conseils nationaux des Ordres des médecins, des pharmaciens, des pharmaciens biologistes, des vétérinaires et la Chambre syndicale des biologistes, «s'applique d'office à l'ensemble des praticiens du secteur libéral du moment que l'assuré relève du régime de l'AMO», précisent les partenaires signataires. Leur accord est tombé sur la fixation d'un tarif national de référence pour les actes de biologie médicale arrêté à 1,10 DH pour la valeur clé B conformément à la nomenclature des actes en vigueur. Cette disposition annule, de facto, toutes les conventions antécédentes conclues, da manière exclusive, entre professionnels et la CNOPS ou la CNSS en matière de prestation de biologie médicale. Les autres termes de la convention intéressent les outils de régulation à mettre en place, la garantie du libre choix du prestataire par l'assuré, la facturation des honoraires, la qualité des actes de biologie dispensés et, en dernier lieu, la concertation et le suivi de la mise en œuvre de ladite convention. Les témoignages fusaient dans l'enthousiasme de marquer un moment historique autorisant la transformation imminente du « rêve » en réalité de tous les jours au bénéfice de tous les citoyens. C'est ce qu'a souligné le Dr Mohamed Laghdef Rhaouti, président de l'Ordre national des pharmaciens, qui a assuré que « nous avons fait fi de nos intérêts personnels pour que devienne tangible le projet de 30 millions de Marocains dont le rêve devient ainsi réalité ». En conclusion de la rencontre, Chakib Tazi a attiré l'attention sur le constat que la «partie continue pour traquer sans relâche la pauvreté, la malnutrition et la mauvaise santé partout dans le Royaume, pour que prenne corps l'Assurance maladie obligatoire de base au service de tous les citoyens sans exclusive». En écho, le patron de la CNSS, Saïd Ahmidouch, a fait part de la disposition de son organisme et de ses équipes à « s'investir à fond pour que la qualité des prestations de santé soit au niveau souhaité ».