Alors que les pétroliers poussaient un ouf de soulagement en novembre 2005 du fait des promesses de l'Etat d'apurer les arriérés avant fin mars 2006, une mauvaise surprise semble les attendre. Le solde ne sera peut-être apuré que dans quatre mois. Concernant le dossier de la Caisse de compensation, il convient de rappeler que les combustibles liquides figurent tous sur la liste des produits subventionnés. Les sociétés de distribution les commercialisent à des prix inférieurs aux coûts de revient et perçoivent une subvention par le débit de la Caisse de compensation. Le problème c'est que l'Etat a été un mauvais payeur jusqu'en novembre 2005. En effet, à cette date, la Caisse devait aux distributeurs quelque 8 milliards de dirhams. Il a fallu d'incessantes réunions avant d'arriver à un accord afin de sortir de l'impasse. La convention en question prévoyait le versement d'un milliard de dirhams par mois pour l'apurement de cette lourdre ardoise. Au niveau de la Caisse de compensation, on affirme que l'Etat s'est tenu à cette convention. Alors que du côté des pétroliers, on affirme que la promesse de l'Etat était plutôt de tout régler avant fin mars 2006. donc apparemment, il y a eu des malentendus ou des malentendants. Quoi qu'il en soit, les versions ne sont pas les mêmes. "Malgré les excellentes ressources fiscales engrangées en 2005 et début 2006, les sociétés n'ont pas encore de visibilité", s'indigne Moulay Abdallah Alaoui, président de la Fédération de l'énergie. On ne saurait que lui donner raison, dans la mesure où lors des dernières séances d'adjudication des bons du Trésor, ce dernier n'a pas caché la situation fort confortable dans laquelle il se trouve. En effet, "sur un montant total proposé de 7,1 milliards de dirhams, l'argentier de l'Etat n'a retenu que 50 millions, le mardi 14 mars 2006", comme le soulignent les analystes de BMCE Capital. En tout cas, Moulay Abdallah Alaoui, estime que "l'Etat veut visiblement reporter ses charges d'intérêts sur le secteur privé", sans quoi il accepterait de lever des fonds pour solder le compte de la Caisse de compensation vis-à-vis des distributeurs, plutôt que de le faire traîner. "Le privé, explique le président de la Fédération de l'Energie, a supporté en 2005 plus de 250 millions de dirhams d'intérêts sur les crédits de trésorerie". Car, faut-il le rappeler, les retards de la subvention, créent un important besoin en fonds de roulement financé par crédit bancaire. Il s'agit là d'une perte financière énorme pour les entreprises de distribution, puisque leur résultat net de l'ensemble du secteur n'est que de 250 millions de dirhams. Toujours selon Moulay Abdallah Alaoui, l'Etat est en train d'hypothéquer les investissements que doit consentir le secteur et de pousser les capitaux privés à se détourner des hydrocarbures. En tout cas, c'est en tapant du pied qu'il insiste sur la nécessité pour l'Etat de respecter l'échéancier établi en novembre 2005. C'est-à-dire que, d'une part, les pouvoirs publics doivent procéder au remboursement mensuel de la totalité du crédit de manière à ne plus enregistrer de retard. D'autre part, ils doivent régler le solde avant le 31 mars comme ils s'étaient engagés à le faire.