Organisation En dépit des efforts fournis par les autorités publiques, plusieurs citoyens ne sont pas satisfaits. Comme le parfait n'existe pas, certaines indignations trouvent aisément leur justification. “ Aaaaa sidi, ouach ghadi nbatou hna ?” lance un citoyen irrité. Il était parmi les premiers arrivés, mais il n'est toujours pas servi. Hassan, appelons-le ainsi, est, disons, “LE CAS SPECIAL de la journée ”. C'est la troisième fois qu'il change de file d'attente et pour cause : “ ce n'est pas la bonne file” . Mais lui, il ne s'en rend compte qu'une fois arrivé en face de l'agent , après être resté une demi-heure à attendre son tour. La cause de cette perte de temps: l'absence de signalisation. Au fait, des indications existent, mais c'est des petites pancartes déposées devant le guichet et qui ne sont visibles que lorsque le citoyen est en face de l'agent . Ajouté à cela : 60 % des Marocains sont analphabètes ( c'est d'ailleurs la catégorie visée par cette campagne de sensibilisation), ce qui rend l'utilisation des signalisations écrites, complètement inutile. “ Qu'est-ce que ça leur aurait coûté de mettre un agent pour accueillir et renseigner le public, on n'est tout de même pas du bétail” nous a déclaré Hassan, loin d'être un cas isolé puisqu'un autre nous a avoué :“ l'idéal aurait été de mettre en place le même système que celui de la Lydec.Une personne pour nous montrer sur quel bouton appuyer pour recevoir le ticket, et un écran pour nous indiquer notre tour ”. Mine de rien, ce citoyen semble avoir trouvé la solution qui d'une part, permettra à la police de franchir un pas vers la modernité et d'autre part, de résoudre l'ensemble des problèmes relatifs à l'accueil. Reste à savoir à quel prix ? Il est clair que dans certains services de l'identité judiciaire, l'accueil et l'organisation laissent chroniquement à désirer. Ajouté à cela le manque d'aération durant les journées à forte affluence. Je vous laisse imaginer le topo. “ Il y a eu un cas, ce matin, où une dame assez âgée s'est sentie mal à l'aise, sans doute à cause des odeurs.On a essayé de l'aider en lui apportant de l'eau . Si la tendance va en s'accroissant, ils (les autorités) devraient mettre un système d'aération, sinon, ça deviendra insoutenable”, se plaint une jeune citoyenne visiblement stressée par l'attente et par les odeurs... Pire encore, les agents n'étant pas là pour gérer les files d'attente, ces dernières prennent des dimensions dignes des attroupements autour des accidents de circulation. “ Il est clair que les Marocains ne sont pas habitués à faire la queue, mais ce n'est pas une raison pour les laisser agir à leur guise. Je pense qu'il faudrait tracer des couloirs et de sévir à chaque fois que quelqu'un sort des rangs ”. La proposition est quelque peu sévère, mais aux agents de trouver une solution qui puisse les arranger tout en veillant au confort des citoyens les plus disciplinés. Ne parlons pas de ceux qui ne prennent pas la peine de faire la queue comme tout le monde, et se présentent illico presto au guichet. De quoi vous enrager ! Heureusement que, de temps à autre, un agent désespéré intervient en “gueulant” pour remettre de l'ordre . D'ailleurs, ces agents là, ils “gueulent” tout le temps. Mis à part quelques exceptions, maîtrisant sans doute les techniques du yoga, les autres, après un mois et demi de campagne, ont baissé les bras face au défi qu'ils avaient à relever : sourire figé durant toute la journée. Un comportement que Saïd, qui a résolu son problème en 35 minutes chrono, commente par “ Lah ykoune fi ôunhoum ”. Des citoyens comme lui, qui ne passent guère plus de trois quarts d'heure à attendre, il y en a beaucoup. A la source de leur célérité : “ j'ai pris le temps de me renseigner avant de faire la queue et je me suis présenté avec tous mes documents”. Un homme averti en vaut deux. A bon entendeur, salut.